TEXTE INEDIT – sur le site www.berenboom.com
Le président Sarkozy s’en va flotter trois jours à Malte et la France est dans la tempête. C’est son hôte, V. Bolloré qui dérange et qui donne l’occasion aux amis de Ségolène Royal de canonner. Eux qui ont manqué si cruellement ces dernières semaines de thèmes de campagne en ont enfin trouvé un !
Pourtant, les dirigeants socialistes ne sont pas les derniers à lorgner côté caviar. Blair fréquentait les îles de rêve de quelques amis fortunés et G. Schröder continue d’émarger au budget de Gazprom, le géant russe de l’énergie. Sans rappeler quelques mauvaises fréquentations de l’empereur de gauche, François Mitterrand. Le pouvoir politique et le pouvoir de l’argent, ça ne s’affiche pas bras dessus bras dessous.
Quelle hypocrisie tout de même ! Les dîners en ville ou les week-end champêtres offrent autant de possibilités d’échanges pas très catholiques que les voyages de luxe. Le grand patron de la F1, avant tout grand cigarettier, qui était devenu le meilleur ami de Blair s’en frotte encore les mains. Remords ou contrition, l’ex premier ministre anglais a ensuite beaucoup investi dans les services de santé…
Les réactions et les critiques à ces flirts de vacances ne viennent-ils pas de politiciens déçus ? Madame Royal a autant mérité de se reposer que monsieur Nicolas mais avec les amis qui lui restent, elle peut difficilement espérer une autre destination que La Panne ou Palavas-les-Flots.
Les Français ne devraient pas se plaindre. Si leur nouveau président est accueilli dans le luxe et la volupté, c’est parce que le pays compte encore quelques industriels fortunés qui aiment célébrer le suffrage universel. En Belgique, vers qui pourrait se tourner le vainqueur des élections ? Nos banques, nos compagnies d’assurances, nos entreprises sidérurgiques et d’énergie, nos grands magasins, notre industrie alimentaire, même nos éditions de bandes dessinées, tous les joyaux de l’économie belge ont été vendus à des groupes multinationaux. Et on voit mal monsieur Mittal offrir au bourgmestre de Liège un week-end à Goa. Ce qui explique pourquoi les pauvres députés socialistes wallons devaient aller chercher dans la poche des habitants sociaux de quoi s’offrir quelques jours de chasse en Ukraine et que le séjour à Cuba de fonctionnaires et de politiciens de la communauté française se paye sur le budget du CGRI. Avec un peu d’imagination pourtant, nos hommes politiques devraient s’en sortir. Didier Reynders par exemple qui s’est dévoué pour les PME peut espérer un paquet de frites place Jourdan. Ce n’est pas Malte mais de Liège à Bruxelles, le voyage est parfois encore plus dépaysant.
Alain Berenboom