Tout fout le camp !

chronique
Justine Henin, après Kim Clijsters, part vivre sa vie au lieu de faire vibrer la nôtre. Bush, bientôt, nous abandonnera à notre triste destin sans avoir rangé la salle de jeux qu’il laisse dans un état pas possible. Et Prodi, confie le plus beau pays du monde à une équipe démente, un demi-clown et un demi-fou.
Il y a aussi ceux qui partent sans partir et qui ne sont tout de même plus tout à fait là : Poutine ou Tony Blair, des fantômes dont l’ombre est si puissante qu’elle paralyse leurs successeurs. Ou Ariel Sharon qui vient de fêter les soixante ans de l’état juif en errant entre le paradis rêvé et la réalité de l’enfer.
Les pays aussi foutent le camp : le Liban s’en va en morceaux, le Tibet fait trembler la Chine, la Yougoslavie ne se remet pas de se diviser. En attendant les secousses de l’Ecosse.
Et la Belgique, ô mère chérie, où fout-elle le camp ? Au nord, toute ?
Dans le grand remue-méninge sur l’avenir de son avenir, épinglons cette semaine cette idée d’un député hollandais : que les Pays-Bas absorbent la Flandre. Juste comme le faisaient jadis nos premiers ministres du premier hareng de la saison.
Pourquoi pas, après tout ? Le roi deviendrait reine de Hollande. Nos moules se déguiseraient en huîtres de Zélande. Et le plattekeis devrait s’endurcir pour rivaliser avec le gouda. Un fromage blanc avec une épaisse croûte rouge ? Tout fout le camp ! vous dis-je.
Seule la compagnie du Zoute applaudit le projet qui comble ses rêves les plus fous : bétonner tout le littoral de Knokke à Groningue.
Mais l’exercice s’arrête là : on ne voit pas comment transformer notre sublime élixir national, la gueuze, en ce liquide en canette qui porte le triste nom de monsieur Heineken. Et qui peut imaginer Tommeke, Tommeke, notre Tom Boonen national, en champion de Hollande ? Comme si Merckx à l’époque avait dû changer son nom en Zoetemelk !
Les Hollandais ne savent pas ce qui les attend. Avec l’arrivée des gouvernements rouge-bleu-romain (comme ils disent), ils auront en cadeau ces hommes et femmes politiques que l’Europe nous envie. Ils croyaient avoir leurs extrémistes avec Pim Fortuyn, Geert Wilders ou Rita Verdonk. Ils découvriront que leurs grandes gueules populistes sont des enfants de chœur lorsque F. Dewinter et autres suppôts du Vlaams Belang feront leur entrée aux Etats-Généraux à La Haye. Et que diront-ils lorsque nos politiciens, devenus hollandais, sortiront de leur chapeau pour animer un peu la monotone vie politique d’outre-Moerdijk un petit BHV autour d’Amsterdam et un N-Vatje qui exigera l’indépendance de la Frise ?
Dire que ce sont les Flamands qui disent : « Nederlanders kunnen zo zeiken ! » (les Hollandais nous pompent l’air)…

Alain Berenboom
www.berenboom.com