ET AVEC CA, EMBALLAGE CADEAU ?

  Dans le monde politique flamand, certains ne comprennent pas que les dirigeants wallons fassent la fine bouche devant la proposition de leur ministre-président d’accorder un prêt à la Wallonie pour tamponner les ravages des inondations.

Un prêt, quelques liasses de billets, qui traînaient sous le matelas et qu’il faudra rembourser plus tard ? La proposition du gouvernement flamand est un peu misérable alors que des citoyens flamands ont montré l’exemple d’une vraie solidarité en donnant leur temps, leurs camions, leur énergie à aider immédiatement les sinistrés dans la détresse.   

Vraiment, il aurait pu faire beaucoup mieux, M. Jambon. Plus généreux, plus fort. Donner plutôt que prêter. Donner quoi ?

La Tour de l’Yser, par exemple. Qui pourrait être démontée pierre par pierre et rebâtie à la place du signal de Botrange, façon de hausser le sommet de la Belgique à 750 m au lieu des bêtes 700 mètres actuels. La tour est moche, c’est entendu, mais en cas d’inondation, quel remarquable abri pour ceux qui auront la bonne idée de s’y réfugier. De plus, ce déménagement entraînera un afflux de nouveaux touristes flamands dans les Fagnes. Tout en débarrassant Dixmude de cet encombrant tas de briques sinistres qui seront remplacées avantageusement par de rutilantes villas quatre façades.

Dans la foulée, la Flandre pourrait aussi refiler à la Wallonie quelques fans du pèlerinage de l’Yser, Tom Van Grieken, le capo du Vlaams Belang, et son compère Dries Van Langenhoven, le duce du mouvement Schild en Vrienden. Ça ne coûtera pas grand-chose à la Flandre, inondée sous le nombre de politicards d’extrême droite, alors que la Wallonie ne parvient pas à en faire pousser un seul – même Zemmour a renoncé à immigrer chez nous. 

Si le sacrifice est trop lourd, la Wallonie se contentera de quelques jolies cabines de plage à installer près des retenues d’eau de nos barrages et que pourront occuper les guetteurs que le gouvernement wallon va recruter pour prévenir les prochaines catastrophes (c’est la meilleure suggestion à retenir des commissions d’enquête sur les inondations).  

La Flandre pourrait aussi proposer à la Wallonie d’accueillir quelques-uns de ses nombreux et brillants artistes, Bart Moeyaert (aïe ! il vit déjà dans le Hainaut), Jan Fabre (heu, c’est un peu touchy), Peter Aspe (flûte ! cet excellent auteur policier vient de nous quitter), Tom Lanoye (on ne le fera pas quitter l’Afrique du sud), Anne Teresa De Kersmaeker (difficile, elle est citoyenne du monde, comme le magnifique poète et romancier Stefan Hertmans.) 

Reste à proposer que le port d’Ostende soit rattaché à la Wallonie, l’autoroute E 40 servant de corridor, mais le précédent de la ville libre de Dantzig entre les deux guerres ne rend pas le projet très excitant…

Et si la Wallonie et la Flandre formaient un état appelé la Belgique, ce ne serait pas une bonne idée ?

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LE JOUR DE LA MARMOTTE

  On n’a pas beaucoup eu l’occasion de faire la fête depuis un an. Noël, Nouvel An, Pâques, tout a été passé au bleu. Même la fête de la communauté flamande n’a pas donné lieu à ces grands élans de fraternité habituels où l’on crie haut et fort pour l’indépendance de la Flandre à l’ombre de la tour de l’Yser. Och’erme ! La bataille des éperons d’or n’est plus ce qu’elle était. Ni les revendications flamingantes. Saleté de virus qui rend les Belges plus belges ! 

   La suite du programme n’a pas l’air non plus d’annoncer le retour des flonflons. C’est pourquoi, il faut s’arrêter un moment sur la fête un peu oubliée de la semaine, la Chandeleur. Pour les enfants – de tous âges – c’est le jour des crêpes. Mais à l’origine, c’était une fête latine qui célébrait le jour des morts. On raconte que les festivités de cette ancienne célébration païenne avaient connu un grand essor à la suite d’une épidémie de peste, répandue par les Mânes – les âmes des morts- qui voulaient ainsi se venger de l’oubli dans lequel ils étaient tombés. 

   Ce rappel de l’histoire pourrait donner des idées aux hommes et femmes politiques qui voudraient symboliquement garder la trace de la Grande Pandémie. Ils conserveront les crêpes mais baptiseront la fête marquant la fin du covid 19, le Jour des Coiffeurs. Même si dans quelques dizaines d’années, les enfants ne comprendront plus pourquoi cet hommage aux figaros ! 

  Aux Etats-Unis, la Chandeleur est dénommée le jour de la Marmotte, qui annonce le départ de l’hiver. C’est surtout le titre (original) d’un film très réussi de Harold Ramis avec Bill Murray. En français, « Un Jour sans fin ». 

  Le film raconte la journée d’un présentateur météo envoyé dans une cambrousse perdue de Pennsylvanie qui découvre, en se réveillant le matin suivant, qu’il est resté bloqué dans une « boucle temporelle ». Et qu’il est condamné à revivre interminablement la même journée tous les jours. Alors qu’autour de lui, personne ne se rend compte du phénomène et recommence sa journée comme si elle était nouvelle. 

   A entendre le lamento qui monte ici et là, beaucoup de gens donnent l’impression eux aussi de vivre la mésaventure de Bill Murray. Au lieu de tirer parti de la situation (comme le personnage principal du film, le seul à connaître la suite des événements de la journée), ils s’enfoncent peu à peu dans la neurasthénie, comme bloqués dans une boucle temporelle à laquelle ils se sentent condamnés à ne pas s’échapper. Rien ne semble leur permettre de remettre le carrousel de la vie en route, ni l’ouverture des magasins, ni l’arrivée rapide et inespérée des vaccins. 

Alors, comment leur remonter le moral ? Avec la méthode italienne, qui combine habilement deux plaisirs en même temps : la réouverture des bistrots, des terrasses et des restos et surtout la chute du gouvernement ?       

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