HONG KONG STORIES

A Hong-Kong, d’où je vous écris, à quoi s’intéresse la presse ? Les pages internationales ne parlent ni de l’Europe, ni des Etats-Unis, et si peu de la Belgique ! La seule préoccupation ici, et elle est obsédante, est ce qui se passera demain dans la région.

Cela ressemble étrangement à la querelle de la semaine au sein du Front National en France entre anciens et (pseudo-)modernes, ou si l’on préfère au grand écart entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui.

Le grand titre : la rencontre entre Eric Chu, le président du Kuomintang, le parti au pouvoir à Taïwan et le secrétaire général du parti communiste chinois, le redoutable Xi Jinping. Le face-à-face entre ce qui reste de la Chine ancienne et celle d’aujourd’hui, prête à avaler la seule partie d’Empire du Milieu resté indépendante après la récupération de Hong-Kong à la fin du siècle dernier.

La « révolution des parapluies » qui se poursuit sur le mode drache occasionnelle sonne comme une piqûre de rappel pour les Taïwanais sur le sort qui les attend lorsque l’empire les aura avalés. Bien-être essentiellement économique (pour les riches), régime spécial sur le plan des libertés et des droits démocratiques mais sous contrôle étroit du grand Frère, qui n’a plus le titre de grand Timonier mais qui a gardé toutes ses attributions et son bâton…

L’autre titre louche sur l’empire voisin, la Russie. La presse de Hong-Kong se préoccupe avec inquiétude sur le sort qui attend le Kazakhstan après la disparition de son vénérable président à vie, Nursultan Nazarbaiev (seul dirigeant survivant des anciennes républiques soviétiques). Cette république nouvelle, a déclaré insidieusement Poutine, n’a jamais été un pays… Ce qui fit dire aux observateurs d’ici que le sort de la Crimée peut servir d’exemple pour récupérer l’éponge à pétrole et à gaz lorsque son actuel boss aura fait la malle. Figée entre la Chine, l’Ukraine et la Russie, elle est hélas bien ou mal placée selon les points de vue.

Tandis que je vous résume la presse de ce matin à Hong-Kong, trois nouveaux immeubles tours sont sortis de terre. Il y en aura trois autres demain et ainsi de suite. Composant un paysage apparemment moderne, une réplique de « Blade Runner » tel qu’en rêvaient ou cauchemardaient les écrivains et les cinéastes de science-fiction il y a une quarantaine d’années mais qui parait à présent prêt à disparaître car comment nourrir dans l’avenir ces insatiables monstres énergivores ?

Comment un confetti créatif, riche mais incroyablement bling-bling et terriblement peuplé, aux marches des Empires, peut-il se réinventer alors que la concurrence des nouvelles pétro-villes s’annonce redoutable ? C’est à ça qu’on pense en contemplant la nuit la skyline de Hong-Kong qui brille de mille feux…

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DES PETITS TROUS, TOUJOURS DES PETITS TROUS…

Paraît qu’ils veulent faire un grand trou aux Marolles pour y mettre les bagnoles qui passent par là. Désolé, on vend de tout au Vieux Marché, de faux Magritte, des vrais trombones à coulisses, de fausses Licorne à moins qu’elles ne soient vraies. Mais, des bagnoles, non. Et on a besoin de paix pour boire sa pintje tranquillement sur la place du Jeu de Balles avant de repartir à la chasse aux trésors. Sans engins de destruction massive. Alors, smeirlap, pas touche au Vieux Marché, asteblieve ! Puute van de koech ! Et tes mains chez toi !

Non mais… Qu’est-ce qui leur prend aux édiles de ravager Bruxelles toutes les quelques années ? Et cela dure depuis cent ans. Cent ans de destructions, toujours pour un mieux, hein ? Sauf que, quand les travaux pharaoniques sont finis, ceux qui les ont subis ne sont plus là pour en profiter. Faillis, déplacés, morts. Et la génération suivante des habitants non plus. Parce que la génération suivante des politiques s’est mise à son tour en tête de nettoyer ce que ses prédécesseurs avaient bêtement laissé debout…

De la démolition du centre populaire entre l’actuelle gare Centrale et la gare du Midi par la construction de la Jonction à l’éradication du merveilleux Mont des Arts. Et à la re-destruction du centre populaire des environs de la gare du Nord pour le remplacer par un quartier qui sera comme New York, si, si, on vous le garantit, le Manhattantje. Ah ! Les beaux discours sur l’urbanisme de demain agitant l’image lyrico-pompeuse d’un Brussels on Hudson de ces politiciens faussement modernes, Van den Boeynants, Cudell et de leurs amis entrepreneurs-spéculateurs ! Résultat, trente ans de friches entre le canal et la place Rogier (à nouveau en plein travaux), l’allure de Dresde après le bombardement et, finalement, une série de tours immondes, énergivores, inhumaines et déjà obsolètes.

Pendant ce temps, la construction d’un viaduc ravageait tout sur son passage entre Rogier et la Basilique, puis rebelote quelques années plus tard avec la destruction de cette passerelle rouillée et rebelote encore avec un nouveau trou pour y glisser ce qu’on appelait fièrement le plus long tunnel de ville. Avec toutes ces « installations », pas besoin de chercher un musée d’art contemporain à Bruxelles, il est dans la rue…

Passons sur la destruction de toutes ces vieilles choses, telle la Maison du Peuple de Horta, magnifique cathédrale laïque, que le parti socialiste a fait raser pour laisser bâtir à la place une tour trapue qui abritait le ministre de la culture ! C’était évidemment l’époque où la mode était à la culture Ceausescu…

Si vous percevez dans ce billet de la rage pour ne pas dire de la bave aux lèvres, vous ne vous trompez pas ! Le ketje de Bruxelles aime sa ville comme la fritte aime la mayonnaise.

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TOUR DE MANEGE

Depuis quelques mois, nos hommes et femmes politiques donnent l’impression de s’être lancés dans un concours d’auto-scooters. On dirait que la foire du midi n’a pas fermé ses portes. Et bang ! Je te fonce par la gauche ! Et bing ! Je te fais une queue de poisson ! Et crac ! Je te fais tourner comme une toupie !
A ce petit jeu, personne ne fait le poids face à Bart De Wever. De chaque collision frontale, il sort aussi foudroyant que Hulk passant sous les rayons gamma tandis qu’Elio, Joëlle et les autres gisent groggy dans leur autos.
Quel est le gri-gri de Bart ? Une voiture blindée ? Un tank ? Un paquet de gaufres gonflées aux hormones ? On ne sait par quel tour de passe-passe, à chaque tour de manège, c’est lui qui décroche la floche. Ca ne roule plus du tout pour les francophones. On a même l’impression que leurs cerveaux commencent à partir en vrille.
Une solution pour eux consiste évidemment à quitter la Foire du midi et à construire un nouveau circuit d’auto-tamponneuses un peu plus loin, où la direction se réservera le droit d’entrée. Là, ils pourront gentiment se tamponner entre eux. Sans qu’un émule de Superman ne vienne leur abîmer le portrait.
Mais cela demande des investissements, un terrain, une nouvelle baraque, des auto-tamponneuses toutes neuves, qu’ils n’ont guère les moyens de payer. Et, dans l’état où elles sont, on voit mal les banques prendre le risque de leur prêter. De plus, elles ne goûtent guère aux jeux de hasard.
Reste alors à faire front en engageant à leur tour un héros pour affronter Super-Flamoutche.
Justement, j’en connais un, spécialiste des bagnoles et qui connaît bien la Belgique, et particulièrement la Wallonie : Bernie Ecclestone. Le patron de la F1. Le dictateur des circuits.
Il suffit que l’ami Bernie menace de déclasser Francorchamps pour que toute la classe politique se mette à trembler et s’empresse d’ouvrir son portefeuille.
N’est-ce pas le champion qu’il nous faut ? Le seul que De Wever n’osera qualifier de « nain de jardin » ? Bart contre Bernie ! Ah ! Quel match en perspective !
D’accord, Bernie ne fait pas dans la délicatesse. N’a-t-il pas déclaré l’an dernier que « Hitler était efficace » et dans une interview au Times : « Si vous observez la démocratie, elle n’a pas fait beaucoup de bien à beaucoup de pays. »
Mais au point où on est, on prend ce qu’on a. D’autant que, question pognon, Bernie est imbattable. Lui qui a réussi à vider les caisses wallonnes pourtant réputées vides, est le seul capable de convaincre les flamands de nous confier leur argent tout en leur faisant croire que c’est un bon investissement. Reste à calculer sa commission. Déclarer Francorchamps zone franche et bilingue ?

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