PÈRE FOUETTARD 2.0

Avec la fin du vieux monde, la sentence cruelle mais inexorable est tombée : exit Saint Nicolas.

Le patron des écoliers a été jeté à la décharge, avec les magnétoscopes VHS, Mario Bros, Fellini, les cabines téléphoniques, le communisme et le fascisme, toutes ces gloires inutiles et démodées du siècle dernier. Attendez ! On me dit à l’instant que le vide-meubles refuse d’emporter dans le lot les partis politiques de jadis, même les pires. Dans le cadre du projet zéro-déchets, il paraît que le communisme et le fascisme peuvent encore servir dans le nouveau monde. Sursis donc pour les fascistes et les cocos. Mais pour Saint Nicolas, en revanche, c’est râpé…

Le monde ayant horreur du vide, il faut d’urgence le remplacer. Mais par qui ?

Théo Francken, qui s’est aussitôt proclamé l’ami des enfants sages, a posé sa candidature. Mais le premier ministre s’y est opposé. Déjà que le budget fédéral n’a pas bonne mine, alors ouvrir une nouvelle brèche en finançant chocolats et spéculoos, pas question. Erdogan, un moment sollicité vu que saint Nicolas était turc a considéré que devoir se glisser dans les cheminées du royaume était au-delà de sa dignité. Grand seigneur, il n’entend se déplacer qu’en tapis volant.

Ne restait, faute de mieux, que ce bon vieux Père Fouettard. Tels ces politiciens inoxydables qu’on croit cent fois morts et enterrés et qui renaissent toujours de leurs cendres, l’ancien second couteau du grand saint est de retour. Désolé, les amis.

On avait pourtant l’impression que le personnage avait été définitivement éliminé par la mode du politiquement correct depuis qu’on lui a interdit de se servir d’un fouet, de menacer les pauvres mioches méchants des pires tourments et de se grimer en Noir de carnaval.

Mais, revenu aux affaires, le Père Fouettard sait qu’il doit proposer du neuf pour coller à l’époque.

Au lieu de suivre son chef et son âne en roulant des yeux, drapé dans un vieux rideau, il va offrir aux enfants une version 2.0 de la fête.

Voici un avant-goût du programme du nouveau calife.

Pour les plus méritants, un gilet jaune clignotant et sonore afin de les préparer à la vie de citoyen du futur. Aux voyous, une solide décharge de Taser gun, méchamment plus efficace que le fouet d’antan – une bonne décharge électrique mais avec énergie douce pour avoir l’air branché.

Plus d’âne non plus, à cause des protestations de Gaïa. Ni de sucreries car des psychologues prétendent que des enfants gâtés préparent des adultes violents. Plus d’histoires inventées car on ne peut plus mentir aux petits pour ne pas les habituer aux fake news et aux promesses électorales.

Allez, Fouettard, encore un effort ! La magie, ça se travaille…

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