C’est évidemment un président français, V. Giscard d’Estaing, qui a imaginé le G 6. Au pays du discours-roi, les causeurs raflent toujours la mise. C’était donc une idée de génie de transformer les principaux chefs d’état en maîtres du monde par la seule vertu du verbe.
Ces grandes messes annuelles n’ont pas pour fonction d’améliorer l’économie, la finance, le commerce mondial, la fiscalité, le chômage, sujets habituels à l’ordre du jour, mais comme dans les comices agricoles célébrés jadis par Alphonse Daudet et le maire de Champignac, c’est de parler haut.
Les chefs d’état se réunissent rituellement pour que toutes les caméras soient braquées sur eux, que leurs paroles soient recueillies comme vérités, guides, baumes, permettant et promettant de panser les plaies universelles. Panser c’est penser. Tout est mis en scène pour qu’ils apparaissent comme les guérisseurs du monde puisqu’ils détiennent la puissance du mot.
Le premier sommet du G6 s’était réuni peu après la crise pétrolière de 1973, le séisme qui a fissuré l’optimisme tranquille des Trente Glorieuses. Pendant trente ans, les hommes politiques avaient pu se reposer sur une croissance sans hoquets. Mais, dès la fin de la guerre du Kippour, ils ont dû changer de stratégie. Devenir les parleurs universels, faute d’un autre outil pour redresser, colmater ce qui commençait à faire eau de toute part.
Le « truc » a connu un immense succès. Tous les dirigeants de la planète ont joué des coudes pour faire partie du club. Aujourd’hui, ils sont 20 à Saint Pétersbourg à brandir leur carte de membre pour avoir droit aux micros. Je suis le maître du monde, dit Poutine, puisque G 20 invités les plus prestigieux de la terre à mes pieds. G 20 promesses non tenues, songent Obama, Mitchell ou Hollande mais peu importe puisque, devant les caméras, je donne toujours l’impression d’être le boss.
Qui se rappelle encore des grands serments des années passées sur la coordination des politiques économiques, la surveillance de la finance, et blabla et blabla ?
Qui se souviendra, lorsque la Syrie ne sera plus qu’une tache blême, des grands discours rooseveltiens sur « attention à ne pas dépasser la ligne rouge », « nous ne laisserons pas assassiner impunément » et autres « ne défiez pas le monde » ?
Sans remonter aux calendes nazies, on a pu massacrer tranquille au Cambodge ou au Rwanda et combien d’années a-t-il fallu avant que l’on vienne ramasser les morceaux en Bosnie ?
Assad peut gazer sa population puis ses voisins, s’ils ne restent pas dans les clous. L’Iran construire pépère sa bombe atomique. Tout le monde peut faire ce qu’il veut pourvu que les dirigeants du monde sourient sur la photo pour illustrer les futurs livres d’histoire (à dormir debout).
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