CHARLIE, REVIENS, ILS SONT TOUJOURS PLUS CONS !

     Dix ans après l’assassinat des grandes plumes de Charlie, que reste-t-il de l’esprit Charlie, ce mélange de provoc et d’émotion, d’humour ravageur qui se mêlait à l’amour des gens et de la vie ?

 On a l’impression qu’une fenêtre s’est refermée, que l’air s’est raréfié, que la bulle s’en est allée. On ne peut plus rire de tout sans entraves. Peu à peu le plaisir du pied de nez est grignoté par la culture de l’effacement. Ce réflexe qui censure progressivement l’expression de la pensée qui dérange, rogne les ailes, s’insinue dans la tête de ceux qui écrivent, dessinent, filment. Inconsciemment, ils ont tendance à freiner leurs plumes, leur pinceau, leur caméra. Ils coincent à l’idée que tel ou tel groupe se sente offusqué, offensé et dénonce la liberté que s’est arrogé l’auteur comme une injure, une calomnie, une atteinte à leur personnalité, à leurs croyances, leurs idées. Avec la prolifération des réseaux sociaux, qui s’étendent comme des pieuvres, il se trouve toujours un petit dictateur de quartier mal dans sa peau qui ne supporte pas le rire, l’humour, la moquerie. « C’est dur d’être aimé par des cons ! » s’écriait Mahomet sur une couverture célèbre de Charlie-Hebdo dessinée par Cabu.

On pourrait croire que la prolifération des réseaux et des technologies, leur accès ouvert à tous, allait contribuer au développement de la liberté d’expression. Paradoxalement, c’est le contraire ! Chacun désormais veut dicter sa loi et empêcher qu’on se moque impunément de ses opinions ou de ses convictions.

Remarquez, le constat n’est pas neuf. Dix ans avant la prise de la Bastille, Beaumarchais écrivait : « Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. » Déjà le règne de la culture woke !

En 2025, les humoristes paraissent des petits bras comparé aux nouveaux rois de la provoc et de l’impertinence. Donald Trump, Poutine, Xi Jinping, Erdogan, Khamenei et quelques autres ont remplacé Cabu, Charb ou Honoré mais avec une différence de taille : ils ont banni l’humour sous peine de prison et professent de pires énormités que les dessinateurs de Charlie Hebdo mais avec un sérieux imperturbable. 

En janvier 2015, le président des Etats-Unis était Barack Obama. Dix ans plus tard, les Américains ont plébiscité Donald Trump. Dont le sinistre fou du roi, Elon Musk, cet agité du bonnet, manie la provocation pour saper la démocratie et étouffer les idées qui ne lui plaisent pas. Surtout pas pour faire rire et réfléchir. Lui qui veut envoyer les hommes sur la planète Mars étouffe l’espace de la liberté d’expression.  

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TU VEUX MA PHOTO ?

 Entre les suicides d’ados persécutés et filmés par leurs « copains » sur Facebook et les terroristes s’exhibant avant, pendant ou après leurs méfaits sur You Tube ou Instagram, on ne sait plus où donner de la tête surtout que, pendant ce temps-là, se répandent des millions de messages haineux, montages tronqués et fausses informations auxquels s’ajoutent des commentaires qu’on appelait jadis le blabla du café du commerce. A cette différence qu’au café, on pouvait regarder dans les yeux l’interlocuteur qui balançait des conneries et lui mettre le poing sur le nez alors que dans le bistrot virtuel, ce sont des anonymes-pseudonymes qui lèvent leur verre virtuel en déversant leur fiel impunément.

Au café du commerce, quand il en avait marre de vous entendre pérorer, le patron vous flanquait à la porte. Les boss de X, Tik Tok et autres Facebook n’ont pas ce réflexe. Ils ne vous entendent pas. Ils ne regardent pas ce qui défile sur leurs écrans, sinon les pubs. Car elles représentent leur seule préoccupation, le fric qui tombe dans leur escarcelle. Plus il y a de followers, plus il y a des dollars. Peu importe ce qui produit leurs revenus. 

Il n’est pas certain qu’avoir placé un appareil photo sur chaque téléphone marque un grand progrès dans l’histoire de la civilisation mais ce qui est sûr c’est que laisser se répandre les horreurs des réseaux sociaux sans filets constitue un crime contre l’humanité. 

Certains crient à la censure quand des voix s’élèvent réclamant aux réseaux sociaux de modérer les contenus, bloquer les horreurs et les monstres, responsabiliser les auteurs des messages en les obligeant à apparaître sous leur véritable identité. 

Journaux, radios, télés, tous les organes classiques d’information ont placé depuis toujours des filtres, vérifient ce qui est publié. Des éditeurs relisent ou visionnent avant de laisser publier. Y a-t-on jamais vu une atteinte à la liberté d’expression ? Au contraire. 

Laisser se répandre des fakes news, des éloges de la terreur, la barbarie mise en scène, voilà des atteintes à la liberté des citoyens. Imposer l’image d’enfants égorgés ou laisser un terroriste se filmer lui-même (et toujours de façon médiocre sans le moindre talent !) en train de canarder des civils, où est la liberté ?

Au contraire, cette diffusion en flots continus d’images et de textes dégueulasses est une façon d’étouffer le spectateur sous le déluge d’horreurs. L’empêcher de réagir par l’intelligence. Ce qui est l’essence même de la communication.

Comme le relevait Michaël Crichton, dans la société de l’information, personne ne pense. Nous pensions bannir le papier. Mais en fait nous avons banni la pensée.    

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ADIEU MONDE CRUEL !

  Une enquête vient d’être ouverte en France après l’effacement des comptes en crypto-monnaie des fonds confiés par des investisseurs à un gestionnaire de fortune. Une seconde a suffi pour que toutes les économies de leurs clients disparaissent dans un grand trou noir. 

   Le GIEC annonce un avenir post-apocalyptique pour ceux qui peuplent notre pauvre planète bleue, qui va, selon ces experts, changer de couleur : demain, la Terre sera la nouvelle planète rouge. Mais nous serons peu nombreux à assister à la disparition de toute vie actuelle, promettent les joyeux drilles du GIEC, imprégnés manifestement des textes bibliques. A la veille des vacances, on se retiendra donc de chanter : « les cahiers au feu et les profs au milieu » !  

   Le point commun entre ces deux infos : l’effacement. Voilà donc la pire menace qui plane sur notre époque, nos civilisations. 

   La disparition des supports physiques, papier ou film, met en danger la conservation de la mémoire. Même les archives papier sont systématiquement détruites après avoir été numérisées. 

 Or, qu’un « bug » informatique bloque d’un coup la toile et hop ! tout redevient page blanche. Un auteur de science-fiction nous racontera un jour les avatars d’un groupe de hackers maladroits, des Pieds Nickelés de l’ère informatique, qui auront poussé sur le mauvais bouton ou créé d’épouvantables virus informatiques qui, échappant à leur contrôle, dévoreront toutes les données sur leur passage. 

Les profs d’histoire du futur passeront directement de l’enseignement du vingtième siècle à celui du vingt deuxième siècle, expliquant à leurs étudiants que ce qui s’est passé pendant cette grande parenthèse reste un mystère aussi profond que la disparition des dinosaures ou l’état de l’univers avant le Big Bang. 

   Tout ce qu’on écrit, filme, lois, décisions, la naissance et la mort, tout est gravé sur des disques durs, stocké dans le cloud. Un coup de vent et tout disparaît…

Le mouvement est d’autant plus irrésistible -sinon irréversible- que l’effacement de la mémoire s’inscrit dans l’air du temps. Il n’est pas seulement un risque technique. On s’est mis à vivre dans le moment présent, sans passé, sans futur. La mémoire de l’histoire et des histoires est passée de mode. 

Ce qui se reflète dans le succès des réseaux sociaux : la photo, le commentaire sont déjà oubliés quelques heures plus tard. Seules l’image ou le propos choquants subsistent un peu avant de se perdre sous d’autres propos scandaleux bien vite oubliés eux aussi. Tout ce qui a été posté redevient poussières. 

Si jadis on collectionnait les livres, les disques, les films, on ne collectionnera jamais les données. 

« La distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion, aussi tenace soit-elle » disait Einstein. Donc, soyons fous et bonnes vacances !

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IL EST PASSE PAR ICI, IL REPASSERA PAR LA

 Z’avez pas vu Jürgen?/ Oh la la la la la/ Où est donc passé ce chien ?/Je le cherche partout/
Où est donc passé ce chien ?/Il va me rendre fou/Où est donc passé ce chien ?/ Oh, ça y est, je le vois/Veux-tu venir ici ?/ Je ne le répéterai pas/Veux-tu venir ici ?/ Sale bête, va/ Oh, il est reparti/Où est donc passé ce chien ?/ 

Cher Nino Ferrer, qui avait déjà lu dans une boule de cristal comment un seul chien fou allait rendre dingue toute l’armée belge…

Déjà moquée par une autre comptine plus ancienne et tout aussi visionnaire : Il court, il court, le furet du bois joli/ Il est passé par ici/ Il repassera par là / Le furet est bien caché/ Le furet du bois, mesdames/ Pourras-tu le retrouver ?

Ah ! Si on pouvait en rire…

Le héros solitaire qui défie l’autorité et la ridiculise a toujours eu la faveur du public. Thyl Ulenspiegel, Robin des Bois, Rambo. Ainsi que Charlot et les autres personnages de Mac Sennett dans les burlesques américains. Qu’est-ce qu’on riait de voir ridiculisés les « cops » qui tombaient comme les quilles d’un bowling. 

Mais, avec Jürgen, rien à faire. Le rire se glace. Pas moyen d’applaudir, même pas d’esquisser un sourire. Cette fois, on a juste envie d’encourager les bidasses et les poulagas et d’espérer qu’ils parviennent à le coincer. Alors, qu’est-ce qui a changé ? 

Charlot, Robin des Bois, même Rambo sont des images rêvées du citoyen anonyme face au pouvoir. Un citoyen un peu naïf, mais bon, honnête, impuissant face à l’injustice. 

Ce qui fait froid dans le dos avec Mister J. c’est qu’il n’a que l’apparence d’un preux solitaire. Il est le pion d’un groupe à nouveau puissant, effrayant, une image moche mais un reflet ressemblant de cette extrême droite, tapie derrière le miroir. Dont il prétend porter les « idées » obscures.

Ces mouvements qui pointent dangereusement le bout du nez, Schild & Vrienden, le Vlaams Belang, pour donner quelques références belges (auxquels il faut ajouter évidemment leurs homologues innombrables partout en Europe, souvent élus) et leurs fans qui déversent leur fiel délirant sur les réseaux sociaux. 

Jürgen n’est pas le vengeur solitaire. Il représente une forme d’autorité, celle de son groupe. L’homme – ou la femme- qu’on a envie d’applaudir, c’est le héros solitaire qui parviendra à le débusquer et à le mettre hors d’état de nuire. Car, pour l’instant, quelle pub pour l’extrême droite ! 

Où se cache Mister J. ? A la différence des héros de fiction, Jürgen n’a que l’embarras du choix. Conseiller stratégique d’Alexandre Loukachenko, chef d’état-major du Hamas, instructeur des milices ukrainiennes russophones du Donbass. Ou en Afrique, où les mercenaires belges ont toujours été accueillis à portefeuille ouvert.

Vivement que Thyl revienne mettre du désordre dans sa région. Et un peu plus de facéties…    

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PIERRE, PAPIER, CISEAU

   L’un des principaux groupes éditoriaux français vient de subir une cyber-attaque de pirates informatiques qui réclament rançon pour mettre fin à l’invasion de ses guerriers viraux. Entre temps, tout est bloqué, manuscrits, mails, comptabilité, accès aux archives ou aux contrats que l’on croyait à l’abri dans le cloud. Le nettoyage risque de prendre des semaines. 

 Les pirates des grands chemins devenus malandrins des autoroutes de l’information ont déjà rançonné des milliers d’entreprises et même des hôpitaux. 

   Or, les gouvernements ne cessent d’accélérer le passage à l’informatique. Pour obtenir un document administratif, remplir une déclaration, avoir accès à des archives, des services, on passe au tout virtuel, modèle que la pandémie a accéléré. Même pour la vaccination il faut s’inscrire en ligne. Et l’on ne se parle plus que via les réseaux sociaux. Bientôt, pour voyager, le ticket ou le certificat de vaccination ne seront plus qu’un QR code. Modernité, rapidité, facilité. On ajoute aujourd’hui l’hygiène pour justifier la virtualisation. 

Mais que faire des réticents à l’informatique, les RAI ? Des citoyens de seconde zone, privés d’accès aux services publics ? Et interdit d’accès à certains produits ? Les RAI déraillent s’ils n’ont pas pris le train en marche. 

Or, voilà que les hackers aigrefins viennent nous rappeler la fragilité de l’empire du 2.0. 

Le secrétaire général de l’ONU, M. Guterres a mis en garde dans son discours à l’occasion du 75 ème anniversaire de l’institution contre « la face obscure du monde numérique », en soulignant que « les progrès technologiques vont plus vite que notre capacité à y répondre, voire à les comprendre. »

Un groupe de bandits a les moyens d’effacer la mémoire d’une société, d’une administration, d’une université, en instillant ses petites saloperies dans le réseau.

Nous possédons les tablettes (oui, déjà des tablettes !) racontant l’épopée de Gilgamesh, roi de Sumer, écrites il y a 4 500 ans. Des textes d’Egypte ancienne, les manuscrits de la mer morte écrits depuis le troisième siècle avant notre ère, les Classiques des documents et les Classiques des vers réunis dans l’empire chinois à partir du huitième siècle avant notre ère. Et les bibliothèques que nous ont laissées les scribes et les auteurs des siècles passés. C’est le papier qui a préservé notre mémoire, qui a sauvé nos civilisations, qui a préservé la survie de l’homo sapiens. Les attaques des pirates 2.0 sont un signal d’alarme contre l’abandon du papier, le tout informatique, l’élimination des archives après numérisation. Un orage survient, qui fait éclater les clouds… 

Comme l’écrivait Gainsbourg : « Laissez parler les petits papiers/à l’occasion papier chiffon/Puissent-ils un soir papier buvard/Vous consoler. »  

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MARTIENS, GO HOME!

   Le téléphone sortit le président Macron de son sommeil à cinq heures douze. 

Après s’être confondu en excuses, le ministre de l’Intérieur balbutia qu’un nouveau problème avait surgi une demi-heure auparavant.

  « Non, Gérald, je ne peux le croire ! C’est qui maintenant que vos sbires ont démoli ? Un Arabe, un Noir, un Jaune, un Rouge peut-être ?

– Non, non. Juste un vert.   

– Quoi ? Ils se sont lâchés sur un écolo ? Un militant, un député ? 

– Non, non. Rassurez-vous. A cette heure, les écolos dorment dans leur yourte.

– Ou à l’Assemblée nationale, c’est vrai. Continuez

– Un engin s’est posé devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière vers quatre heures du matin. Les forces de l’ordre l’ont pris naturellement pour un drone.

– Et alors ? 

– En sont sortis trois petits hommes verts qui se sont dirigés vers l’entrée des urgences. 

– Quel est le problème, Gérald ? 

– Ils étaient sans masques, monsieur le Président ! Mes hommes ont tenté évidemment de s’interposer…

– Saperlipopette ! Ces crétins ne se sont pas aperçus que ces hommes portaient tout simplement un masque vert… Des chirurgiens, peut-être ? gémit Macron désespéré. Tout de même, vos flics n’en sont pas à confondre un masque vert avec un gilet jaune, si ?

– Ils ont commencé par leur demander respectueusement…

– Répétez-moi ça ? 

– Je vous le jure ! J’ai l’enregistrement ! 

– Et voilà, il y a toujours quelqu’un pour filmer ça…  

– Ils se prétendaient chargés d’apporter un remède infaillible aux malades de la Covid. Ils tenaient d’ailleurs des espèces de récipients transparents et mous entre leurs longues pattes. 

– Chargés par qui ? Par le professeur Raoult, je suppose ? soupira le président. 

– Non. Par le Ministre de la Santé du Grand Conseil Galactique. Ses services ont repéré la terrible pandémie qui frappe notre planète et il a envoyé une délégation d’extra-terrestres pour fournir le médicament qui avait été expérimenté avec succès contre ce virus sur l’une des exo-planète Trappist. 

   Macron se tordit les mains.

– Ne prendriez-vous pas quelques jours de vacances, Gérald ? Sur Mars par exemple, au bord d’un des canaux. Il paraît que c’est très reposant…   

– Les gardiens de la paix ont dû utiliser leurs teasers. Sans aucun effet. Ils ont donc dû passer à la bonne vieille matraque…

– Bref, ces pauvres plaisantins sont été réduits en charpie. A partir de quelle heure, serons-nous traînés dans la boue sur les réseaux sociaux? 

– Les récipients ont été brisés mais pas les trois hommes qui sont repartis en emportant avec eux le premier ministre afin de lui prouver l’efficacité de leurs traitements. 

– Castex sur Trappist ? Bon, la matinée ne commence pas trop mal tout compte fait…

Ps : le titre est un clin d’œil au plus hilarant auteur de science-fiction, Fredric Brown.

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BONNES NOUVELLES DE BERLIN

   Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles venant d’Allemagne. Ainsi, n’avez-vous pas été frappé comme moi qu’aucun des dirigeants ni même des dirigeantes de l’AfD ne porte de moustache ? Cette retenue est en soi une information, un programme, une promesse. 

Autre indication importante : quelques-unes des pires figures du futur nouveau Reich sont des femmes. Alors que le national socialisme avait résumé le rôle des femmes en trois mots : Kinder, Kirche, Küche (enfants, église, cuisine).

Alice Weidel, qui a co-dirigé la campagne électorale avant de présider le groupe au Bundestag ne se cache pas d’avoir pour compagne une immigrée sri-lankaise. Frauke Petry, leur ancienne porte-parole, vient comme Angela Merkel de RDA et a une aussi solide formation scientifique qu’elle. 

Tout ceci pour dire que l’AfD est fréquentable ? Non ! Au contraire ! Il faut combattre ce mouvement maudit mais en ne se trompant pas d’armes ni d’arguments. 

Lors d’une campagne électorale à Anvers il y a plusieurs années, des adversaires du Vlaams Blok avaient cru affaiblir le parti d’extrême droite en pleine expansion en placardant des affiches assimilant Filip Dewinter à Hitler. Echec complet. Aucun électeur n’a compris le message. 

Le führer de l’éphémère Troisième Reich ne fait plus peur à des générations qui ne l’ont pas connu, ni lui, ni ses victimes. Il leur paraît aussi ringard que Gengis Khan ou Napoléon. Mais surtout aucun électeur, tenté par les discours des partis populistes, ne confond « Mein Kampf » avec les promesses des nouveaux fachos ni avec les sympathiques messages que ces politichiens et politichiennes postent chaque jour vers leurs « amis » sur les réseaux sociaux.  

La lutte contre ces malfaisants doit répondre aux angoisses de leurs électeurs, l’immigration, l’identité culturelle, deux questions que l’on doit cesser de mettre sous le tapis. 

En regardant ailleurs pendant que l’Italie se débattait et se débrouillait avec les réfugiés, ses « partenaires » européens ont fourni à Salvini les munitions pour abattre les partis démocratiques de la Botte. 

En investissant trop peu dans la culture, l’éducation et l’enseignement, les gouvernements (singulièrement les nôtres) ont donné aux citoyens le sentiment que nos identités étaient en train de se perdre et de se diluer.  L’éclatement des matières culturelles et l’enseignement entre les communautés a aussi oublié la défense et le développement des valeurs, des artistes, des créations qui se veulent belges et qui refusent d’être réduites à une culture de village. 

Pour appuyer sa demande de naturalisation, Maurice Béjart écrivait : « Que je puisse lire dans les biographies qui me sont consacrées »Maurice Béjart, chorégraphe belge », c’est là mon souhait le plus sincère ». 

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DOLCE VITA

  Avec un à-propos qui mérite d’être salué, les dirigeants militaires du Soudan ont célébré trente ans après jour pour jour l’anniversaire de la remise en ordre de la place Tian’Anmen. En massacrant des dizaines de civils sans armes, qui tels de candides Chinois, attendaient sur une place de Khartoum le retour de la démocratie. 

  Notre ancien secrétaire d’état Théo Francken a dû être rassuré. Il avait choisi les bons interlocuteurs pour négocier le renvoi dans leur pays de réfugiés soudanais qui fuyaient la répression du régime et avaient eu la bête idée de se nicher en Belgique. 

  Les Algériens feraient bien de prendre garde à ce qui vient de se passer au Soudan. Les militaires, surtout dans les pays où ils ont pris le contrôle de la vie politique et économique, n’aiment pas être dérangés pendant leur sieste. 

 Un film et un livre nous rappellent deux autres affrontements de ce genre qui n’ont pas servi de leçon. 

Le film est signé Nanni Moretti. Dans « Santiago, Italia », il plonge sa caméra dans les événements du 11 septembre 1973, lorsque l’armée chilienne, sous la direction du général Pinochet, a effacé dans le sang les institutions démocratiques et « suicidé » le président Allende. Moretti s’attarde particulièrement sur tous ces survivants que les Italiens ont fait échapper à la mort. On apprend ainsi que l’ambassade d’Italie à Santiago a accueilli des centaines de réfugiés, que les autorités italiennes (tous partis confondus) se sont battues pour exfiltrer de la capitale chilienne, les faisant échapper à la violence de l’ordre nouveau, pour les faire venir dans la péninsule. 

Tous partis confondus. Vous entendez ça, messieurs Francken et Van Grieken ? Vous vous en souvenez, M. Salvini ? 

La compassion, la solidarité, voilà ce qui fait la différence entre l’Italie d’alors et celle d’aujourd’hui, explique Nanni Moretti. Et l’horreur des réseaux sociaux ajoute-t-il (dans une interview à l’Express). 

 Le livre qui évoque un autre moment de la furie militaire contre des civils impuissants nous vient aussi d’Italie. « Tous, sauf moi » de Francesca Melandri (Gallimard). 

Dans ce roman foisonnant et passionnant, F. Melandri évoque non seulement la violence terrifiante que l’armée italienne fasciste a fait régner sur l’Ethiopie lorsqu’elle l’a envahie en 1937, mais aussi la « terreur rouge » du régime mis en place par le dictateur Mengistu avec l’aide de l’armée après l’éviction et l’assassinat du vieil empereur Hailé Sélassié en 1974. Une terreur qui n’a rien à envier à celle des Khmers rouges au Cambodge exactement à la même époque.  

  Un cinéaste, une écrivain s’effacent devant l’Histoire pour que l’Histoire ne s’efface pas. 

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MILLE MILLIONS DE MILLE SABORDS !

Le problème avec l’insulte c’est qu’elle est souvent le cri de désespoir d’un humoriste raté.
En proférant une invective, l’offenseur a voulu faire rire la foule autour de lui. Au lieu de quoi, il n’a réussi qu’à l’entraîner dans son échec littéraire. A plonger ses copains dans la connerie. Et à sombrer avec eux sous la ligne de flottaison. Quant à sa victime, au lieu d’être écrasée, elle en sort grandie.
L’humour a ceci de commun avec l’insulte c’est qu’elle exprime la colère. Mais comme le relève Stephen King c’est de « la colère maquillée », qui entraîne l’auditoire vers le haut. « L’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre » disait joliment Wolinski.
C’est la différence entre le capitaine Haddock et la bande de voyous qui se sont jetés sur Alain Finkielkraut lors du dernier acte du ballet des gilets jaunes à Paris. L’un fait rire, l’autre n’est que la victime de quelques crétins.
« Apophtegme, Aztèque, cornichon diplômé, crétin de l’Himalaya, crétin des Balkans, cyclotron, extrait d’hydrocarbure, Khroumir, ostrogoth, Mussolini de carnaval, papou des Carpates, polygraphe, Zapothèque, Zoulou » ça fait rire, tonnerre de Brest ! Tandis que « sale juif », « sale pédé », « macaroni », non. Allez savoir pourquoi aucun descendant d’Aztèques ou d’Ostrogoths, aucun habitant de l’Himalaya ou des Balkans n’a songé (jusqu’ici) à poursuivre l’œuvre d’Hergé.
Même pas la petite-fille du Duce, la députée européenne PPE, Alessandra Mussolini qui n’a pas hésité à lancer à un de ses adversaires lors d’un débat télévisé « Mieux vaut être fasciste que pédé ! » Pas plus drôle que son papy, la Alessandra.
Quand Fernand Raynaud lâche: « Je n’aime pas les étrangers. Et pourtant je suis douanier », il écrit un des plus beaux textes contre le racisme qui demeure d’une décapante actualité. Mais lorsque Théo Francken dit à propos des réfugiés : « Que voulez-vous que je fasse de plus ? Il faut leur offrir l’hôtel peut-être ? » c’est la cata. Pas un cabaret, pas un théâtre pour accueillir son bête numéro. Même pas à Verviers.
Dans l’histoire, Théo Francken a des prédécesseurs, tous ceux qui ont cru effacer Gambetta, Simone Veil ou Léon Blum sous les quolibets ignobles. Blum « détritus humain à fusiller dans le dos » écrivait Charles Maurras, qui se voulait écrivain. « Barbarie » disait de la loi Veil sur l’avortement le député-maire de Nice Jacques Médecin. Ignobles et en plus inefficaces, ces deux types oubliés depuis longtemps.
De plus en plus, s’élèvent des voix pour demander aux réseaux sociaux d’effacer les messages racistes, dégradants, abjects. Cela diminuerait déjà singulièrement la masse des messages affichés sur la toile. Imaginez qu’on leur demande en plus de ne conserver que les textes drôles, et ce sera la fin de Facebook…

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GOUVERNEMENT ROCK ‘N ROLL

L’irruption des réseaux sociaux a tout chamboulé dans le fonctionnement de la démocratie, désormais rythmée par les buzz, les tweets plus ou moins spontanés des internautes et la dictature des émoticônes. Pouce levé, pouce abaissé ou doigt d’honneur, en quelques secondes, le sort de ceux qui nous dirigent en est jeté en quelques secondes.

On comprend la hâte de Gérard Collomb à rejoindre les rives paisibles du Rhône et les tables étoilées de Lyon, où l’on prend son temps, loin du supplice chinois auquel il était condamné jour après jour alors qu’il avait cru que le poste de ministre de l’Intérieur couronnait sa fidélité au nouveau pacha.

Le président Macron lui-même, dont on croyait qu’il maîtrisait les règles de la communication, passe son temps à se planter à chacune de ses apparitions, entre selfies ridicules et déclarations à l’emporte-pièce à des « vrais gens ». A force de vouloir courir derrière les djeunes, il commence à manquer de souffle, le gamin…

Mais quel être humain pourrait tenir à ce rythme ? à ce bombardement continu ? On comprend les difficultés du président français à reconstituer un casting capable de résister à pareille pression. Pourquoi ne pas songer alors à remplacer les hommes et les femmes politiques, en tout cas ceux qui sont le plus exposés/explosés, par des robots.

L’intelligence artificielle se développe aussi rapidement que la bêtise des internautes. Elle seule est capable désormais de la prendre de vitesse.

Jamais R2-D2, le délicieux petit robot de Star Wars, n’aurait été pris en défaut comme le pauvre Gérard Collomb, acculé par la presse dans la grotesque mais sinistre affaire Benalla à tenir des propos ridicules et manifestement mensongers. Alors qu’il suffit à R2-D2 de s’exprimer par des sifflements et des bips électroniques pour mettre l’audience dans sa poche. On ne comprend pas plus son discours que celui du ministre de l’Intérieur français, mais tout le monde est convaincu par ce que dit le petit robot, rit et applaudit.

Dans un monde, où les politiques sont sans cesse confrontés à leurs propres mensonges, déclarations et promesses hypocrites, le salut est dans les machines. D’autant que lorsqu’il ment, le nez du robot ne s’allonge pas.

Imaginez Marie-Christine Marghem remplacée par R2-D2. A lui, les déclarations incompréhensibles sur la fourniture d’électricité cet hiver pendant qu’elle distribue tranquillement ses tracts dans les rues de Tournai.

Il est vrai que si les robots-ministres sont programmés pour réagir exactement selon l’humeur sans cesse changeante de l’opinion publique, on peut s’attendre à un gouvernement rock’n roll…

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