OCTOBRE 2013: PARUTION DU NOUVEAU LIVRE d’Alain BERENBOOM
À la mort de ses parents, le narrateur décide de ranger, non sans réticence, les archives familiales empilées depuis des lustres dans une armoire. Vieilles lettres de famille en plonais et en yiddish, formulaires divers, reçus d’administrations disparues. Il redoute ce travail fastidieux, persuadé que son père, un petit pharmacien de quartier, a eu une vie « sans histoires ». Or, au fil des découvertes, se dessine le portrait d’un Don Quichotte original et aventureux.
Parti de son shtetl de Pologne, il arrive à Liège, à la fin des années vingt, pour étudier la pharmacie. Comme il ne parle pas français, il trouve le job idéal auprès d’un prestidigitateur à la recherche d’un « étranger » prêt à monter sur scène à chaque représentation pour confirmer au public que la femme à couper en deux est bien dans son écrin. C’est ainsi que commence la vie en Belgique de Monsieur Optimiste.
Pendant ce temps, Rebecca, sa future femme arrive de Vilnius à la fin des années trente. Lorsqu’elle rencontre Mr Optimiste dans une pharmacie de Bruxelles, c’est le coup de foudre. Ils se marient et aussitôt, la guerre éclate…
Sous couvert de divers patronymes, Mr Optimiste va surmonter bien des épreuves, de son voyage de noces sous les bombardements à Boulogne-sur-Mer, à une amitié imprudente avec un Allemand qui se révèle espion du iiie Reich. De la perte de sa soeur cadette dans le ghetto de Varsovie à la clandestinité. Il lui faudra aussi déployer beaucoup d’imagination pour échapper aux nazis ou, ensuite, à la Sûreté de l’État, à l’affût de ses amitiés communistes.
Mauvais juif [mais lecteur assidu de la Bible], sollicité par sa mère de revenir en Pologne mais tenté de vivre en Israël tout en se montrant défenseur inconditionnel de son pays d’accueil, concocteur de remèdes magiques pour hommes, femmes et pigeons. Voilà quelques-unes des facettes contradictoires de cet indéfectible optimiste.
À travers ce récit, tantôt burlesque, tantôt poignant et nostalgique, inspiré de la vie du père de l’auteur, c’est bien sûr l’Histoire du xxe siècle qui se dessine en filigranes mais c’est surtout pour l’auteur, une façon de tendre la main à ses origines et de cerner sa propre identité.