PAR JUPITER ! 

  La première ministre italienne, Giorgia Meloni, suit avec beaucoup d’attention l’envoi par la NASA d’une sonde vers Europe, un des satellites de Jupiter, via une fusée Space X. D’après les précédentes observations des sondes Voyager, Europe semble receler un immense océan qui laisse penser aux scientifiques la présence possible de la vie. Il y aurait des êtres vivants en Europe. 

Le lien avec Meloni ?  

On sait que la patronne des Fratelli d’Italia s’acharne à repousser les demandeurs d’asile de l’accueillante péninsule pour les cloîtrer en-dehors de l’Union européenne d’où ils pourraient soit tenter d’obtenir le droit d’asile (ah ! ah ! ah !) soit pour être rapatriés discrètement. 

Le problème avec les solutions imaginées jusqu’ici pour parquer les immigrés, c’est l’œil détestable des médias. En Lybie, Turquie ou Grèce, la presse a tôt fait de publier les récits des survivants et les conditions ignobles de leur enfermement. 

Le risque est le même en Albanie où, malgré la difficulté d’investiguer à l’intérieur de la véritable forteresse-prison qui vient d’être érigée à grands frais, quelques journalistes finiront par relayer des informations sur les habituels dysfonctionnements de ces camps et ils ne manqueront pas de les dénoncer. Or, jusqu’ici le gouvernement italien d’extrême droite n’a pas encore réussi à museler la presse. 

L’hypothèse d’une vie sur Europe fait briller les beaux yeux gris-bleu de Georgia en lui ouvrant de nouvelles perspectives : un lieu lointain, inaccessible aux observateurs, associations des droits de l’homme et autres emmerdeurs, où l’on pourrait transporter les candidats à l’immigration sans contrôle, sans radar et sans reproches. 

Ces nouveaux astronautes y vivront mieux qu’en Lybie puisqu’ils ne pourront se plaindre de mourir de soif. Il n’y a que de l’eau sur Europe. Et peut-être des poissons pour se nourrir sainement. Et pêcher, une activité autrement plus agréable que d’errer dans les rues et le froid de Milan sous le regard méprisant des passants.

Elon Musk, M. Space X, est prêt à se mettre à la disposition de la Meloni, avec qui il partage bien des convictions politiques. Et même à ne pas réclamer la dîme habituelle des passeurs, du moins aux passagers de son engin spatial. 

En attendant le grand voyage vers Jupiter, Giorgia Meloni a eu une autre idée. Ayant appris l’état désastreux des finances bruxelloises, elle propose de requinquer le budget de la région, en faisant bâtir quelques tours-prison en forme de fusée qui permettront à un certain nombre d’immigrés de s’habituer à leur future aventure, le domaine construit en Albanie se trouvant déjà la limite de la saturation. Certaines communes au bord de l’asphyxie étudient déjà, parait-il, la proposition.  

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PASS OU IMPASSE

Vax ou anti-vax ? Le gouvernement bruxellois, comme d’habitude, ne se prononce pas. Il est aux abonnés vaxsents. 

Donc, faute d’avoir réussi à piquer tous ses citoyens et citoyennes, il a choisi la solution du désespoir, le pass, le papier, la paperasse. Transformant le personnel des restaus et des bistrots, des cinémas et des discothèques en autant de flics. 

L’idée de les autoriser à passer les menottes aux clients récalcitrants ou distraits qui tentent de forcer la porte de leurs établissements sans le précieux sésame est encore à l’étude. Sur le modèle des lois canadiennes ou américaines qui autorisent chaque citoyen témoin d’un délit à procéder lui-même à l’arrestation du criminel. 

Mais le diable est dans les détails. Ce qu’a négligé le président Vervoort (Rudi pour les dames), encore tout surpris d’avoir réussi à faire adopter une décision par son gouvernement hétéroclite et parti faire la sieste après un tel effort. 

D’abord, il y a les Flamands. Eux qui sont si fiers d’être vaccinés à 90 %, trouvent humiliants de devoir exhiber leur pass-partout. On va donc les exempter pour éviter une guerre communautaire. Mais comment distinguer un Flamand d’un autre quidam ? Depuis la bataille des éperons d’or, tout le monde a appris à l’école à prononcer « schild en vriend ».

Les fonctionnaires européens considèrent que la réglementation bruxelloise ne les concerne pas. Ils sont « extra-bruxellois ». Itou pour les diplomates étrangers. Le personnel hospitalier et de soins affirme qu’il a déjà subi assez de restrictions et fourni assez d’efforts. Les policiers aussi. Comme les caissières des grandes surfaces qui n’ont jamais arrêté le travail. Et les profs, les taximen, les porteurs de repas, les allumeurs de réverbères, les vendeurs de parapluie et les employés du gaz. 

   Quelques bourgmestres ont montré leur mécontentement de découvrir cette mesure prise par le gouvernement régional sans concertation. Et l’autonomie communale, vous en faites quoi ? Le pass, d’accord. Mais à condition qu’il soit délivré par l’administration communale. Ce qui obligerait le citoyen à emporter le pass européen, celui de la région et les dix-neuf pass communaux pour circuler dans la capitale.

On devine le casse-tête pour les conducteurs de tram, obligés d’arrêter leur véhicule en quittant une commune pour vérifier si tous ses passagers sont autorisés à entrer sur le territoire voisin. 

Dans certains endroits, la résistance s’organise comme à l’époque de la prohibition aux Etats-Unis. On voit déjà s’ouvrir des gargotes clandestines où l’on sert de l’américain-frites et de la gueuze grenadine sans le moindre code-barre. Des adresses que l’on se refile discrètement, où l’on ne pénètre qu’en prononçant le mot de passe. Hier, c’était « Johnson & Johnson ». Aujourd’hui, « Jansen en Janssen ». Bon appétit ! 

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