LE GANG DES VIEUX FOURNEAUX

     Bien décidé à donner une fois encore un coup de mains à son vieux pote Donald Trump, Vladimir Poutine a lancé un important programme destiné à empêcher le vieillissement des cellules. Sa vice première ministre a vanté le développement de « technologies qui préviennent le vieillissement cellulaire, les neurotechnologies et d’autres innovations visant à assurer la longévité« . 

De quoi inspirer plusieurs albums supplémentaires à Lupano et Cauuet, les sarcastiques auteurs des « Vieux Fourneaux » (éd. Dargaud). 

Les recherches des scientifiques russes présentent de nombreux avantages. Elles vont permettre à une poignée de vieux survivants de la bataille de Stalingrad de reprendre les armes cette fois contre l’Ukraine. Rien ne vaut un vieux Bolchevique pour monter à l’assaut des ennemis du régime, de la Russie et du petit père des peuples. Pour combler le découragement des jeunes recrues qui se demandent pourquoi ils doivent abîmer leur jeunesse à conquérir quelques kilomètres carrés de trous perdus dans le Donbass. Un vieux Bolchevique ne se pose pas ce genre de questions ni aucune autre. 

Cette politique permettra à Vlad de mettre en garde son entourage et ses quelques opposants survivants qu’il vaut mieux oublier l’âge du capitaine. Il est parti pour régner encore un siècle ou deux. Les candidats à sa succession feraient mieux de changer de métier ou de pays. 

Vous me demanderez pourquoi le président russe, dont l’économie est au bord de l’implosion à cause des conséquences de sa guerre insensée et du coût terrible de la fabrication accélérée d’armes sophistiquées, est prêt à investir ce qui lui reste au fond des poches dans des labos scientifiques et les promesses de quelques savants fous. C’est qu’il parie que la science va lui permettre de gagner sa guerre et imposer la primauté de l’empire russe. Grâce à l’aide de Trump. Dont il obtiendra tout ce qu’il désire. 

En échange de quelques piqures du produit miracle et de l’assurance que plus personne n’osera évoquer son âge, le futur président américain sera prêt à arrêter l’aide aux ennemis de la Russie, à laisser les Européens se débrouiller sans le parapluie atlantique et à approuver toutes les politiques que son camarade de Moscou lui soufflera à l’oreille. Le prix n’est pas trop fort puisque Trump recevra la garantie qu’il présidera les Etats-Unis en conservant un cerveau pas plus dérangé qu’il ne l’est actuellement. Et surtout que ces remèdes miracles lui assureront une vie sexuelle débridée pour un temps illimité. 

Kamala Harris paraît pouvoir prendre l’ascendant sur son balbutiant adversaire. Mais c’est sans connaître l’arme secrète terrible qui risque de perturber les dernières semaines de campagne. Dire que Poutine a dit récemment qu’il aimait son rire. Quel faux derche !

www.berenboom.com

YACK ! YACK ! YACK !

  Le voyage officiel de Vladimir Poutine en Mongolie confirme une évidence que beaucoup de juristes feignent d’ignorer : le droit international est comme le droit de la guerre un oxymore, aussi utile pour régler une situation illégale qu’un marchand de frites qui voit passer un délinquant devant son kiosque. Encore que dans ce dernier cas, le marchand peut lui balancer de l’huile bouillante au passage, ce que le président mongol n’avait manifestement pas sous la main. Ce qui prouve qu’un mandat d’arrêt délivré par le Cour pénale internationale est aussi efficace que d’accrocher une plaque « chien méchant » à l’entrée de l’Hippodrome de Boitsfort (dans lequel nos nombreux amis canins gambadent librement entre joggers et cyclistes). 

On sent que Poutine commence à étouffer au Kremlin. Cela fait trop longtemps qu’il tourne en rond dans son palais. Et qu’il a soif de voir du pays.    

Rassuré par son séjour à Oulan-Bator, après un petit tour à dos de yack, en ricanant, le président russe pourra donc passer un de ces prochains week-ends à Budapest sans se faire trop de mouron. Depuis longtemps, la Perle du Danube a pour lui les yeux de Chimène. Avant de songer à réaliser son rêve de toujours, une visite à Bruxelles. 

Pas de danger de mettre les pieds dans notre capitale ? Soyez rassurés, monsieur le président. Vous ne risquez pas d’être arrêté au pied de l’Atomium. 

Faute de ministre de l’Intérieur en exercice et de ministre des Affaires étrangères (laquelle a quitté son ministère – en tram – pour siéger à la commission européenne), qui aurait le pouvoir d’exhiber un document venant de Hollande vous désignant comme l’ennemi public n°1 ? Dieu seul sait où est passé ce fichu papelard. Pour autant qu’on ait deviné qui avait le pouvoir de signer le recommandé venant de La Haye. L’aurait-on par erreur envoyé à un des gouvernements régionaux, peut-être communautaires, faute d’interlocuteurs en fonction au fédéral ? Allez savoir. 

Et Bart De Wever ? C’est la deuxième fois en quelques jours qu’on lui a promis-juré qu’il serait premier ministre. En attendant, il n’est encore personne tant qu’il n’a pas convaincu ses joyeux partenaires qu’il est l’homme providentiel et prêté serment devant le Roi des Belges en concluant que « l’union fait la force » – « eendracht maakt macht ».

Pour un city-trip aux Etats-Unis, Poutine voudra bien patienter jusqu’en janvier, après l’entrée en fonction de Donald Trump. Quoique, en attendant, il pourrait débarquer impunément à New-York pour se rendre à la tribune de l’ONU comme Fidel Castro en septembre 1960 sans que les autorités américaines ne lèvent le petit doigt.   

Néanmoins, je serais Poutine, je me souviendrais d’un proverbe mongol : « la porte fermée, on est empereur dans son royaume ».

www.berenboom.com

LE SOLEIL A RENDEZ-VOUS AVEC LA LUNE

        Il est pas content le soleil. Pas content du tout. Il somnolait devant un bon feu tandis que ses neuf planètes tournaient tranquillos depuis plus de quatre milliards d’années. Ravi qu’il ne se passe pas grand-chose sur l’aînée, Jupiter, ni sur Saturne même si son anneau lui donnait de temps en temps le tournis. Pluton, c’était le froid absolu mais c’était loin de son foyer. Loin des yeux, loin du cœur. Celle qui l’a embêté un moment, c’est Mars, avec ses milliards de petits hommes verts qui sortaient on ne sait où, parlaient fort et n’arrêtaient pas de creuser des canaux à coup d’explosifs nuit et jour. Cette activité lui donnait tant d’insomnies qu’il a d’un coup aspiré son atmosphère. Un bon vent solaire, soutenu par une tempête du tonnerre de Dieu (comme nous l’a appris la sonde Maven de la NASA) et hop ! Fini les petits hommes verts !  

Restait la Terre, sa petite préférée. Devenu avec l’âge plus bienveillant, il a laissé d’autres petits hommes de toutes les couleurs s’agiter à leur tour. Ils se battaient sans cesse mais pas de quoi troubler son sommeil jusqu’il y a quelques siècles quand ils se sont mis à creuser eux aussi des canaux et à se taper sur la gueule avec de la mitraille. Mais ils s’étaient plus ou moins calmés ces dernières années. Il y avait bien une bombe ici, un attentat là, des coups d’état un peu sanglants mais tout ça ne durait pas. 

Or, voilà que les Russes s’obstinent depuis plus de deux ans à dévaster l’Ukraine à coups de roquettes et qu’au Proche Orient, l’armée israélienne bombarde Gaza après que le Hamas a dévasté le sud d’Israël. Pendant ce temps, le leader coréen bien-aimé-respecté envoie des jouets de plus en plus menaçants dans la flotte et que Poutine menace de s’offrir un délire atomique. 

Hé bien, non ! D’abord accommodant, le soleil a décidé de montrer les dents voyant que la situation devenait pire chaque semaine et que certains étaient prêts à faire sauter toute la planète.  

Notre bonne vieille étoile vient donc de faire lever une de ces tempêtes à décoiffer la Lune, niveau 5 disent les spécialistes (le niveau le plus élevé) et, si ça ne suffit pas, elle promet d’en remettre une couche de quoi mettre en l’air les installations électriques et faire taire internet pendant plusieurs mois. Compris ? Ils auront l’air malins tous ces petits agités quand leurs armes sophistiquées, drones, avions, canons dirigés par ordinateurs seront réduits à l’état de pistolets à eau. 

On ne perd d’ailleurs rien pour attendre. Dans quelque temps, prédisent les savants, notre cher astre solaire périra à son tour – car il est mortel comme vous et moi. Ce jour-là, paraît-il, les planètes quitteront leur axe pour aller errer dans la galaxie. Et on se dira enfin que notre agitation était bien dérisoire… 

www.berenboom.com

LA LECTURE, CE POISON

     Dans « Le Nom de la rose », Umberto Eco nouait une extravagante intrigue dans une abbaye au moyen âge où un ancien inquisiteur est chargé d’enquêter sur la mort troublante de plusieurs moines. Le tout dans l’atmosphère empoisonnée des conflits au sein de l’Eglise. A la fin, l’enquêteur découvre que les décès sont causés par le poison se trouvant dans les pages des livres que les moines tournent en s’humectant les doigts.  

Voilà que la réalité une fois encore dépasse la fiction. On vient de découvrir à la Bibliothèque royale (mais aussi à la BNF à Paris) qu’une série d’ouvrages du dix-neuvième siècle ont été somptueusement décorés avec de l’arsenic, qui donnait une magnifique couleur vert émeraude au dessin de la couverture et à la reliure. 

Peut-être que  « cold cases », des morts restées mystérieuses depuis cent ou deux cents ans et dont la police n’a jamais identifié les auteurs, pourront ainsi être résolus. Mais certains songeront plutôt à remettre le procédé sur le métier, façon subtile d’éliminer certains lecteurs encombrants. 

Ainsi, lors de visites officielles de chefs d’état qu’on aime pas trop, pourquoi ne pas leur refiler en cadeaux l’un ou l’autre de ces bouquins pourris mais très élégants d’allure ? Evidemment, le stratagème suppose que l’auguste personnage ait envie de feuilleter son beau cadeau au lieu de le fourgueur à une bibliothèque poussiéreuse de son pays. Ce qui n’est pas gagné face au règne des tablettes. Mais, si le bonhomme s’ennuie pendant le vol de retour, pourquoi ne pas espérer de sa part un moment de curiosité ?

On pourrait même se montrer ‘pro-actif’ comme on dit maintenant et se servir de ce bon vieux procédé lors de l’échange d’un de ces traités qu’on est tenu, dans le cadre des relations internationales, de signer avec des représentants d’états peu recommandables. Une pincée d’arsenic pour rehausser l’aspect du document, le faire blinquer, avant de le remettre en toute pompe (mais avec des gants) à l’excellence. Et le tour est joué !

Même un chef d’état aussi hermétiquement barricadé que le président Poutine que personne ne peut approcher risque de se laisser prendre. S’il souffre d’insomnies (et comment n’en souffrirait-il pas ?) et qu’il prend au milieu de la nuit un de ces livres ramenés jadis d’un voyage en Europe où il était si bien reçu…

Plusieurs de nos plus fines lames politiques ont sorti des livres ces dernières semaines. L’un d’eux aura-t-il songé à offrir un tiré à part de son œuvre avec reliure vert émeraude à un de ses adversaires détestés ? 

Hélas, l’idée de tuer ainsi en silence risque de faire long feu car la lecture est en chute libre. On se consolera en rappelant que certains affirment qu’elle empoisonne la jeunesse. 

ww.berenboom.com

POUPEES RUSSES

Les complotistes affirment que les Russes sont parmi nous. Les anti-complotistes aussi. Qui a raison ? Les Russes ! 

Jouant avec les règles de la démocratie comme les enfants le font avec le Monopoly, ils achètent, vendent, envoient à la case prison et déversent leur argent sur les terrains les plus rentables, c’est-à-dire ceux où les démocraties sont le plus fragile. 

La démocratie américaine a déjà failli couler à la suite des manœuvres et vilenies des services russes pour empêcher l’élection de Hillary Clinton et favoriser celle de Donald Trump en 2016. Ces ingérences russes ont fini par être avouées par Evgueni Prigojine en 2022 – en un temps où il flirtait chaud devant avec son mentor, Vladimir Poutine. Le président américain sortant, Barack Obama avait lui aussi dénoncé le rôle des cyber-activistes russes dans la campagne de 2016 pour mener Trump au pouvoir. 

On peut s’attendre à ce que la course de 2024 soit à nouveau bénie par les popes de Moscou (ils ont des popes en stock), aidée par les services russes et financée par l’argent de quelques sociétés écrans pour contourner les sanctions (le guide du roublard donne de nombreuses clés pour exporter les roubles au nez et à la barbe des eurocrates). 

L’argent, c’est le carburant qui facilite toutes les actions des Russes. Il alimente particulièrement les caisses de plusieurs partis d’extrême droite en Europe, les poissons pilote (ou plutôt les piranhas) préférés utilisés par la Russie pour démolir les Européens. Les services tchèques viennent de dénoncer l’un des leaders de l’AfD allemande, M. Bystron (n°2 sur la liste européenne) en l’accusant d’être financé par la Russie, comme l’a été Marine Le Pen il y a quelques années. On peut reconnaître à Poutine qu’il se sert des blondes comme des hommes blancs, sans discrimination.   

Le Russiagate a maintenant contaminé le Parlement européen constate-t-on à quelques semaines de son renouvellement. 

En sa qualité de président du conseil de l’Union, Alexander De Croo a reconnu que plusieurs parlementaires sentent dangereusement la vodka dans l’enceinte du Caprice des Dieux. Des députés appartenant à l’extrême droite française et allemande, d’après la députée Nathalie Loiseau (du groupe Renew). On connait également depuis des années les liens qu’entretient la Ligue de l’Italien Matteo Salvini (vice-président du conseil des ministres) avec les services russes – ce qui fait l’affaire de sa redoutable concurrente, la première ministre Giorgia Meloni, plus rusée et moins pro-russe. 

Il ne faut jamais oublier que Poutine est une I.A. fabriquée jadis par le KGB et qu’à l’intérieur du président russe, il y a autant de petits Poutine qu’il y a de matriochkas dans une grande poupée russe.  

www.berenboom.com

MORTS SUR LE NIL

  Le général al-Sissi a battu d’un cheveu Vladimir Poutine à l’applaudimètre. Elu avec 89 % des voix, il a bien mérité d’être récompensé par la Commission européenne qui s’est empressée de lui offrir 7,5 milliards d’euro tirés des poches des contribuables européens. Quand on aime, on ne compte pas. 

Après la Tunisie, la Lybie et la Turquie, il suffit donc d’être dictateur (pardon, d’être élu démocratiquement mais avec des scores qui dépassent largement ceux des rêves les plus fous des dirigeants des partis de la Vivaldi) pour avoir droit à un chèque-cadeau venu de Bruxelles. 

Il n’y a pas plus efficace que les flics égyptiens pour boucler à double tour les candidats à l’immigration vers l’Europe. Témoins, les soixante mille prisonniers politiques bouclés dans les prisons du pays plus étroitement que les pharaons dans les pyramides et, comme eux, pour l’éternité.

Question répression de l’immigration, al-Sissi a déjà fait ses preuves en verrouillant à double tour l’entrée des Palestiniens sur son territoire, Quand on lui a proposé de les accueillir pour des raisons humanitaires, il s’est écrié qu’il n’en était pas question. « Si la situation l’exige, a-t-il menacé, je demanderai au peuple égyptien de descendre dans la rue pour exprimer son refus. Des millions d’Egyptiens vont le faire ». 

Empêcher l’accueil de ses voisins est le seul cas qui permet aux citoyens égyptiens de descendre dans la rue. On suppose que cette annonce d’une manifestation remplit l’objectif du partenariat Egypte-Union Européenne qui promet de travailler « sur l’espace pour la société civile et la démocratie » comme l’a souligné Alexandre De Croo, qui était du voyage sur le Nil.  

L’épisode devrait donner des idées à Poutine. Pourquoi n’y avoir pas pensé plus tôt ? Il est toujours temps de se mettre sur les rangs. 

Ne serait-ce pas une bonne idée que la Russie soit candidate elle aussi à « accueillir » les immigrés des pays du Sud avec lesquels elle flirte ostensiblement depuis le début de la guerre d’Ukraine ? En échange, lui refusera-t-on l’habituelle contribution de Madame van der Leyen et consorts, le sourire crispé d’Alexandre De Croo et la poignée de mains virile de Charles Michel ?

Un million de Russes auraient quitté leur patrie depuis le début de la guerre. Il y a donc beaucoup de logements vacants d’autant que le vieillissement de la population et la démographie en berne assèchent le pays. Bienvenue donc aux errants chassés d’Afrique par la misère, la sécheresse ou la répression dans leurs pays, qui pourront se transformer en moujiks nouvelle génération avec le financement de l’Europe. En plus, ils formeront d’excellents soldats pour affronter les armes ukrainiennes, elles aussi financées par nos soins. Ubu, reviens !  

www.berenboom.com

LA BELLE DAME AUX YEUX BANDES

   Jusqu’ici, la Russie avait une méthode simple pour se débarrasser des encombrants. Ils se jetaient par la fenêtre de leurs balcons, tombaient avec leur avion, se faisaient abattre par des voyous maladroits ou dérapaient sur le sol gelé. On ne compte plus les oligarques, anciens alliés ou collaborateurs du prince du Kremlin, à avoir été ainsi proprement éliminés. Sans compter évidemment ses opposants. Mais cette méthode expéditive n’a qu’un temps. Ce qui pouvait relever du malheureux hasard ou de la bête coïncidence finit par être difficile à justifier devant une opinion publique qu’il faut faire semblant de ménager. 

 Poutine s’est alors souvenu que la justice était le meilleur allié des autocrates. L’opinion publique garde un respect quasi sacré de la belle dame aux yeux bandés. 

La Justice reste le dernier recours contre l’arbitraire, telle est la conviction de beaucoup de citoyens y compris dans les régimes inhumains. Où les juges ressemblent à leurs collègues démocrates, même apparat, mêmes robes, mêmes apparences d’impartialité, écoutant avec la même attention le procureur qui poursuit et l’avocat qui défend les accusés. A la lecture des jugements, motivés, on pourrait croire que les magistrats ont pris leurs décisions en toute liberté. Dans toutes les dictatures, la plupart des juges ont l’air de respecter le cérémonial, font semblant de juger mais se plient aux ordres du pouvoir, parfois même par conviction. Les terribles procès de Moscou menés sous Staline pour éliminer tous ses anciens collègues ont certainement inspiré Poutine. 

  Le mieux c’est de voir des magistrats auparavant honorables jouer le jeu que les dictateurs attendent d’eux. Dans une enquête publiée la semaine dernière, le quotidien « Le Monde » vient d’évoquer le rôle sinistre du Conseil d’Etat français pendant la guerre dans l’élimination des Juifs des fonctions qu’ils exerçaient. La plupart des conseillers qui ont exécuté le nettoyage que les collabos attendaient d’eux siégeaient déjà avant la guerre et plusieurs ont conservé leur fauteuil après la libération. 

 On comprend donc que Poutine ait laissé aux juges en toute confiance le soin d’éliminer Alexeï Navalny, ce qui s’est révélé bien plus efficace que les tentatives d’empoisonnement. 

 Cette fois, la Russie a ouvert une procédure pénale contre plusieurs ministres baltes, dont la première ministre d’Estonie, Kaja Kallas. La Kallas qui n’a cessé de dénoncer de sa voix d’or les abus commis par Vladimir Vladimirovitch qu’elle a qualifié de terroriste. Le prétexte des poursuites ? La destruction de plusieurs monuments érigés sous le régime communiste à la gloire de l’armée rouge. 

  C’est une bonne idée, ça. Poursuivre Poutine pour la destruction des villes ukrainiennes, dont plusieurs ont aussi été construites par les vaillants travailleurs russes… 

www.berenboom.com 

UK-REINE DU BAL

   Quel rôle va jouer Alexander De Croo à la tête de l’Europe – dont Charles Michel guette les faux pas en ricanant, lui qui se voit déjà califtje à la place du califtje après les prochaines élections ? Depuis qu’il occupe le 16, on a plus admiré notre charmant Alexandre dans l’habit de notaire (comme ses derniers prédécesseurs) que sur le fier destrier de Jeanne d’Arc fonçant sus aux méchants, sabre au clair. Façon sans doute de ne pas se brûler alors qu’il doit composer avec une majorité de toutes les couleurs qui refusent de se mélanger.

   Mais, devenu patron du vieux continent, placé sous les spots et en tête de distribution pour six mois, ne va-t-il pas enfin casser l’armure ? Cesser de jouer les gentils toujours d’accord avec tout le monde ? De l’audace, pour une fois, de l’audace ! 

   Voici une proposition qui bousculerait la routine. De Croo vient de répéter l’importance du soutien à l’Ukraine et sa volonté d’accélérer son intégration dans l’Union. Alors, qu’il y aille franchement, que, dans un geste spectaculaire, il cède à mi-mandat son sceptre au président Zelensky ! 

Le premier Ukrainien devenant président du conseil européen, avouez, ça aurait une fameuse allure. Imaginez la tête de Poutine, qui pensait que son ami Orban va succéder à ce brave De Croo, en voyant sur son écran se dérouler la cérémonie de passation des pouvoirs et son meilleur ennemi adoubé devant les vingt-sept chefs d’état et les députés européens. 

   Je ne vous dis non plus pas la surprise interloquée de ses alliés, Xi Jinping en tête, obligés de recevoir Zelensky en qualité de nouveau chef du conseil européen et devoir composer avec la plus tragique victime de ses amis russes.

   Dans la foulée, on pourrait développer cette proposition au-delà d’un semestre. En organisant des sessions du Parlement européen à Kiev, mieux encore à Odessa ? Avouez, la vue sur la mer Noire aurait une autre allure que sur les embouteillages du tunnel Loi. Cela ne devrait pas trop perturber les élus qui ont déjà l’habitude de voyager, comme jadis les rois fainéants, entre Bruxelles et Strasbourg. 

Autre déplacement recommandé, celui de la FN. Pourquoi prendre tous les risques et dépenser tant de carburant pour transporter sur le champ de bataille nos armes et munitions d’Herstal à Kharkiv alors qu’il suffit de déménager la FN directement sur place ? Les Ukrainiens auraient enfin de quoi répliquer aux bombardements incessants, eux dont les troupes, gelées jusqu’à la moëlle, se trouvent de plus en plus démunies des armes que nous leur avons promises et qui font si cruellement défaut.

Prenons garde à ce qu’écrivait Alexandre Zinoviev : “La tragédie russe a ceci de spécifique que d’abord elle suscite le rire, ensuite l’horreur, et enfin une indifférence obtuse.”

www.berenboom.com          

2023 – THE BEST AND THE BEAST

 Au milieu des tourmentes qui agitent la planète, le père Noël nous a demandé de ne relever dans cette dernière chronique de l’année que les quelques bonnes nouvelles des derniers jours, celles susceptibles de redonner espoir dans un monde meilleur et confiance dans la race humaine. Il y en a, bandes de sceptiques, ne ricanez pas. Quant aux mauvaises, tout est question de point de vue. Il faut parfois les retourner pour retrouver son optimisme.  

Tenez, la réélection il y a quelques jours du président Sissi en Egypte. Plébiscité lors des deux derniers scrutins par plus de 96 % des électeurs, il n’a recueilli cette fois que 89,6 % des voix.  

Ce qui signifie, si la perte de ses partisans se confirme dans ces proportions, que dans 5 élections, Sissi passera sous la barre des 50 %. Dans 30 ans, Sissi ne sera donc plus impératrice.  

Lueur d‘espoir aussi pour les catholiques. Le pape a accordé aux couples gays le droit à une bénédiction particulière. Pas encore la reconnaissance de leur mariage, et surtout pas le baptême de leurs enfants. N’est-ce pas une bonne nouvelle pour les gays que leurs enfants échappent aux nonnes et aux curés ? 

En Russie, seize candidats se présentent à l’élection présidentielle. On le sait, tout est truqué, les urnes déjà bourrées et le président Poutine élu avant même que les électeurs ne défilent dans les isoloirs. Pourquoi est-ce alors une bonne nouvelle ? Parce que d’ici la mi-mars, les quinze autres candidats sont (plus ou moins) assurés de ne pas partager le sort de Evgueni Prigojine, l’ex-patron du groupe Wagner, Question de faire des économies. Poutine veut éviter à chaque élimination d’un de ses (soi-disant) opposants de devoir réimprimer encore et encore les bulletins de vote. Enfin, un effet des sanctions européennes. 

La commission européenne fête bruyamment l’approbation de nouvelles dispositions contre les immigrés. Lesquels seront refoulés aux frontières de l’union et parqués, y compris femmes et enfants, dans des centres fermés situés dans les pays voisins (Lybie, Tunisie, Turquie), toutes terres de vacances qui connaissent donc et respectent les bonnes manières à l’égard des étrangers de passage. 

Les gouvernements européens se félicitent et se frottent les mains, débarrassés du problème. Les associations de défense des droits de l’homme dénoncent et fustigent. Seuls satisfaits, les demandeurs d’asile qui errent en Belgique. Jetés à la rue par la secrétaire d’état Nicole De Moor, malgré les condamnations judiciaires dont elle n’a que faire, ils vont enfin trouver un toit pour eux et leur famille. Un peu loin de Bruxelles, peut-être, mais c’est chauffé.  

Quand on vous disait qu’il y a du bonheur dans l’actualité et sous le sapin… 

www.berenboom.com 

SOFAGATE – SAISON 2

Erdogan contraint à un second tour, quelle mauvaise nouvelle pour les parlementaires wallons. Empêtrés dans le Fauteuilgate, ils espéraient liquider vite fait-bien fait tout ce mobilier clinquant, doré, somptueux qu’ils avaient commandé à une société amie pour le fourguer au président turc, qui a un besoin urgent de fauteuils confortables. Tapes à l’œil de préférence. Une fois réélu, il verra en effet défiler à Ankara les représentants de la communauté internationale, venus lui rendre hommage comme ils le font souvent quand un homme a réussi à montrer qu’il est le plus castard de tous. Pas question alors pour le président Erdogan de se retrouver comme il y a deux ans sans même une chaise de cuisine à offrir à la présidente de la commission européenne. On pourrait évidemment suggérer à M. Michel, qui ne voyage qu’en jet privé depuis qu’il a été couronné Charles roi de l’Europe, d’emporter un siège avec lui plutôt que de piquer celui du grand vizir sous le nez de sa collègue. Mais les autorités européennes risquent de refuser de couvrir cette nouvelle dépense somptuaire. 

  L’ancien président du parlement wallon et son greffier, qui font des efforts méritoires pour se faire pardonner leurs extravagances, se remuent sans compter (compter n’a jamais été leur spécialité) pour aider le Parlement à se débarrasser de leurs casseroles. 

  Après la tentative de céder le nouveau mobilier d’apparat à la Turquie (deux millions d’euros), ils tentent de revendre aussi le tunnel qu’ils ont fait construire pour que les députés ne se mouillent pas leurs petits souliers vernis. Mais l’ouvrage est difficile à liquider (trois millions d’euros). 

Au beau temps du mur de Berlin, ils auraient trouvé plein d’amateurs pour acquérir leur beau tunnel. Mais aujourd’hui à qui le refiler ? Aux migrants sud-américains qui pourront ainsi se glisser sous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ? Graisser la patte d’un patrouilleur américain, même de toute une brigade, est beaucoup moins cher. 

Aux Turcs à nouveau ? Pour ouvrir un passage souterrain avec l’Ukraine à l’abri de la mitraille russe ? C’est une idée mais elle se heurte à un obstacle politique. Le président Erdogan préférant s’afficher avec son collègue Poutine qu’avec son voisin Zelensky, il voudra éviter les amers reproches du président russe si certains utilisent le tunnel wallon pour convoyer des armes vers les Ukrainiens. Non merci ! Vos meubles, d’accord mais le tunnel, gardez-le ! Moi, je préfère garder son amitié.   

Resterait alors, en désespoir de cause, à vendre les parlementaires eux-mêmes pour combler les déficits. Petite consolation. Les excellences wallonnes pourront se rendre à Istamboul par l’Orient-Express. Mais, attention, si les meubles sont magnifiques, ils sont vissés au plancher ! 

www.berenboom.com