Aussitôt connue la défaite de son parti aux élections européennes, le président Macron a dissous l’Assemblée nationale et convoqué fissa des élections législatives dès la fin du mois pour remeubler le Palais-Bourbon de frais. De l’air ! De l’air ! Sauf que le frais peut s’avérer glaçant si les électeurs remettent le couvert et reproduisent le menu écœurant de dimanche dernier. Peu importe, pense le président français qui parie que rapidité et réactivité peuvent tenir lieu de programme pour sauver les meubles brinquebalants de sa majorité déjà relative. De toute façon, qui dissèque les promesses politiques ? On s’informe sur les réseaux sociaux où tout est blanc ou noir et où les engagements politiques doivent avoir moins de deux cent cinquante caractères pour être lus.
Vite, vite ! clament aussi les vainqueurs des élections belges. Un Bouchez survolté et un De Wever qui essaye de balayer tout ce qui peut faire obstacle à ses ambitions de diriger le pays se sont lancés dans la formation d’un gouvernement avec moteur turbo.
On a suffisamment déploré la lenteur des précédentes négociations pour leur reprocher de constituer une équipe avant la Saint Glin-Glin. Mais, si on prend le temps de réfléchir, on se demande quel programme peut réunir le libéral belgicain unitariste et le séparatiste flamingant. Et si c’était justement l’absence de programme qui les rapprochait ?
Une photo des deux champions dans leur beau costume sur Instagram, un faux dialogue complice sur Tik Tok, quelques jolies formules frappées au coin du bon sens, le tour est joué et les citoyens embobinés. Ils n’en demandent d’ailleurs pas plus. Ils ont compris depuis longtemps que les promesses n’engagent que ceux qui y ont cru.
Un gouvernement d’abord et un programme le plus tard possible – juste avant la prochaine échéance électorale par exemple, voilà qui devrait satisfaire le bon peuple. Car à quoi bon négocier une interminable feuille de route comme à la formation de la Vivaldi, si c’est pour la laisser au placard ? Nos vainqueurs ont bien compris qu’à notre époque, le citoyen veut qu’on aille le plus vite possible. Dans quelle direction ? Peu importe. Pourvu qu’on y coure. N’est-on pas à la veille des jeux olympiques ?
On comprend qu’avec cet état d’esprit, les plaies majeures qui déchire l’Europe ne sont plus à l’ordre du jour. Le pire du réchauffement climatique n’arrivera que dans cinquante ans. Au dernier moment, il se trouvera bien un politicien qui promettra de le régler à tout berzingue et des citoyens prêts à le croire sur paroles. Quant à la guerre d’Ukraine, elle commence à casser les pieds. Si les Ukrainiens continuent de traîner les pieds sans parvenir à repousser les Russes, c’est sûr qu’ils vont perdre le soutien d’une partie de notre opinion publique. On ne plébiscite que ceux qui agite « vitess’ke » comme slogan.
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