OU EST DONC PASSEE LA 7EME COMPAGNIE ?

 Vous dénoncez Israël ? Vous voilà accusé de vouloir la disparition de l’état hébreu, d’être antisioniste sinon antisémite. Vous dénoncez le Hamas et le Hezbollah ? Vous humiliez les martyrs de la cause palestinienne. Ne seriez-vous pas un agent sioniste ? Avec la guerre d’Ukraine, c’est tellement plus reposant : il y a un mauvais et une victime. 

Mais au Proche-Orient, Dieu s’est amusé à mélanger tous les pots de peinture. Impossible de savoir qui a commencé : les Juifs ? Ils se sont établis dans le pays de Canaan il y a plus d’une trentaine de siècles, fuyant l’esclavage en Egypte et le massacre des enfants hébraïques mâles, sous la conduite de Moïse – lequel est prophète révéré tant par les juifs et les chrétiens que par les musulmans. En voilà un qui serait bien utile pour le moment. Hélas, il est aux abonnés absents. 

Ou les Arabes sont-ils de droit sur le territoire, eux qui se sont emparés du pays, ont chassé les Byzantins et pris Jérusalem au VIIème siècle de notre ère ? Peut-être les Anglais qui ont monté les uns contre les autres, selon leur bonne habitude lorsqu’ils géraient la Palestine ? Ou alors l’ONU en votant la partition de la Palestine en deux états en 1947 ? Ou les états arabes qui ont essayé d’empêcher cette partition en lançant une guerre contre l’état nouveau-né d’Israël ? Arrêtons là cette chronologie. 

   A quoi ressemble la terre où coulait le lait et le miel et qui croule aujourd’hui sous l’acier et le feu ? A une région où toutes les populations souffrent sans que personne ne lève le petit doigt pour proposer la moindre solution diplomatique. 

Pourtant, s’agissant du sud Liban, il s’y trouve dix mille casques bleus, nourris et logés, que tout le monde semble avoir oubliés. Et dont l’entretien coûte aux Nations Unies (donc aux pays riches, donc à nous) plus de cinq cents millions de dollars par an. Des soldats indonésiens, ghanéens, népalais surtout mais aussi cinq cents Français. Déployés pour assurer le respect de la frontière entre le Liban et Israël (ah ! ah ! ah !)

Comment ont réagi les casques bleus quand le Hezbollah s’est mis à canonner le nord d’Israël depuis le 8 octobre, chassant plusieurs dizaines de milliers d’Israéliens de leurs foyers ? Puis quand les Israéliens se sont mis à répliquer chassant autant d’habitants du sud Liban vers le nord du pays ? Où donc est passée la septième compagnie ? 

Ils font aussi bien que leurs collègues au Rwanda quand a commencé le génocide ou dans l’est du Congo, à Srebrenica ou dans tant d’autres territoires en conflit où ils ne servent apparemment qu’à nourrir leurs familles restées au pays en évitant surtout de se faire remarquer. C’est humain, ils risqueraient d’être blessés et ça, ce n’est pas le destin d’un casque bleu. 

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SI PAR UNE NUIT D’HIVER UN VOYAGEUR…

 La Belgique vient de se doter d’un satellite espion qui porte le poétique nom de CSO-2. Vous vous demandez à quoi bon dépenser cent millions d’euros pour ce gadget ? Les autorités s’en tiennent obstinément au secret défense. Mais pas moi. La vérité, la voilà, CSO-2 a pour mission de suivre l’itinérance de Donald Trump, une fois qu’il aura quitté la Maison blanche. 

Le gouvernement tient en effet à éviter à tout prix que l’ex atterrisse en Belgique et demande l’asile politique.  

Dans le cas où notre satellitje repère son avion se diriger vers Zaventem, alerte générale. Il sera prié d’aller ailleurs. Riche ou pauvre, peu importe, pas question d’accueillir un immigré sans emploi. 

  D’autres lieux sur la planète se montreront sans doute moins regardants. Corée du Nord, Syrie, Russie. Mais, à quoi bon ? Dans ces lieux de rêve, une nouvelle carrière politique est impossible pour lui. La popularité des dirigeants locaux y est trop grande pour qu’il puisse les remplacer.  

Israël alors ? A l’idée de voir Trump débarquer chez lui, Netanyahou a fait la fine bouche. Connaissant son grand ami, il sait qu’il n’hésitera pas à se présenter comme premier ministre aux prochaines élections. Et qu’il a des grandes chances d’être élu. 

  A la vérité, Trump a du mal à se voir obligé de s’installer hors des Etats-Unis. Son gendre a tenté de lui remonter le moral en lui offrant une pile de livres racontant l’exil de quelques-uns des plus grandes figures de l’Histoire : Adam et Eve n’ont-ils pas été heureux d’être obligés de quitter le Tigre et l’Euphrate, papounet ? 

– Et alors ? Nous aussi, on a été content de foutre le camp d’Iraq…

– Pense aussi à Moïse qui s’est exilé d’Egypte pour s’installer en Israël. 

– Tu oublies qu’il est mort avant d’y mettre le pied.  

– Et que dis-tu de Constanza ? Un lieu de rêve sur la mer Noire, où avait été relégué le plus grand poète latin, Ovide. Aujourd’hui un port roumain. Mais qui a été âprement disputé par tous ses voisins, Russes, Turcs, Bulgares. 

   Trump lève un sourcil. Un vrai baril de dynamite, ce Constanza ? Je pourrais prendre la direction de la ville ? Justement, la place est vacante. Le maire sortant, Razu Madare a été condamné pour corruption et association de malfaiteurs. 

Et puis rependre la région en mains ? Ca m’amuserait de provoquer quelques courts-circuits entre Russes et Turcs. Le lieu me paraît parfait pour ce petit jeu. 

Et, ajoute son gendre, depuis la malheureuse disparition du dernier dirigeant communiste,  Ceausescu, ses titres sont vacants : Génie des Carpates, Danube de la Pensée, Conducator. 

   Ah ! s’écrie Trump, alors je prends ! 

PS : le titre est emprunté à un des plus fantaisistes écrivains italiens, Italo Calvino. 

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ELOGE DE LA LENTEUR

La Pâque juive célèbre la longue traversée du désert du Sinaï par le peuple juif qui s’est défait de ses chaînes pour rejoindre la terre promise après un désagréable séjour comme esclaves en Egypte.
Quarante ans qu’ils ont erré au milieu des sables alors qu’aujourd’hui, en bus, de Charm el-Cheik à Tel Aviv, le voyage dure environ 10 heures par la route 90. Avec restauration aux étapes et musique de votre choix dans les écouteurs. Où l’on voit la supériorité du GPS sur la Bible et de la technologie moderne sur les vieux papiers.
Pour mettre tant d’années à parcourir ces quelques centaines de kilomètres, Moïse a dû tourner en rond comme égaré dans un labyrinthe et pas un peu. N’est-il pas étonnant que personne parmi les voyageurs qui le suivaient ne se soit rendu compte que leur guide était absolument nul ? Quel charisme devait avoir ce chef pour éviter la moindre rébellion. Vous me direz qu’à voir la longueur de certains règnes récents, ceux des présidents algérien et soudanais par exemple, on s’aperçoit que même au vingt et unième siècle, on peut mener les citoyens en bateau et à la dérive pendant longtemps.
Et Dieu, que faisait-il pendant tout ce temps ? Il n’aurait pas pu donner un petit coup de mains à ce troupeau en détresse qui ne cessait de le célébrer ? Une fois débarrassé des tables de la loi, Il a abandonné son peuple à son triste sort aussi sec et coupé la ligne. Considérant qu’il avait de la lecture pour les longues soirées d’hiver dans le désert. C’est fou que, tout au long de l’Histoire, Il soit systématiquement occupé ailleurs quand on a besoin de Lui.
D’un autre côté, qu’aurait gagné au change le peuple élu si Moïse avait eu le sens de l’orientation ? S’il avait débarqué à bon port quelques jours après que la troupe ait quitté les terres du pharaon plutôt que quarante ans plus tard ? Dans ce cas, personne n’aurait parlé de cette épopée, jamais elle ne serait devenue un mythe. Elle n’aurait pas été le ciment de plusieurs civilisations. Inspiré penseurs, artistes, philosophes.
A son arrivée en Canaan, Moïse aurait été remplacé par un jeune ambitieux comme l’a été Churchill, désavoué par les électeurs une fois la guerre gagnée. Les Tables de la loi auraient été vite oubliées dans un coin. Et personne n’aurait entendu parler de la Bible ! Un bouquin qui reste un tel best-seller tant de milliers d’années après avoir été écrit, dites-moi si ça ne valait pas quarante ans d’errance ?
De plus, personne n’aurait songé à fêter ce voyage dément. Il n’y aurait jamais eu ni Pâque ni Pâques, pas d’œufs en chocolat, pas de congés scolaires pour célébrer cette errance survenue il y a près de trois mille cinq cents ans.
Comme quoi, la lenteur parfois, ça a du bon !

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PRO – FÊTES

A quoi ressemble cette fichue querelle autour du prophète, bon Dieu ? Les pour, les contre s’affrontent avec tant de rage et une telle mauvaise foi que je ne m’y retrouve pas. Pour être franc, ce sont surtout ceux qui sont contre que je ne comprends pas. Car moi, je serais plutôt pro-fête. Et je ne vois pas pourquoi ceux qui préfèrent méditer seuls se permettent d’empêcher les autres de faire la nouba.

Que des croyants énervés ne me jettent pas la première pierre – ni le reste du tas. Fête et prophète font parfaitement la paire. C’est ce que révèlent les textes sacrés si on prend la peine de les lire.

L’Islam, comme le judaïsme, célèbrent Aaron, le frère de Moïse et de Myriam. Or, qu’est-ce qui a rendu ce type célèbre ? D’avoir profité de l’absence de son frère, parti chercher les tables de la loi, pour organiser une gigantesque party au cours de laquelle, dit la Bible, « Le peuple s’assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour se divertir » et pour fabriquer un veau d’or en fondant tous les bijoux de l’assistance (Exode, 32).

Passons sur Moïse, nettement moins gai que son frère. Les dix plaies d’Egypte, l’exode dans le Sinaï, le massacre de différentes tribus. Pour en venir à Abraham, prophète-clé de toutes les religions monothéistes. Sa vie sexuelle est un exemple pour la jeunesse, surtout la jeunesse pieuse. Adepte du ménage à trois, Abraham vit avec sa femme, Sarah, et sa servante Agar, devenue sa maîtresse. Bon, c’est vrai. Entre les deux gamines, il y a parfois une sacrée électricité dans l’air. Mais pas au point d’empêcher notre Abraham de faire la fête et des enfants à l’une et à l’autre. Puis de faire passer Sara pour sa sœur auprès du roi, qui la prend aussitôt pour épouse. Joyeuse époque. Comme celle de David. Deuxième roi d’Israël et prophète de la religion musulmane, en voilà encore un qui n’a pas vraiment vécu comme un moine. Il chante, il danse, il boit. Il séduit les femmes. Toutes plus belles et plus attirantes, dont la célèbre Bethsabée, l’épouse d’un de ses officiers. Qu’il envoie en première ligne, en guise de remerciement, où il se fera abattre. Morale de l’histoire, Dieu n’est pas content du comportement de David, pas du tout. Mais il lui pardonne. Quelques-uns devraient en prendre de la graine, tiens.

Comme quoi, ceux qui affirment de manière péremptoire qu’ils représentent Dieu ou ses prophètes feraient bien, avant d’étudier le mode d’emploi du kalachnikov, d’abord d’apprendre à lire puis se pencher sur les textes sacrés de leur religion, dont manifestement ils n’ont pas appris le premier mot.

« Si Dieu le voulait, tous les hommes de la terre seraient croyants. Est-ce à toi de contraindre les hommes à devenir croyants ? » (Coran, X, 99).

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