Quelle affaire cette arrivée de Depardieu en Hainaut ! D’accord, ce n’est pas seulement la beauté des femmes qui l’attire en Belgique. C’est le fric. Le sien. Comme des milliers d’autres Français qui ont choisi de voyager pour payer (légalement) moins d’impôt. Ce n’est pas bien. C’est un vilain pied-de-nez à tous ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas s’expatrier. Mais de là à provoquer pareille crise de nerfs chez intellectuels et politiques de gauche… Qu’auraient-ils dit si l’homme à la Mammuth était devenu le bras droit des Le Penn ? Dieudonné et Depardieu, c’est tout de même deux dieux différents…
Il y a quelques jours, Edwy Plenel parlait dans ces colonnes de « barbarie ». Barbarie ? Eh, Edwy ! Il ne part pas en Syrie, votre Depardieu, ni à l’est du Congo ni dans le nord du Mali. Même pas en Suisse ou dans les îles exotiques comme quelques-uns des plus grands musiciens anglo-saxons. Ou à Monaco comme beaucoup des meilleurs sportifs belges. Il pose sa moto juste à quelques kilomètres de Mons où les impôts, je vous assure, sont pas piqués des vers…
Barbarie ? Faut faire attention à l’usage des mots. A force d’être banalisée, l’indignation, pour reprendre un autre mot galvaudé, devient une activité aussi révolutionnaire que faire ses courses le samedi avant Noël.
Le problème de Depardieu, c’est qu’à l’instar des grandes gueules qu’il incarne à l’écran, il n’est pas du genre discret. A la différence des autres voyageurs fiscaux. Il aime marquer son territoire quand le besoin pressant s’en fait sentir. Remarquez. On va peut-être y gagner un vrai Belge dans un pays où d’autres, à force de marquer leur territoire de plus en plus petit, vont finir par le faire disparaître. Faudrait peut-être pousser l’ami Gérard en politique. Depardieu contre De Wever. On pourrait s’amuser…
Certes, son attitude est égoïste, un mauvais exemple dans une période terrible où la solidarité devrait être plus que jamais érigée en vertu. Mais l’époque n’est-elle pas à l’égoïsme généralisé ? Chacun veut préserver le bout de son nez pour éviter qu’il ne tombe par grand froid. Il ne faut pas aller loin de chez nous pour déplorer le manque de solidarité. C’est le programme de la N-VA qui veut garder « l’argent flamand en Flandre ». Ou notre pratique quotidienne quand nous téléchargeons des films de Depardieu illégalement parce que, comme lui, on n’a pas envie de payer si on peut l’éviter. Sans nous soucier nous non plus des conséquences.
Qui renoncera cette année au foie gras, à la dinde farcie, au homard à l’Armoriquaine pour nourrir les petits Chinois qui meurent tous de faim ? Quoi ? Les Chinois ne meurent plus tous de faim ? Décidément, tout fout le camp…
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