GOOD NEWS

Vous n’osez plus ouvrir votre journal depuis quelques mois ? Le monde repeint en noir vous prend à la gorge ? Je partage votre sentiment. Et j’ai décidé de vous redonner le goût de l’actualité. Et quelques occasions de vous réjouir de ce début d’année 2015. En oubliant les attentats, les catastrophes, les meurtres et les guerres aux portes de l’Europe. Oui, il y a aussi de bonnes nouvelles.

Tenez. Les vacances de Bart De Wever. Parti aux sports d’hiver avec sa joyeuse famille, le président de la N-VA a réussi à n’agresser personne pendant toute une semaine. Entouré par un escadron entier de policiers, même s’il avait glissé sur la poudreuse, notre génie des Carpates et des Alpes réunies se serait heurté à un véritable mur humain. Tandis que quatre véhicules blindés, également envoyés de Bruxelles, l’empêchaient de se jeter sur d’autres skieurs. Le ministre de l’intérieur, décidément très prévoyant, avait même ordonné que l’escorte soit armée, ce qui aurait permis de l’abattre s’il n’y avait vraiment rien d’autre à faire pour maintenir intacte l’image de la Belgique.

Autre bonne nouvelle, l’indice électricité est au vert, comme le répète matin, midi et soir le bulletin météo.

Cet indice tout neuf, créé spécialement pour sortir les déprimés de leur torpeur, ne sert à rien. Il ne passera au rouge que si une succession d’attentats coordonnés faisaient sauter toutes les centrales en même temps une nuit de grand gel. Mais l’astuce est d’avoir compris combien il était rassurant pour l’auditeur d’entendre une non-information. Par les temps qui courent, le fait qu’il ne se soit rien passé est déjà une bonne nouvelle. Quel truc diabolique, ce fameux indice ! Les têtes pensantes d’Electrabel méritent l’oscar du meilleur scénario. Jamais plus, le gouvernement n’osera toucher à ses privilèges ou à une seule pièce d’or de son trésor de guerre. Sinon, gare ! L’indice passera à l’orange et, si votre sale main publique continue à fouiller ma poche, au rouge. Et là, panique garantie !

Mais que faire pour maintenir la bonne humeur lorsque l’hiver sera fini ? Avec l’arrivée du printemps, je suggère dans la même veine l’indice bourgeon vert. Là non plus, on ne court aucun risque. Dès la fin du mois, la météo annoncera l’arrivée de nouveaux bourgeons dans nos parcs et nos jardins. D’abord à la mer puis, peu à peu, le bonheur gagnera tout le pays. On peut faire illusion facilement pendant un mois. Après, faisons confiance à Electrabel. Elle trouvera autre chose pour faire peur. A moins que les banques ne sortent à leur tour de leur chapeau une idée lumineuse. Elles sont aussi imaginatives que notre électricien quand il s’agit de secouer les caisses de l’état.

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LA SEMAINE D’EOLE

  Mon livre préféré quand j’étais enfant racontait l’histoire des trois petits cochons. Signé de Walt Disney, on y voyait un grand méchant loup effrayant avec des yeux immenses et un museau de crocodile, d’où s’échappaient quelques gouttes de bave. Ce que j’aimais surtout – parce que c’était l’image qui m’effrayait le plus – c’était la scène où le grand méchant loup soufflait la baraque en paille et en bois des deux premiers petits cochons. Sur le point de passer à la casserole, ils échappaient de peu au loup dans la maison en brique construite par le troisième.

Les habitants des Philippines n’ont pas eu cette chance. En brique, en béton, en bambou ou en bois, tout a été emporté comme fétus de paille par un Eole en rage.

« Décampe! Tu reviens sous le courroux des dieux!” crie le dieu furieux à Ulysse rejeté sur le rivage de son île – sous la plume d’Homère.

Combien de dizaine de milliers de morts en quelques minutes ? On ne le saura jamais. Juste un solide coup de vent courant à la vitesse d’une BMW M6, pas plus. Entre temps, on discutait à Varsovie des mesures à prendre pour le réchauffement climatique, étant entendu que chacun exigeait que ce soit son voisin ou mieux encore, le voisin de son voisin qui prenne les mesures les plus difficiles pour empêcher les prochaines générations de devoir émigrer sur une autre planète lorsque l’atmosphère de la nôtre aura été soufflée comme jadis celle de Mars, tel le chapeau des Dupondt, emporté par le khamsin dans le désert au pays de l’Or noir. Le pétrole justement, source de la colère des dieux et de leur bronchite, dont on a dit qu’il a boosté la civilisation mais qui pourtant est en passe de la faire périr…

Je songeais au sort de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, de cette nation balayée pour des dizaines d’années en écoutant à la radio le reportage d’un envoyé spécial. Revenu sur antenne, le présentateur enchaîna sans transition avec la séparation de Jean Dujardin et de sa compagne. Interview, commentaire atterré de l’acteur. Le sujet prit le même temps que celui consacré au typhon, au dénuement des survivants, à l’impuissance des secours. Ce jour-là, le débat qui suivait le journal portait sur la légalité de l’arrestation d’un député régional, soupçonné de meurtre. Faut-il ou non lever son immunité parlementaire ? Voilà ce qui retenait tous les commentaires. Pas la victime, comme le relevait judicieusement Pierre Mertens. Les mortes, décidément, ici et là, seules ou en masse, n’ont pas de chance avec l’info. Faut faire sexy maintenant pour maintenir l’audience et la pub. Être dans le chaud, l’immédiat. C’est vrai que la mort, ce n’est pas très sexy, même celle de notre planète. Et surtout trop lent pour intéresser les auditeurs.

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