Internet a de nouveaux héros, les Anonymous, des hackers déguisés en clowns qui manient le clavier d’ordinateur comme Robin des Bois jadis l’arc et les flèches. Comme ils prétendent défendre les braves internautes contre les méchants auteurs, acteurs, chanteurs, producteurs de films et de musique, bref tous ceux dont les œuvres sont pillées par de gentils pirates, il est mal vu de les qualifier de terroristes.
Les dernières cibles des Anonymous ? Le FBI et la commission européenne.
Le FBI car les G-Men ont osé arrêter le boss d’un des plus populaires site de téléchargement illégal, Magaupload, un certain Kim Dotcom, qui a l’allure invraisemblable du vilain gros Allemand tel qu’on n’a plus osé le représenter dans le rôle du méchant depuis les BD et les films des années cinquante.
Et la Commission européenne ? Si elle se retrouve dans le collimateur, c’est pour avoir signé le mois dernier un accord de coopération internationale, l’ACTA. Ce traité a pour ambition d’harmoniser les outils de lutte contre la contrefaçon sur le web et de rendre plus efficace une coopération internationale permettant de débusquer les sites pirates. Notamment en confiant aux fournisseurs d’accès la responsabilité de contrôler le contenu des sites.
Alors quoi ? Il y a d’un côté les gentils internautes, ivres de liberté, qui exigent de consommer films et musique sans entraves. Et de l’autre, Disney et autres affreuses multinationales, avides de dollars, et assises sur des films et des groupes dont ils interdisent l’accès ?
La vérité est moins binaire.
Ainsi, le vilain pirate allemand n’était pas un poétique hippie vivant d’amour du cinéma et de schnaps fraîche. Il avait amassé un immense trésor de guerre, des voitures de luxe en veux-tu en voilà, grâce au pognon des pauvres cloches qui payaient pour visionner des films que M. Dotcom allait piquer chez les titulaires de droits.
Mais alors, pourquoi ces Anonymous agitent-ils en grognant leurs masques de mardi gras ? Décider, comme ils le font, dans la plus parfaite opacité ce qui est bien et ce qui est mal sur Internet, non, mais pour qui ils prennent ?
Détail piquant, les autorités européennes se comportent exactement comme les Anonymous dans l’élaboration de l’ACTA. Discussion des textes de ce traité dans la plus parfaite opacité par on ne sait qui, abandon du contrôle public de la piraterie au profit d’entreprises privées, transformées en douaniers. Pardon mais les eurocrates ont une fois de plus tout faux, eux aussi.
Vraiment, il est temps que les élus reprennent la gestion des affaires publiques en mains ! Que ce soit dans la notation des états, le contrôle des banques ou de la protection des droits des créateurs !
www.berenboom.com