BABELAGE ET CLABAUDAGE

A la tribune du congrès de Vooruit, réuni pour approuver l’entrée du parti dans le nouveau gouvernement flamand, Conner Rousseau a critiqué Annick De Ridder, l’une des ministres à peine nommée de son nouveau partenaire, la N-VA, en la traitant de « Margaret Thatcher » (une terrible insulte). Conner Rousseau s’est comme d’habitude excusé en disant qu’il ne savait pas qu’il n’y avait des journalistes dans la salle !  

Ajoutant qu’il va réparer sa bévue en allant boire un verre avec Annick. Pauvre Annick ! Dieu sait ce qui l’attend à la fin de la soirée quand on connait le genre de propos qu’est capable de tenir le sale gamin quand il est pochetronné…

On se souvient qu’après avoir incité la police de sa commune à matraquer les Roms du coin, le parquet l’a obligé de suivre une thérapie pour prendre conscience du poids de ses propos, visiter la Caserne Dossin à Malines et dialoguer avec la communauté rom.

A quoi va-t-on le condamner cette fois ? A visiter la tombe de quelques anciens collabos flamingants sur laquelle se sont penchées quelques excellences de la N-VA ? Façon de mieux comprendre ceux qui dirigeront le gouvernement auquel s’est associé Vooruit ? A visiter quelques hôpitaux britanniques pour se rendre compte dans quel état Madame Thatcher a laissé les services publics ?

Il devait y avoir quelque chose de pernicieux dans l’air cette semaine puisqu’au même moment, voilà que le pape François, souriant et patelin, a brusquement dérapé à propos de l’égalité entre hommes et femmes avant de se lancer dans une diatribe ahurissante contre l’avortement et les médecins qui le pratiquent qualifiés de « tueurs à gage ». Il aurait dû se souvenir que Georges Brassens chantait « Sans le latin, la messe nous emmerde ». Au moins personne n’aurait déchiffré ou compris ses ineffables propos. Certainement pas les familles de ces femmes mortes avant l’adoption de la loi dépénalisant partiellement l’avortement du 3 avril 1990 ou dont la vie a été blessée.

Est-ce pour éviter tout dérapage du pape que les partis de la future majorité ont bloqué le projet de loi prolongeant le délai d’avortement ? Dans ce cas, messieurs-dames, c’est raté ! Dans le genre, François a fait mieux que Conner Rousseau.

Reste à imaginer quels travaux d’intérêt général le parquet va imposer au pape pour ses propos assassins. L’obliger à un chemin de croix sur la tombe de toutes les femmes brisées par un avortement clandestin ? Ou dire une messe en l’honneur du sénateur Roger Lallemand et de la sénatrice Lucienne Herman-Michielsens ? 

PS : sortie ce week-end de la nouvelle enquête de Michel Van Loo, détective privé, « Le Coucou de Malines » (éditions Genèse), un polar qui plonge dans la Belgique de 1957. 

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TÊTE DE TURC

   Une partie des personnels des hôpitaux (surtout francophones) ont manifesté mardi dernier contre l’obligation vaccinale. Soulagement ce jour-là pour les patients des établissements de soins : les soignants non vaccinés étaient dans la rue, pas à leur chevet. 

   Le gouvernement se demande comment éviter la disparition d’une partie des blouses blanches après le vote de la loi sur la vaccination obligatoire. C’est simple : il suffit de faire défiler les anti-vax tous les jours, ce qui évitera leur licenciement si décrié tout en préservant les malades de l’infection.  

    Peu auparavant, les syndicats défilaient pour le pouvoir d’achat et quelques jours plus tôt, c’était la maréchaussée qui battait le pavé. 

    Et demain ? Les fans frustrés par la fermeture des discothèques, les pompiers lassés d’arroser les manifestants, les taximen et uberistes à tour de rôle, les employés et fonctionnaires fatigués du télétravail, les profs dont les classes ferment un jour sur deux, les élèves qui étouffent sous le masque. Même l’association des St Nicolas proteste après l’annulation de la Party qui était prévue le week-end dernier au Sportpaleis d’Anvers et qui devait rassembler 100.000 personnes (ne vous frottez pas les yeux, il y en a autant qui se presse au marché de Noël dans le centre de Bruxelles sans que les autorités ne s’en inquiètent). 

   Les Grecs ne sont pas en reste : ils se proposent de saisir le parlement européen afin que l’on oblige tous ceux qui utilisent les lettres de leur alphabet pour désigner les nouveaux variants du Covid-19 de payer des royalties. Habile façon de renflouer le budget de leur pauvre pays. En échange, promettent-ils, ils accueilleront enfin décemment les réfugiés qui s’entassent dans des camps à côtés desquels les favelas apparaissent comme des quartiers chics. Mais, méfiance, rappelons-nous ce que faisait dire Virgile à un des personnages de l’Enéide : « Je me méfie des Grecs même lorsqu’ils promettent des cadeaux » …

   Drôle d’époque où tous les mécontents ont trouvé leur tête de Turc. Tout ce qui nous tombe dessus, c’est la faute du gouvernement ou du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, pourquoi pas du ministre du Budget wallon, en tout cas des dirigeants politiques de notre abracadabrant pays. C’est vrai que manifester dans les rues de Bruxelles contre ce sacré virus (« Covid, bas les pattes ! Tu as eu notre peau, nous aurons la tienne ! ») risque de rester sans effet vu sa compréhension limitée du français et du néerlandais.  

   De Croo et son équipe paraissent donc avoir le profil idéal pour continuer à jouer les Guignols jusqu’à ce que ce brave coronavirus veuille bien aller se promener sur une autre planète…

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LA FUREUR DE VIVRE

   Le gouvernement vivaldien a réussi à serrer les rangs de son équipe hétéroclite en fêtant la rentrée politique avec une décision audacieuse : la fin des maladies de longue durée. On le sait depuis la nuit des temps, la meilleure façon de souder le peuple autour de ses dirigeants est de lui trouver un ennemi extérieur. Les malades, quel excellent bouc-émissaire ! D’autant qu’ils sont généralement trop faibles pour réagir. Comme le disait Machiavel, vaut mieux s’attaquer à moins fort que soi. De préférence malade et au lit. 

D’ailleurs, le coup semble sur le point de réussir. Depuis l’annonce du Premier cette semaine à la tribune de la Chambre, c’est la panique dans le monde des microbes, virus et autres crasses. Leurs représentants songent très sérieusement à faire appel aux instances internationales, à l’ONU même, pour s’opposer à cette hécatombe, ce crime de masse, ce génocide programmé. 

Dire que M. De Croo a osé se vanter cyniquement du succès de sa lutte contre le corona juste avant d’annoncer que les malades n’avaient qu’à bien se tenir. Cette campagne de lutte contre la covid, cette vaccination en masse, on le comprend à présent, n’avait servi que de banc d’essai à une agression autrement plus large contre toutes les espèces de maladies.

Restait la question pratique. Comment remettre les malades de longue durée au travail ? Les convaincre que leurs bobos sont terminés, que les agents infectieux qui les empêchaient de retourner au boulot sont éliminés ? 

Ce sera difficile si les médecins continuent à leur refiler des certificats, s’ils prétendent souffrir de maux divers qui les empêchent de se déplacer, de faire le job, qu’ils se sentent incapables de discuter vaccins, foot, sexe et vacances avec leurs collègues plus vaillants à la machine à café. 

Les ministres ont longtemps planché sur la question. Il a fallu plusieurs nuits d’insomnie, des claquements de porte, mais l’effort a finalement payé. Et lorsque la solution est apparue, elle a semblé à tous aussi lumineuse que les premiers rayons du soleil au lever d’un jour d’automne. Une loi. Il suffit d’une loi pour interdire les maladies de longue durée. Quelle idée géniale ! Aussi simple que l’œuf de Colomb. Décidément, l’imagination est au pouvoir dans l’hepta-gouvernement multicolore.   

D’autant qu’on devine la suite. S’il n’y a plus de malades, à quoi bon encore des médecins, des infirmières, des ambulanciers, des hôpitaux, des pharmacies ? Fini aussi la sécurité sociale qui nous coûte les yeux de la tête. Dans la foulée, ne devrait-on pas supprimer également la mort ? Car si les maladies ont disparu, à quoi pourrait-on encore succomber ? 

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