LES POLITICHIENS ABOIENT, LE CORONA PASSE …

  Dans sa tumultueuse conférence de presse consacrée au “déconfinement” la Grande Sophie nous a plongés dans un brouillard londonien directement inspiré de « La Marque jaune ». (Bravo ! Elle a de bonnes lectures !) Un effet de l’heure avancée ? De sept heures de discussion avec les ministres-présidents divers et variés qui parlent au moins trois langues différentes et sans sous-titres ? 

Essayez donc de comprendre le déconfinement en trois phases et demi dont la première se divise en deux mais qui n’en était qu’une pendant que la quatrième ne serait précisée que dès que la troisième aurait été confirmée, le numéro était savoureux. Bravo ! Mais, pourquoi la Grande Sophie a-t-elle le droit de donner son show en live tandis qu’Alex Vizorek a dû annuler son spectacle, ainsi que tous les autres théâtres du pays ?   

En s’efforçant de voir clair dans ce bazar, les commentateurs ont loupé une phrase essentielle de la Première: « Tout ce qui n’est pas autorisé n’est pas permis » a-t-elle glissé au passage comme une évidence. Balayant ainsi, en quelques mots faussement banals, une règle essentielle de notre démocratie : « Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé ». Juste le contraire de son affirmation. 

On est surpris qu’aucun groupe politique d’opposition, pourtant si prompt à rappeler aux citoyens qu’il est toujours vivant, n’a relevé ce monstre juridique. 

Ils ont d’autres chats à fouetter ? Depuis qu’on a appris que le deuxième meilleur ami de l’homme est sensible au virus, c’est vrai qu’il faut y prendre garde.

Les principes constitutionnels n’ont de toute façon plus beaucoup d’avenir dans le monde d’après. Avec les applications de flicage sur votre santé, les plus absurdes prévisions d’Orwell sont dépassées. Elles resteront anonymes, vous promet-on. Mais pas pour tout le monde. Si votre téléphone fait « tilt », trois médecins masqués et cagoulés débarquent chez vous et vous emmènent comme un poisson congelé. 

Aujourd’hui, c’est le corona que l’on va tester. Et demain ? Votre état mental ? Le nombre d’heures que vous passez à revoir « Les Feux de l’Amour » ? 

C’est pour d’aussi généreux motifs que certaines universités envisagent un logiciel « anti-triche ». Pour vérifier, si vous êtes étudiant en médecine, que le Dr André, dissimulé sous votre chaise, n’est pas en train de souffler les réponses. Ou que les filles qui font la fête dans votre kot et qu’on aperçoit dans le fond de l’image respectent bien la distance sociale.

Les politichiens aboient, le corona passe…

Méfiez-vous tout de même. C’est Orwell encore qui a écrit: “Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air.”

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DECONFINE ! DISENT-ILS

Déconfiner, donc. Pour les uns, un mot menaçant, qui sonne comme décaféiné, désemparé ou déprimé. Pour d’autres, une promesse qui rime avec déconner, dénuder ou démasquer. 

   On a beaucoup discuté de la manière de nous déconfiner – le débat n’est pas clos. On a parlé de libérer d’abord les jeunes, les femmes, les enfants, moins ciblés par la vilaine petite Covid. On comprend que pareilles discriminations seraient injustes et inappropriées. Aussi, penche-t-on à présent vers une hiérarchie selon les professions.  

D’abord on libérera ceux qui travaillent dans les airs. Le père Noël puisqu’il passe au dessus des toits est invité à revenir dans les prochains jours distribuer ses cadeaux. Ce n’est pas la saison ? Peu importe, les enfants ont besoin d’être consolés. 

Les nettoyeurs des boules de l’Atomium ainsi que les peintres en bâtiment travaillent eux aussi à une hauteur qui garantit le maintien de la distance sociale (à condition de ne pas vous pencher pendant qu’ils chantonnent à tue-tête devant vos fenêtres). 

On songe aussi à rouvrir l’antre des voyantes. Elles constituent un service essentiel en ces temps de brouillard. Selon le Dr Raoult, qui traite avec beaucoup de sérieux le virus de la galéjade qui sévit actuellement dans les hôpitaux de Marseille, la boule de cristal, placée sur le guéridon, constitue une barrière efficace contre la propagation de l’épidémie. D’après ses observations, les esprits qui la hantent absorbent les virus avec le même appétit que les pangolins. 

Madame Wilmès s’est déjà empressée de prendre rendez-vous avec Madame Irma avant même la réouverture de la Foire du Midi. Elle attend beaucoup plus de ses prévisions que de celles de Bart De Wever, un rabat-joie qui n’a manifestement pas acquis le don de double vue malgré une grande consommation de gel hydro-alcoolique. La Grande Sophie aimerait savoir à quelle date elle peut prendre rendez-vous avec sa coiffeuse. Deviner aussi de manière précise le jour où Madame De Block lui claquera enfin sa démission. Et connaître le nom de son successeur. A moins que Madame Irma, elle-même, n’accepte de prendre le relais, ce qui serait certainement la solution idéale. Car la Première en a assez d’entendre les scientifiques avouer qu’ils ne savent rien ni sur ce qu’il faut faire ni sur ce qui se passera demain. 

Architectes et urbanistes sont aussi sollicités pour réorganiser bâtiments et rues. On pense à construire à la hâte des trottoirs superposés sur plusieurs étages, tels des lasagnes, qui permettraient aux passants d’avancer chacun à une hauteur différente. De même dans les immeubles de bureaux, on percerait des couloirs parallèles pour que les employés ne se croisent jamais. 

L’imagination au pouvoir ! Merci au corona-virus qui donne l’occasion de booster notre civilisation qui s’était un peu endormie…

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