IKEA MODE D’EMPLOI

Qu’est-ce qui a poussé des milliers de Montois à se précipiter à l’ouverture d’un nouveau magasin Ikea ? Plusieurs hypothèses circulent. Selon certains, ils se sont laissés prendre par un bête canular. Un plaisantin avait prétendu que la firme suédoise avait promis une récompense d’un million d’euros au premier visiteur qui achèterait l’armoire contenant Salah Abdeslam.

Impossible, évidemment puisque l’homme le plus recherché du pays passe ses journées dans les trains de la SNCB, engagé par la ministre Galant, pour tester la rapidité du réseau à deux voies. Jusqu’ici, il a en tout cas prouvé que même un homme peut prendre les voiles en Belgique sans se faire remarquer.

Autre hypothèse : la ville de Mons a annoncé qu’Arne Quint avait accepté de couvrir tout le centre ville d’une sculpture qui symboliserait les tunnels bruxellois. Le nouvel Ikea, tout de béton frais, a paru à une population affolée le meilleur abri contre cette prolongation intempestive des élucubrations de l’artiste vedette de la « capitale culturelle de l’Europe. »

D’autres encore ont voulu démontrer par cette manifestation leur attachement à la suédoise, une vraie provocation dans la ville du président du parti socialiste où personne ne s’attendait à un tel le cri du cœur pour le MR, à la veille de la Saint Valentin. Même pas Charles Michel qui n’a pas songé à faire le déplacement. Aïe ! Une occasion ratée de se faire applaudir par une foule en délire pour un premier ministre dont l’unique boulot semble être de multiplier les communications pour s’autocélébrer le meilleur chef de gouvernement depuis la Libération.

En visitant le nouveau supermarché du meuble, il aurait au passage pu glaner quelques idées pour rafistoler son équipe, redresser Théo Francken dont les joints lâchent de plus en plus souvent, remettre sa Galant sur ses voies, expliquer à son ministre des finances les bienfaits de l’esprit de l’escalier, acheter un peu d’éclairage à quelques obscurs membres de son équipe, apprendre à sa ministre de l’énergie, Marie-Christine Marghem, l’art de bricoler une centrale nucléaire en ruines en lui redonnant un peu de couleur avec de la peinture fraîche et en éliminant les fissures avec de l’enduit et du mastic. Certes, sa durée de vie ne sera pas plus longue que celle d’une étagère Ikea mais ça donnera un moment l’illusion. Le ministre De Croo, chargé de la coopération au développement mais aussi grand prêtre du libéralisme à tous crins pourrait se réjouir qu’une entreprise qui a utilisé pendant des années, avant la chute du Mur, des travailleurs forcés dans les pays de l’est, se soient tournées vers de petites mains asiatiques pour fabriquer des produits étiquetés « made in Sweden ». Un label porteur pour un gouvernement de bric et de broc qui cherche toujours le mode d’emploi.

www.berenboom.com

L’ERE DU FAUX

On n’avait pas encore trouvé d’étiquette pour le vingt et unième siècle. Le siècle des Lumières était déjà pris. La Renaissance aussi. De toute façon, personne n’aurait osé coller ces merveilleux qualificatifs sur une ère inaugurée par les attentats du 11 septembre, suivis des ravages qui dévorent le Moyen Orient, la Lybie, l’Ukraine pour citer les plus joyeux …

Le scandale du poisson qui vient d’éclater cette semaine en Belgique mettra tout le monde d’accord : ce siècle sera baptisé un jour par les historiens le siècle du Faux.

Faux poisson dans les assiettes, fausse viande dans les surgelés, fausses émissions de CO2 dans les bagnoles, fausses compassion pour les réfugiés, les pauvres, les immigrés, faux seins, faux dieux, fausses performances sportives. Ce n’est pas un hasard qu’en Belgique, le gouvernement Michel s’est lancé dans une politique de contrefaçon dès son entrée en fonction. Il était dans l’air (et l’ère) du temps avec les chiffres fantaisistes de la SNCB balbutiés par madame Galant et ces faux ministres démocrates qui, juste avant la déclaration gouvernementale, couraient fêter leur arrivée au pouvoir avec un ancien collaborateur des nazis.

On peut y ajouter, et pas seulement du côté de chez nous, la politique systématique des fausses promesses : baisse du chômage, lutte contre la pollution, baisse des impôts, amélioration de la justice. Si, si, promis, juré ! Tu parles !

La technologie n’est pas en reste : le développement du monde virtuel nous donne la fausse impression d’être connectés en permanence au reste de la planète, que nous avons notre mot à dire dans les grandes questions du monde comme dans les plus petites, que nos tweets influencent ceux qui nous dirigent, que nous avons accès aux connaissances universelles, que nous sommes intelligents et cultivés et que nous pouvons rencontrer les plus belles filles du monde d’un simple clic.

Le phénomène va s’emballer. Déjà s’annoncent d’autres machines à fabriquer le faux en quantité industrielle comme la photocopieuse 3-D. Un automate qui va nous permettre, paraît-il, de bricoler chez nous, facile et pas cher, tout ce dont nous rêvons. Un poisson en 3-D, la Vénus de Milo, une paire de chaussures Louboutin, un sac Vuitton, ou la fille de la voisine.

Dans ce décor plein d’illusions et de chausse-trappes, comment distinguer le faux du vrai ? Et d’ailleurs, pourquoi, alors qu’il est plus enivrant et plus apaisant de vivre dans la chimère ? Il n’y a vraiment que les obsédés de la théorie du complot qui s’en offusquent. « L’homme n’a jamais marché sur la Lune », « les tours du WTC sont toujours debout ». C’est un comble puisqu’ils participent eux-mêmes à la construction des plus ingénieuses manipulations !

 

www.berenboom.com