On oublie souvent que la fête des pères, que vous célébrerez, je l’espère, ce dimanche, n’est pas celle d’un homme seul. Pour que vous ayez un papa, jeunes gens, il fallait aussi une maman ! Je sais qu’avec l’évolution des mœurs, cette vérité jadis banale devient beaucoup plus compliquée à énoncer. Polémique même. Pour certains, écrire papa-maman est discutable, réactionnaire, politiquement incorrect. Alors, disons que cette fête est celle des paires.
Ce qui souligne l’importance d’être deux. C’est leur duo qui a rendu Laurel et Hardy immortels. Même en politique, la paire a la pêche. Sans Evita, Juan Peron aurait disparu des livres d’histoire. Bill Clinton n’aurait jamais été président sans Hillary. Et Obama aurait eu du mal à triompher une seconde fois sans Michèle à ses côtés. Baudouin-Fabiola ou Albert II-Paola, il fallait qu’ils soient deux pour qu’il soit roi. Et Nicolas Sarkozy aurait déchanté depuis longtemps sans Carla Bruni.
C’est magnifique quand le fils ou la fille prolonge l’œuvre du père. Henry Fonda et Jane. Auguste et Jean Renoir. Certains enfants ne montrent pas toujours une grande reconnaissance à leurs parents. Trouvant toujours une bonne raison pour leur chercher des poux. Regardez l’attitude des vingt six lardons du couple franco-allemand. Ils n’ont manifestement pas la tête à faire la fête à l’Europe. Il est vrai que maman Merckel a tendance à déserter le foyer conjugal pour faire les yeux doux à Poutine et que papa Hollande passe plus de temps à contempler ses chaussures que sa moitié – une expression peut-être inappropriée, s’agissant de la chancelière.
La fête des pères est l’occasion, parfois la seule dans l’année, où père et fils parviennent à se parler. Ah ! Toutes ces questions qui se sont bousculées dans ma tête après la mort de mon père, que je n’avais pas réussi à lui poser de son vivant. Ou plutôt auxquelles je n’avais même pas pensé et qui ont jailli si cruellement après son enterrement. Tous ces rendez-vous manqués… Autour de la table, on ne parlait de rien, de météo, de mes résultats scolaires, du chien de la voisine, du poulet qui avait trop cuit. Ou on se taisait parce que la radio était allumée et qu’on écoutait les infos pour ne pas dialoguer. Comme j’ai regretté plus tard de m’enfermer dans ma chambre, sitôt le repas terminé, de ne pas faire le premier pas, que mon père n’osait pas. Par pudeur, par crainte de se faire rabrouer, que sais-je ?
De beaux esprits ont trop souvent répété qu’il faut « couper le cordon ombilical », rompre avec sa famille pour devenir adulte. Bêtise de transformer ce genre de profession de foi en vérité universelle. Quelle sacré paire on aurait fait, mon père et moi, si seulement on avait accepté de causer. Bonne fête, papa ! Comme ça me manque que tu ne m’entendes pas…
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