LE VIRUS DE L’HUBRIS

En 1665, la peste noire a fait près de cent mille morts à Londres. Il y a tout juste cent ans, l’épidémie de grippe espagnole ravageait les survivants de la grande guerre. Le sida à la fin du siècle puis le virus Ebola il y a trois ans, après avoir miné le Congo, dévorait le reste de l’Afrique. Chaque fois, le mal a coûté des centaines de milliers de morts et des mois, des années de combats médicaux.

Cette fois, l’épidémie guette la Wallonie. Et, comme si les dieux voulaient punir l’hubris, le sentiment de démesure de ceux qui se veulent leur égal, ce sont les puissants qui sont frappés les premiers. Coup sur coup, Stephane Moreau puis André Gilles, les deux matamores des intercommunales, les rois des tuyaux, sont cloués au pieu aussi raides que les pauvres trouffions qui avaient échappé aux massacres des tranchées. C’est même un médecin légiste qui l’atteste, croix de bois, croix de fer. Un médecin légiste ! On n’ose imaginer ce qu’il reste de leurs abats après son passage.

Ce sont les chênes qu’on abat, écrivait déjà André Malraux.

On comprend la réaction furieuse des Flamands : tant que les boss de Publifin et de sa galaxie tapaient dans les caisses des contribuables wallons, ils rigolaient doucement. Mais à présent c’est la sécurité sociale fédérale qui va devoir casquer. Et si elle assure aux malades le salaire qu’ils recevaient quand ils travaillaient (enfin, bon, vous me comprenez), c’est tout le plan d’économie de madame De Block qui part en vrille.

L’Organisation Mondiale de la Santé a déjà prévu l’envoi d’équipes médicales à Liège et à Charleroi. Médecins sans Frontières a décidé de rapatrier une partie de ses équipes d’Afrique pour prendre en charge les administrateurs des intercommunales car le mal risque de se transmettre avec la rapidité que met la commission spéciale du Parlement wallon à adresser ses convocations. La contamination semble fulgurante et rien ne paraît l’arrêter. Même ceux qui étaient payés à ne rien faire pourraient ne pas échapper à l’épidémie car leurs organismes affaiblis par le manque d’activité semblent ne pas pouvoir résister à l’air vicié du Grognon.

Ayant beaucoup travaillé sur le virus de la corruption en Afrique, on peut faire confiance à Médecins sans Frontières pour déceler les origines du mal et le traiter à la racine.

Mais déjà, des spécialistes préviennent : tant que la Flandre ne sera pas séparée de la Wallonie par un mur étanche, le virus pourrait facilement gagner les rives de l’Escaut et de la Lys. Déjà, quelques souches inquiétantes ont été repérées à Gand. Bart De Wever a aussitôt chargé la ministre de la Politique scientifique de prendre en charge les premiers malades. En oubliant qu’il ne reste rien de la politique scientifique belge après le passage d’Elke Sleurs.

 

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AND THE WINNER IS …

La saison des prix littéraires coïncide curieusement avec la chute des feuilles. Façon de souligner la disparition de la lecture ? Allons ! Malgré Twitter et Facebook, pas encore en course pour les récompenses, le livre garde la cote.

A preuve, les awards décernés cette semaine.

Le prix « Trois Chambres à Manhattan» au président Obama. Il avait déjà perdu les deux premières. Voilà qu’il vient de perdre cette semaine la dernière, celle que son parti contrôlait encore.

Le prix « Au-dessous du Volcan » à Charles Michel qui ne sait plus trop que faire pour échapper à l’éruption sociale. Si la lave finit par l’emporter, restera peut-être de son gouvernement bizarre un Pompéi que visiteront les prochaines générations.

Le prix « Les Mains sales » à Théo Francken dont les mauvaises fréquentations peuvent avoir des conséquences sur sa santé (et la nôtre).

Le prix « Au cœur des ténèbres » à Bart De Wever dont les intentions cachées sont de moins en moins lisibles mais de plus en plus inquiétantes.

Le prix « Cent ans de solitude » à François Hollande, déjà lauréat du prix « La Saison des Pluies » l’année passée.

Le prix « Dix petits nègres » à Matteo Renzi qui aura réussi à éliminer un à un tous les acteurs de la politique italienne des vingt dernières années. On l’incitera cependant à ne pas céder à l’euphorie en lui rappelant qu’à la fin du roman, l’assassin meurt aussi…

Le prix « Les âmes mortes » à Didier Reynders et à Elke Sleurs, un prix réservé aux fossoyeurs chargés de la tâche redoutable de mettre en terre la culture et la science belges, tout ce qui restait de l’âme de notre pays. Vu le nombre de cadavres qui attendent à la morgue, certains ont proposé de scinder ce prix et de le rebaptiser « De Sang Froid ».

Le prix « Autant en emporte le vent » à l’ensemble de la classe politique pour appliquer après chaque élection les mesures qu’elle combattait avant.

Le prix « Vingt ans après » à Nicolas Sarkozy pour l’encourager à se re-re-représenter en 2027 après ses échecs de 2012, 2017 et 2022. Sa vengeance assouvie, il aura droit au prix « Le comte de Monte-Cristo ».

Le prix «Hurlevent » à Laurette Onkelinkx pour saluer son bel organe. Mais avec l’automne, qu’elle se méfie des coups de froid…

Le prix « Pour qui sonne le glas » à Angela Merkel, si fière de la puissance allemande, et dont l’économie paye cette fois les mesures d’étranglement qu’elle a imposées à ses partenaires européens.

Le prix « A la recherche du temps perdu » à Jean-Claude Juncker qui en aura bien besoin pour sauver ce qu’il reste du projet européen. Mais sa Madeleine a peut-être déjà atteint la date de péremption.

Le prix « Crime et châtiment » à Vladimir Poutine. Cette année, il n’a reçu que la moitié du prix. La seconde partie attendra l’an prochain, si tout va bien. Sinon, on le rebaptisera le prix « Crime et Crime ».

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