CHAMPAGNE OU KIDI-BUL ?

  Tout le monde se prépare aux fêtes mais pas tous de la même façon. Petit tour chez les puissants du royaume.  

Chez Elio D., on se frotte les mains. Le fils prodige a jeté l’éponge. C’est pas demain la veille qu’on effacera des tablettes le joli nom du dernier premier ministre socialiste wallon. Le dernier et peut-être l’ultime comme le lui a promis Père Noël – dont les promesses n’engagent que ceux qui y croient. 

Chez Paul M., on débouche aussi le Kidi-Bul. Pendant un mois de mission royale, le fiston a prouvé, à défaut de mettre sur pied un gouvernement, qu’il était désormais le seul chef rouge et même qu’il occupait tout l’espace francophone. 

Rue de Naples, avec l’arrivée du fils prodigue, on se prépare à tuer le veau gras. Grâce à lui, les Bleus ont retrouvé leurs couleurs. Président, informateur, tout s’emballe. Dans la foulée, il a déjà promis au roi de glisser sous son sapin, un gouvernement pesé, emballé (cadeau) et ficelé. Georges L.B. en sera à la fois le premier, comme son papa Charles M., et le vice-premier et ministre des affaires étrangères, comme son oncle Didier. 

Il a tellement d’énergie, ce Georges, que, si on le retient pas, il est prêt à occuper tous les autres postes, puisque ses collègues font tant de manières. A moins que Théo Francken, qu’il avait si aimablement invité à Mons, soit d’accord de prendre en charge quelques maroquins (si j’ose dire). 

Il faut cependant préciser que, comme le prévoient les règles de la vente par correspondance, si le cadeau ne lui convient pas, le roi peut le renvoyer dans les huit jours – sans frais.  

Dans les chaumières du nord, on fait grise mine. Il fait froid et on compte ses sous. Père Noël va devoir se serrer la ceinture et peut-être manger ses rennes. 

Après leurs maigres résultats de mai dernier, ce n’est la fête ni chez les Bleus ni chez les Oranges. Les dotations publiques ont fondu au soleil de la fin du printemps. Certes, quelques-uns de leurs champions peuvent redevenir des excellences – ce qui éveille des vocations. Mais le bazar fédéral ne pourra pas absorber beaucoup de ces désœuvrés. Alors, comment assurer la survie des autres ? Les faire loger provisoirement dans les villas flambant neuves du Vlaams B ? Ou dans les chambres inoccupées du parti frère ami-ennemi, la N-VA, qui n’est pas sorti non plus très sémillant du joli mois de mai et dont une partie des occupants regarde ailleurs –très à droite- pour être sûrs de décrocher un hébergement après la prochaine élection ?  

Personne n’a manifestement envie de se dévouer pour ouvrir le bal avant les douze coups de minuit. De peur de se casser une patte. Mais, qu’ils se rappellent ce film (dans lequel les personnages ne pouvaient quitter la piste de danse) au titre prémonitoire : « On achève bien les chevaux ».

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ELIO, JEAN-MARC ET LE ROBOT

     Pour former des gouvernements en Belgique, l’intelligence n’étant pas au pouvoir, pourquoi ne pas convier l’intelligence artificielle ? 

  Un robot c’est rapide, propre et sans état d’âme. 

   Un ministre IA dont les décisions seront approuvées par un groupe de robots placé dans les assemblées parlementaires quelque part au dessus de l’hémicycle, voilà qui devrait éviter les coups de sang, les claquements de porte et les Tweets intempestifs qui font sauter les gouvernements aussi facilement et bruyamment que les bouchons de champagne.

  Il faudra évidemment programmer les robots à agir pour le bien des citoyens, pour l’intérêt général. C’est ce qui fera la différence entre les robots et cette mystérieuse société civile pressée par les Ecolos d’aider Verts et Rouges à bâtir une majorité sans majorité. Et à étayer le bazar quand l’édifice sera sur le point de s’écrouler sous les coups des oppositions. 

  Le problème avec le projet de Jean-Marc Nollet et son coquelicot, c’est qu’il y a autant de représentants de la société civile et d’intérêts particuliers qu’il y a d’associations, d’organisations et de citoyens. Chaque civil pense à lui et non à la société ! 

  Un robot, lui, n’a pas de passé, pas de passif, pas d’amour ni de haine plus ou moins cachés. Il n’aime pas Charleroi plus que Liège ou le contraire et n’a pas besoin de favoriser plus Bastogne que Jehay-Bodegné. Son disque dur sera soigneusement nettoyé lorsqu’il entrera au gouvernement. Un représentant idéal de la société civile sans mémoire, sans attaches, sans amis. 

  Autre différence entre le coquelicot et le robot : pendant sa courte vie, cette fleur fragile ne nécessite aucun entretien. Alors que, dans la société informatique, tout bouge sans cesse. Les mises à jour sont permanentes. Et gare aux bugs ! Si en plein conseil des ministres, le ministre déclare brusquement « 404 not found », le gouvernement est bloqué jusqu’à l’arrivée du technicien. Pour peu qu’il vienne de Chine, la Wallonie risque de rester aux abonnés absents un certain temps…

   Reste à savoir qui va programmer les robots wallons. 

  Pas un Wallon. L’engin doit rester neutre. 

   Un Flamand ? Trop risqué : il risque de décider de l’arrêt immédiat des transferts flamands. 

   Alors qui ? Trump ? Xi Jinping ? Ca risque de coûter cher au budget wallon ! 

  Décidément, devant la complexité du labyrinthe belge, il n’y a qu’Elio et Jean-Marc qui soient capables de faire la programmation. Mais qu’ils laissent aux robots la faculté de s’auto-détruire. Ils en auront peut-être bien besoin. 

  « J’aime à penser que la lune est là même si je ne la regarde pas », écrivait Albert Einstein. Qui sait si on peut en dire autant de la Belgique ? Quand vous reviendrez de vos vacances au loin, sera-t-elle toujours là ? Allez, bonnes vacances !

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LE BAISER DE LA MORT

Le verdict des médecins est clair : Benoit Lutgen a été atteint d’une affection macronite aigüe, sans doute transmise par un virus venu du sud, aggravée par un redoutable coup de chaleur dû à la canicule. Elle provoque chez le patient une sensation d’étouffement avec des effets secondaires violents: pris de convulsions, le malade s’en prend aux meubles, particulièrement les fauteuils de ministres et tables de négociation. L’entourage reste muet de stupeur. Jadis, il cachait ses malades à l’abri des hauts murs du château. Aujourd’hui, il organise à grand frais des conférences de presse.

Le Larousse médical, d’où est extraite cette description clinique, relève que la macronite est une maladie récente apparue comme d’autres nouveaux virus en ce début chaotique du vingt et unième siècle, tels le trumpisme, la daeshisme, le poutisme ou l’erdoganisme.

A la différence des autres affections caractérisées par la destruction de tous les corps étrangers qui ne lui ressemblent pas, le macronisme est un virus dit avaleur qui absorbe tout ce qui l’entoure, le digère et l’efface. Ses effets rappellent le comportement de la mante religieuse, qui s’approche du mâle, l’apprivoise, l’allure avenante et le regard séducteur, avant de l’étouffer dans une étreinte passionnée mais mortelle. On voit en France, le pays le plus atteint à ce jour, les dégâts considérables de ce mal.

Après avoir frappé la droite et l’extrême droite et la gauche et le centre, Macron, faute d’adversaires à se mettre sous la dent, est obligé de s’en prendre à ses propres troupes, Ferrand, Bayrou. Cette réaction est absurde, elle l’affaiblit, il le sait, mais il ne peut s’empêcher de mordre. C’est dans sa nature.

Et voilà Lutgen contaminé à son tour. Ses réactions vous étonnent ? Pardonnez-lui car ils ne savent ce qu’ils font (Luc 23 :34).

Comment Elio se serait-il douté que Benoît, son cher et fidèle Benoît, qui lui cirait les pompes depuis tant d’années, s’approchant comme toujours, sombre et taciturne, nonchalant, presqu’indolent, se jetterait brusquement sur lui pour lui donner, crac ! le baiser de la mort ?

Il n’avait rien vu venir, Elio, un peu distrait ces derniers temps, à tenter de maintenir debout une baraque qui craque de tous les côtés. Il ne s’était pas intéressé aux récentes infos médicales qui auraient dû l’alerter.

Plus prudents, dès l’apparition des premiers symptômes, Charles Michel s’est enfui en Pologne,  et Olivier Maingain dans les terres lointaines du Canada. Z’ont eu tort d’en revenir, se croyant peut-être immunisés. De s’approcher de la bête malade, de tenter de l’apprivoiser et de se croire capables de la ramener dans sa cage. Oubliant La Fontaine : « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ».

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SIFFLER EN TRAVAILLANT

Adolescent, j’adorais siffloter Brassens. Mais comme je chantais faux, une vraie horreur, personne n’aurait pu reconnaître « Hécatombe » sauf…

En passant à la hauteur de deux gendarmes en train de verbaliser, m’entendant siffler, un des flics se tourna vers moi et enchaîna, avec un accent flamand à couper au couteau,

« Or, sous tous les cieux sans vergogne,
C’est un usage bien établi,
Dès qu’il s’agit d’rosser les cognes
Tout l’monde se réconcilie.
Ces furies, perdant toute mesure,
Se ruèrent sur les guignols,
Et donnèrent, je vous l’assure,
Un spectacle assez croquignol. »

Apprends donc à chanter juste, menneke ! reprit le pandore. C’est en chantant que j’ai appris le français ! Si t’es aussi mauvais la prochaine fois, podverdomme ! je te colle une contredanse pour trouble à l’ordre public !

Revenu de ma surprise, je lui demandai si Brassens était au programme de la gendarmerie. Il se tourna vers son collègue en rigolant puis me dit : évidemment non, menneke. C’est mon dernier jour de service. Demain je prends ma pension ! Alors, je chante ! Moi, j’en ai encore pour sept ans, ajouta l’autre poulet d’un ton funèbre.

Qui peut se réjouir du relèvement de l’âge de la pension ? Si les projets du gouvernement sont adoptés, vous n’entendrez plus dans les rues de sémillants pandores, la cinquantaine à peine passée, chanter Brassens ou Stromae. Dix ans plus tard, qui d’entre eux, croyez-vous, aura encore le coffre, le souffle et le cœur à chanter ?

Et à écrire ? C’est aussi à près de cinquante ans qu’Anthony Burgess arrêta son boulot pour se lancer à corps perdu dans l’écriture, son médecin lui ayant annoncé qu’il était sur le point de mourir d’un cancer du cerveau (il lui faudra encore trente ans). Sans sa prépension, on n’aurait jamais eu « L’Orange mécanique », portrait avant l’heure d’une certaine jeunesse ultra-violente et déchaînée. Ce sont les écrivains, messieurs et mesdames les ministres, qui nous racontent à quelle sauce on va être mangés dans le futur. Certainement pas vous. Alors, libérez-les, prépensionnez-les et laissez-les écrire ! Vous en apprendrez bien des choses. Surtout sur vous !

D’ailleurs, vous aussi, vous méritez une deuxième vie. Un exemple au hasard. Si Bart De Wever part à l’âge de mon gendarme de jadis, dans dix ans, c’est fini, il aura cessé de scier la branche sur laquelle ses ministres sont assis. En revanche, avec la nouvelle loi, vous en avez encore pour vingt et un ans à boire chaque matin son venin. Nul évidemment n’est tenu à s’arrêter. Dans vingt et un ans, à la petite fête donnée en l’honneur de la fin de carrière de Bart, le co-premier ministre de l’époque, Elio XVII, lèvera en son honneur le verre de l’amitié, en lui offrant une médaille noire-jaune-rouge vintage, un objet devenu très recherché. Il n’aura jamais que quatre-vingt cinq ans.

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LE BON, LA BRUTE, ET LE TRUAND

 

Vous vous souvenez d’Eli Wallach ? C’était lui le Truand dans le célèbre film de Sergio Leone. A 98 ans, il vient de quitter Hollywood pour Dieu sait où, nous laissant seuls avec le Bon, Clint Eastwood, lonesome cowboy, toujours vaillant. La Brute (Lee Van Cleef) avait déjà disparu.

Des trois, c’était évidemment le Truand le plus intéressant. Le bon et la brute, faits d’une pièce, étaient plutôt ennuyeux. Faux derche, pervers malsain, burlesque, attachant et effrayant à la fois, Eli Wallach avait composé un de ces personnages hénaurme, à la Falstaff, qui illuminent l’imaginaire.

Juste le genre de type que le shérif Philippe devrait sortir de son chapeau. Le démineur idéal dans le paysage ravagé de la politique belge, ce village western où des deux côtés de la rue, chacun tire plus vite que son ombre. Mais trouver un acteur de cette trempe, un tel tempérament, c’est rare, très rare.

Dans le rôle du bon et de la brute, le choix est facile. Bart De Wever et Benoît Lutgen sont tout désignés. D’autant qu’ils peuvent jouer indifféremment l’un ou l’autre rôle, et même les deux à la fois. En Bébé Cadum ou en Joë Dalton, Bart et Benoît n’ont guère de rivaux. Mais pour tenir le premier rôle, les prétendants ne se bousculent pas. Il faut bien plus de caractère, de folie, de sournoiserie graveleuse. Être capable de jouer le roi et son fou en même temps. Seul le Truand est fait pour l’emploi de Premier, personne d’autre. Il n’y a que lui pour tenir la baraque ensemble alors que la tempête arrache toit et châssis, pour empêcher la diligence de verser pendant l’attaque des Indiens tandis que les chevaux foncent, le mors aux dents. Pour présider tranquillement le saloon au milieu des bagarres, faire le coup de feu final et enlever la belle serveuse. Qui d’autre peut promettre aux uns et aux autres la même chose et son contraire ? S’enivrer à mort tout en jurant sur les cendres de sa mère qu’il n’a jamais touché une goutte d’alcool ? Le tout sous les applaudissements du public.

Pour incarner un tel personnage, Benoît n’a pas le coffre et Bart pas assez de folie.

Elio alors ou Charles Michel ? Le problème de ce casting c’est qu’on ne voit Elio que dans le rôle du roi et Charles dans celui du fou. Ni l’un ni l’autre ne sont capables d’interpréter les deux rôles en même temps, condition essentielle pour incarner un parfait Truand. Wouter Beke est assez lisse pour se glisser dans la peau du bon, Kriss Peeters assez faux derche pour être une brute tout à fait crédible. Peter De Crem parfait dans le rôle du cadavre, tombé par hasard sous le tir croisé des deux autres. Mais un truand, non. Aucun d’eux n’a le coffre.

Une femme alors dans le rôle de Calamity Jane ? Pourquoi pas ? Saloon Belgium recherche femme désespérément.

 

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DARWIN SUPER STAR

 

L’imagination de la nature m’a toujours fasciné. Les couleurs folles des oiseaux tropicaux, l’arc en ciel des caméléons, la capacité de certains insectes de changer en quelques secondes leur robe noire en un habit tacheté ou en une longue traîne rouge selon les feuilles ou les fleurs qu’ils butinent. Dans le monde animal, les mutations explosent comme des feux d’artifice. Oh ! La belle bleue ! Oh ! La belle rouge !

Certains esprits superficiels croient que l’homme n’a pas cette faculté. Certes, la mutation ne s’opère pas de la même façon chez tous les membres d’une même espèce. Mais une étude récente montre que chez les homo sapiens sapiens, l’aptitude à changer de peau est substantielle à leur développement. Les plus évolués des mammifères sont à chercher du côté de l’homo politicus. De tous les êtres humains, c’est celui qui montre le plus de talent à varier de couleur en un tournemain. Chez certains exemplaires peu avancés, ce changement physique est facile à repérer. Lorsqu’il se contredit, la peau de son visage rougit ou elle se couvre de plaques. Chez d’autres, le nez s’allonge exagérément – le syndrome de Pinocchio. Les homo politicus sur lesquels ces phénomènes sont aussi faciles à observer ne font pas long feu. Car ils seront incapables de s’adapter aux modifications profondes de leur milieu.

En revanche, chez d’autres, la transformation est si totale qu’elle passe inaperçue. Ce sont les mutants les plus accomplis. Ceux qui vaincront les autres, selon la dure loi de Darwin. Prenons un exemple. Bart De Wever. D’après certains chercheurs, ses aïeux flirtaient pendant la deuxième guerre mondiale avec la couleur noire, tirant parfois sur le vert bouteille, couleur dominante à l’époque. Quand le vert bouteille a été balayé, Bart s’est mis au noir et jaune, nouvelle couleur à la mode. Et dans quelques semaines, il sera capable sans rougir de se mettre au bleu ou au rose indifféremment pourvu que cette nouvelle couleur lui assure le trône couvert d’or d’empereur des animaux.

Guy Verhofstadt a lui aussi réussi sa mutation, un spectacle qui laisse aussi ébloui que celui d’un paon faisant la roue. En passant du bleu le plus profond au vert vif sans paraître le moins du monde incommodé. Et Elio ? Lui qui faisait campagne lors des précédentes élections sur le thème : le bleu ? Jamais ! Aussitôt élu, il s’est empressé de mélanger beaucoup de bleu et un peu de rouge, tout en ménageant l’orange et en neutralisant le vert. Quel peintre aurait pu égaler une telle performance ?

C’est ça qui est angoissant quand on va voter, choisir la couleur d’un bulletin et s’apercevoir qu’il change de teinte dès qu’on l’a glissé dans l’urne.

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EMBRASSONS-NOUS, FOLLEVILLE !

La galette des rois à peine avalée, voilà déjà la Saint Valentin. La crise est finie, les amis ! Wouter et Charles se sont embrassés sur la bouche et en public. Charles et Wouter, mon Dieu, qu’ils sont mignons ! A croquer, comme murmure mon pâtissier qui se frotte les mains, en glissant dans son four une série de gâteaux en forme de cœur, les yeux tournés vers les tourtereaux-modèles. A la Saint Valentin, jadis, on s’offrait un dessin de Peynet. Cette année, on s’arrachera la photo de Charles et Wouter.

A-t-on assez parlé du divorce belge, usé jusqu’à la corde l’image des vieux époux qui se séparent et laissé Bart dépecer notre pauvre pays ? Retournement complet ! Se présentant sous le signe de la jeunesse, Wouter et Charles nous font le coup des fiançailles surprise. En chantant (refrain 🙂 Je viens du Nord et toi du Sud mais on s’aime ! On sème surtout de belles promesses en espérant récolter en mai prochain.

A Hollywood, ce genre de merveilleux rebondissement donne lieu à des scènes sentimentales où coulent abondamment les larmes de bonheur de toute la famille. Il y a même le frère maudit qui revient pour l’occasion et retombe, en pleurant, dans les bras de ceux qu’il a quittés.

Mais la vraie vie ne ressemble pas à celle des films américains. Avec le couple Wouter-Charles, on est plutôt dans le cinéma des frères Dardenne que dans une comédie familiale.

A voir la tête que tire oncle Elio, on sent déjà que si les jeunes gens comptaient sur son héritage, c’est tintin ! Tonton Elio préférerait brûler ses billets dans la cheminée du cousin ostendais Johan que d’en laisser un seul au jeune duo.

En apprenant la nouvelle, beau-frère Didier a lui aussi eu l’air d’avoir mordu dans une pomme plus pourrie que d’habitude. Lui qui rêvait en secret d’être le premier à annoncer qu’il filait le parfait amour avec un gars du nord (il avait même posté son profil sur un réseau social d’Anvers), voilà que ce jeune blanc-bec lui a brûlé la politesse.

Ce n’est pas chez sa sœur Joëlle que Wouter peut espérer faire la fête. Ohlala ! Qu’est-ce qu’il a pris comme rammeling quand elle a découvert le cliché dans Le Soir samedi passé! Il en a encore les joues couleur prune ! C’est qu’elle est possessive, sœur Joëlle ! Pas question qu’il regarde un autre qu’elle sans son autorisation expresse, formelle et écrite. Une vraie mama sicilienne.

Si Charles de son côté pensait trouver un réconfort du côté de la branche flamande de la famille, c’est rapé ! Tata Maggie n’est pas aussi pétroleuse que Joëlle mais, avec elle, la vengeance est un plat qui se mange froid, ce qui n’est pas terrible pour un repas de fiançailles.

Bref, contrairement à ce qu’on prétend à nos amis français, le mariage pour tous n’est pas encore tout à fait entré dans les mœurs chez nous…

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MARKETMAN

Depuis des mois, les politiciens occidentaux tremblent à la seule invocation de son nom. « Le marché ». Il fait et surtout défait les gouvernements, fait imploser les états, démantèle les lois, transforme en une nuit des dispositifs législatifs que des années de palabres n’avaient pas réussi à faire bouger.

Mais qui est donc ce terrible Superman qui fait plier la planète ?

Superman, la comparaison est idoine. Dans la vie de tous les jours, le célèbre super-héros n’est pas cet extravagant personnage habillé d’oripeaux ridicules et doté de super pouvoirs. Clark – tel est son nom – est juste un brave journaliste myope et un peu maladroit qui se cogne dans les meubles et est incapable de redresser une armoire bancale.

Or, si le monsieur du marché ressemble à Superman, cela signifie qu’il ressemble aussi à Clark.

Le jour, Marketman balaye d’un revers de souris d’ordinateur le chef de la troisième économie d’Europe, oblige le président français à passer week-ends et soirées avec Frau Angela Merkel plutôt qu’à pouponner avec la sublime Carla Bruni, abandonnée seule avec les biberons.

Mais, la nuit, notre super-héros laisse tomber la veste. Il redevient le brave gars, bon voisin, bon père de famille, qui tond le gazon, aide ses enfants à terminer leurs devoirs, chante une berceuse au petit dernier qui a du mal à s’endormir et lit le journal à son épouse pendant qu’elle fait la vaisselle (c’est sa limite : on n’est pas très féministe chez les Marketman, désolé, chères lectrices !)

« Epargne-moi les pages de la Bourse, Marketman ! »

« Bien sûr, dear. Que veux-tu que je te lise ? Un tremblement de terre a ravagé les côtes de… »

« Tais-toi ! Je déteste les histoires horribles ! »

« Alors, les derniers exploits de DSK ? »

« Tu sais que je n’aime pas les histoires sordides, Marketman. Il n’y a vraiment rien d’autre dans ton canard de plus politiquement correct ? »

« Ah, si ! Un nouvel épisode de ton feuilleton préféré, dear. »

« Chouette ! Les aventures de Super-Elio ? C’est vrai, j’adore ! Alors, qu’est-ce que mon super-héros favori a trouvé aujourd’hui ? Les rebondissements qu’il imagine sont toujours plus renversants ! Comment fait-il ? C’est vraiment un super héros ! »

« Un super-héros, lui ? Voyons ! Ses intrigues tournent en rond depuis plus d’un an et demi! » (soupir de Marketman).

Vous vous demandiez pourquoi la Belgique a échappé jusqu’ici aux terribles déflagrations qui ont ravagé ses voisins, pourtant bien plus puissants qu’elle ? Pourquoi les agences de notation n’ont pas dégradé notre note, la même que celle des Etats-Unis ? Pourquoi le marché ne spécule pas sur le défaut de notre pays ?

La réponse est simple : pour plaire à son épouse bien aimée, Marketman ne peut toucher à la Belgique.

Mais, attention, rappelons-nous que souvent femme varie…

DIVINE IDYLLE

Depuis trois semaines, je suis malade. Obsédé par une chansonnette insipide, « Divine Idylle», entendue un dimanche matin à la radio juste avant la messe.
Comprenez-moi bien, docteur. Je suis tout aussi indifférent à la plastique de Vanessa Paradis, à son côté poupée triste qu’à sa voix pastille Valda. Rien chez elle ne me fait vibrer. C’est la Inge Vervotte de la chanson française. Pourtant, depuis ce dimanche maudit, je ne passe plus un jour, plus une heure sans siffloter entre mes dents cette stupide Idylle.
Avant de vous consulter, j’ai essayé de me guérir moi-même. J’ai d’abord écouté Léo Ferré en boucle, certain qu’il me ferait oublier Vanessa dont il a les mêmes dents, un peu écartées à l’avant. Mais «Jolie môme » m’a ramené à l’enfer de Paradis. J’ai tenté alors de soigner le mal par le mal et sorti mon vieux coffret Brel mais aux premières notes des « Flamingants » j’ai compris qu’il était temps de changer de disque, d’époque et de valeurs.
Voyant mon état, un ami m’a conseillé la musique planante. Au bout d’une demi-heure, je me suis endormi en rêvant de « Divine Idylle » accompagné à la cithare.
Le jazz, le rock, le punk, le house, je m’en suis mis plein les oreilles. J’ai emprunté le MP 3 de mon petit voisin pour que la musique – ou le bruit- me pénètre directement dans le cerveau. Rien à faire. J’avais beau me noyer sous les décibels, le filet de voix de la Vanessa revenait aussitôt. J’ai même acheté un CD de Carla Bruni pensant qu’une voix insipide chasserait l’autre. Pensez-vous ! Carla était si inaudible que je me suis mis à chanter ma scie pour combler le vide. J’ai fini par allumer la télé. Comme tous les jours depuis qu’ils vivent ensemble, Elio et Bart se grimaçaient devant les photographes. Et là, j’ai soudain compris le message que me répétait mon cerveau.
Dans l’espoir docile/tes ailes fragiles/Je te devine/divine idylle.
Evidemment ! C’était la voix de Bart que j’entendais dans la bouche de Vanessa. Débarrassé de sa langue de bois, Bart parlait du fond de son cœur, de ses vrais désirs.
Il suffirait d’un petit rien, peut-être de dix kilos de moins et l’affaire était bouclée
, répondait Elio avec maladresse car ça c’est du Reggiani.
Mon âme idéale/ A la larme fatale/Ma folie, mon envie, ma lubie, mon idylle, reprenait Bart, guéri de ses sarcasmes.
Sous ses airs provocateurs, ses « Vlaanderen boven ! » (pardon, Raymond van het Groenewoud !), Bart tournait la page de son passé. Citant Mitterand (« on change, c’est tout ! »).il abandonnait ses larmes de crocodile sur la tombe de son VNV de grand-père et sur celles du négationniste Karl Dillen, président fondateur du Vlaams Blok. Il aspirait à un avenir nouveau.
Je rêve idylle/Divine idylle/Mon homme idéal.
Allez, Elio, c’est toi !

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