TRES, TRES CHERE NOBILE

D’après les experts, Tchernobyl et ses environs seront totalement décontaminés dans cent mille ans. On est heureux de cette bonne nouvelle pour l’Ukraine et la Biélorussie qui redeviendront bientôt de belles terres de tourisme et de gastronomie rurale. Les plus optimistes d’entre nous prennent déjà leurs réservations chez Neckermann.

Et chez nous ? Doel sur Escaut et Tihange sur Meuse demeurent de magnifiques destinations de vacances grâce à nos dirigeants avisés qui ont tiré les enseignements des catastrophes voisines et pris toutes les précautions. Dormez tranquilles, braves gens, une malheureuse contamination nucléaire, si elle devait survenir, sera inodore, incolore et insipide, promis, juré – s’ils mentent, Charles Michel et Marie-Christine Marghem iront en enfer : le gouvernement vient d’ordonner la distribution de petites pastilles d’iode. Ouf ! Une petite pastille suffit pour traverser les flammes tel Superman. Garantie du fabricant.

L’agence fédérale du contrôle nucléaire veille au grain. D’accord, on l’accuse de s’endormir quand Electrabel lui chante une berceuse, de regarder ailleurs quand apparaissent une petite fissure ou deux ou trois ou mille mais personne ne court chez Carglass à chaque éclat dans le pare-brise, n’est-ce pas ?

A force de critiquer le nucléaire, on en oublierait ses énormes avantages. Son prix d’abord. Il ne coûte rien ou presque. Sauf évidemment pour fabriquer la centrale et ensuite quand elle explose mais, bon, ça n’arrive pas sous chaque législature.

Ajoutons ses conséquences positives sur l’environnement. Nos amis français ne se proclament-ils  les meilleurs élèves de la classe verte en soulignant sans rire que les centrales n’émettent pas de CO2 ? Non, mais elles laissent des déchets. Très difficiles à éliminer depuis que la ministre des Poubelles a décidé de faire des économies en n’assurant plus qu’une tournée sur deux. Et j’ai beau chercher, elle a oublié de préciser dans quel sac on les fourre, les déchets nucléaires.

Quoique prétendent de mauvais esprits, les arguments pour prolonger la vie de nos chères centrales sont très sérieux. On critique leur âge ? D’abord, ce n’est pas très poli. De plus, voyez une seule bonne raison de les mettre à la retraite plus tôt que nous ? L’âge de la pension a été porté à 67 ans. Pourquoi Tihange et Doel bénéficieraient-elles d’un traitement de faveur ? Elles ont à peine quarante ans. D’accord, elles font une petite crise ces jours-ci. Mais, la crise de la quarantaine est un phénomène bien connu. Montée d’hormones et micro-fissures sont les bobos classiques des quadragénaires qu’on soigne avec un peu de patience et beaucoup d’amour. En espérant évidemment qu’il n’y ait pas de nouveaux hoquets, ce qui donnerait à cette chronique une chute malheureusement apocalyptique.

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GOOD NEWS

Vous n’osez plus ouvrir votre journal depuis quelques mois ? Le monde repeint en noir vous prend à la gorge ? Je partage votre sentiment. Et j’ai décidé de vous redonner le goût de l’actualité. Et quelques occasions de vous réjouir de ce début d’année 2015. En oubliant les attentats, les catastrophes, les meurtres et les guerres aux portes de l’Europe. Oui, il y a aussi de bonnes nouvelles.

Tenez. Les vacances de Bart De Wever. Parti aux sports d’hiver avec sa joyeuse famille, le président de la N-VA a réussi à n’agresser personne pendant toute une semaine. Entouré par un escadron entier de policiers, même s’il avait glissé sur la poudreuse, notre génie des Carpates et des Alpes réunies se serait heurté à un véritable mur humain. Tandis que quatre véhicules blindés, également envoyés de Bruxelles, l’empêchaient de se jeter sur d’autres skieurs. Le ministre de l’intérieur, décidément très prévoyant, avait même ordonné que l’escorte soit armée, ce qui aurait permis de l’abattre s’il n’y avait vraiment rien d’autre à faire pour maintenir intacte l’image de la Belgique.

Autre bonne nouvelle, l’indice électricité est au vert, comme le répète matin, midi et soir le bulletin météo.

Cet indice tout neuf, créé spécialement pour sortir les déprimés de leur torpeur, ne sert à rien. Il ne passera au rouge que si une succession d’attentats coordonnés faisaient sauter toutes les centrales en même temps une nuit de grand gel. Mais l’astuce est d’avoir compris combien il était rassurant pour l’auditeur d’entendre une non-information. Par les temps qui courent, le fait qu’il ne se soit rien passé est déjà une bonne nouvelle. Quel truc diabolique, ce fameux indice ! Les têtes pensantes d’Electrabel méritent l’oscar du meilleur scénario. Jamais plus, le gouvernement n’osera toucher à ses privilèges ou à une seule pièce d’or de son trésor de guerre. Sinon, gare ! L’indice passera à l’orange et, si votre sale main publique continue à fouiller ma poche, au rouge. Et là, panique garantie !

Mais que faire pour maintenir la bonne humeur lorsque l’hiver sera fini ? Avec l’arrivée du printemps, je suggère dans la même veine l’indice bourgeon vert. Là non plus, on ne court aucun risque. Dès la fin du mois, la météo annoncera l’arrivée de nouveaux bourgeons dans nos parcs et nos jardins. D’abord à la mer puis, peu à peu, le bonheur gagnera tout le pays. On peut faire illusion facilement pendant un mois. Après, faisons confiance à Electrabel. Elle trouvera autre chose pour faire peur. A moins que les banques ne sortent à leur tour de leur chapeau une idée lumineuse. Elles sont aussi imaginatives que notre électricien quand il s’agit de secouer les caisses de l’état.

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