LE BARBARE RIT

A un journaliste qui l’interrogeait sur la « question berbère », l’écrivain Fouad Laroui a répondu ceci : « Quand j’entends le mot « Berbères », je propose gentiment à mon interlocuteur de le raccompagner jusqu’à la porte de sa maison de retraite. En effet, depuis 1930 et le fameux Dahir berbère que le protectorat français tenta d’utiliser pour diviser les Marocains, on ne parle plus de Berbères au pays de l’argan. Quand j’entends le mot « Arabes», je pense à la Bagdad des Abbassides, à l’Andalousie, à la poésie ; je pense à une langue belle et souple parlée par trois cents millions de personnes et qui est l’une des langues officielles de l’ONU. En fait, quand j’entends « Berbères et Arabes », j’entends « problème artificiel que des enquêtes comme la vôtre, continuent, hélas, de perpétuer».

Si le bourgmestre d’Anvers ne le comprend pas en français, Laroui peut lui expliquer ça en parfait néerlandais, lui qui enseigne à l’université d’Amsterdam, tout en étant une des belles plumes de la langue française (prix Goncourt de la nouvelle, svp) et un fin analyste de son pays d’origine, le Maroc.

Bart De Wever ignorait-il cette vérité historique (il a délaissé l’Histoire depuis longtemps pour fabriquer la sienne) ? Ou sa langue a-t-elle fourché quand il a lâché au micro de la VRT que les Berbères d’Anvers refusent de s’intégrer ? Aurait-il voulu dire Barbares et non Berbères ? Ah ! Alors, tout s’éclaire. Et Bart De Wever n’est pas raciste. Au lieu de stigmatiser un groupe ethnique en particulier, il a fait la chasse aux méchants, ce qui est son rôle de premier flic de la métropole. Ses propos doivent alors être lus ainsi : Les Barbares sont des communautés fermées, avec une défiance envers les autorités, (…) très sensibles à la radicalisation ».

Qui pourrait dire le contraire ? Comme le précise le dictionnaire, les barbares sont des êtres cruels, sauvages, imperméables à la civilisation (au sens premier, le mot désigne tout étranger). Mais, s’il voulait s’en prendre aux Barbares, comment concilier l’affirmation de notre maïeur préféré avec cette autre « réflexion », dans la même interview : les Asiatiques, eux, sont d’excellent citoyens bien intégrés.

En effet, les Barbares désignent précisément les Asiatiques (ainsi que les Germains, ancêtres des Flamands) qui, d’après les livres d’histoire, ont envahi l’empire romain, attirés par sa richesse et son confort – sinon par son système de sécurité sociale.

De quelque façon qu’on tourne donc ses déclarations, Bart De Wever s’est manifestement mélangé les pinceaux.

Alain Berbèrenboom

PS : dernier ouvrage de Fouad Laroui, « D’un pays sans frontières » (éd. Zelige), essai sur la littérature de l’immigration.

GOOD NEWS

Vous n’osez plus ouvrir votre journal depuis quelques mois ? Le monde repeint en noir vous prend à la gorge ? Je partage votre sentiment. Et j’ai décidé de vous redonner le goût de l’actualité. Et quelques occasions de vous réjouir de ce début d’année 2015. En oubliant les attentats, les catastrophes, les meurtres et les guerres aux portes de l’Europe. Oui, il y a aussi de bonnes nouvelles.

Tenez. Les vacances de Bart De Wever. Parti aux sports d’hiver avec sa joyeuse famille, le président de la N-VA a réussi à n’agresser personne pendant toute une semaine. Entouré par un escadron entier de policiers, même s’il avait glissé sur la poudreuse, notre génie des Carpates et des Alpes réunies se serait heurté à un véritable mur humain. Tandis que quatre véhicules blindés, également envoyés de Bruxelles, l’empêchaient de se jeter sur d’autres skieurs. Le ministre de l’intérieur, décidément très prévoyant, avait même ordonné que l’escorte soit armée, ce qui aurait permis de l’abattre s’il n’y avait vraiment rien d’autre à faire pour maintenir intacte l’image de la Belgique.

Autre bonne nouvelle, l’indice électricité est au vert, comme le répète matin, midi et soir le bulletin météo.

Cet indice tout neuf, créé spécialement pour sortir les déprimés de leur torpeur, ne sert à rien. Il ne passera au rouge que si une succession d’attentats coordonnés faisaient sauter toutes les centrales en même temps une nuit de grand gel. Mais l’astuce est d’avoir compris combien il était rassurant pour l’auditeur d’entendre une non-information. Par les temps qui courent, le fait qu’il ne se soit rien passé est déjà une bonne nouvelle. Quel truc diabolique, ce fameux indice ! Les têtes pensantes d’Electrabel méritent l’oscar du meilleur scénario. Jamais plus, le gouvernement n’osera toucher à ses privilèges ou à une seule pièce d’or de son trésor de guerre. Sinon, gare ! L’indice passera à l’orange et, si votre sale main publique continue à fouiller ma poche, au rouge. Et là, panique garantie !

Mais que faire pour maintenir la bonne humeur lorsque l’hiver sera fini ? Avec l’arrivée du printemps, je suggère dans la même veine l’indice bourgeon vert. Là non plus, on ne court aucun risque. Dès la fin du mois, la météo annoncera l’arrivée de nouveaux bourgeons dans nos parcs et nos jardins. D’abord à la mer puis, peu à peu, le bonheur gagnera tout le pays. On peut faire illusion facilement pendant un mois. Après, faisons confiance à Electrabel. Elle trouvera autre chose pour faire peur. A moins que les banques ne sortent à leur tour de leur chapeau une idée lumineuse. Elles sont aussi imaginatives que notre électricien quand il s’agit de secouer les caisses de l’état.

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ADIEU, PERE FOUETTARD !

Profitez-en ! Cette année est sans doute la dernière occasion de faire la fête au père Fouettard.

Avec le règne du politiquement correct, son sort paraît définitivement scellé. Barbouillé de cirage, son fouet à la main, le père Fouettard est passé de mode autant que Guignol, les vidéos-clubs ou les socialistes français.

Peut-être qu’un archéologue, dans deux ou trois siècles, tombera sur une figurine miraculeusement préservée du côté sombre de Saint Nicolas. Il se grattera la tête en se demandant pourquoi ce personnage a brusquement disparu à la veille de 2015 avant de conclure que notre époque est décidément incompréhensible. Il est interdit de fumer dans les films ou les BD (bientôt on retouchera les images d’Humphrey Bogart comme on l’a fait de celles de Malraux sur les timbres français et de Jacques Tati, privé de sa pipe sur les affiches du métro). On doit veiller à ne pas glisser Tintin au Congo dans les cadeaux destinés aux enfants des amis. Eviter de faire doubler les élèves pour ne pas les traumatiser à vie. Et ne jamais évoquer le tour de taille de madame De Block, ce qui est de mauvais goût. Voilà quelques règles de base du savoir-vivre d’aujourd’hui. En revanche, n’hésitez pas à célébrer les plaisanteries antisémites de Dieudonné. Ce type est si audacieux, ma chère ! Et surtout, vous pouvez rire sans honte puisqu’il est Noir…

Contrairement à la légende, ce n’est pas la couleur de peau, ni même le sexe qui font un bon Zwarte Piet. Regardez Laurette Onkelinx, se déchaînant contre le duo Jambon-Francken, qui avaient eu l’idée stupide d’apporter des spéculoos et des chocolats à un de leurs anciens collègue, qui avait fait copain-copain avec les nazis. Elle leur a flanqué une fessée bien méritée. Et Bart De Wever, qui a prudemment dédaigné le casting gouvernemental ? Encore un parfait père Fouettard, bien décidé à punir socialistes autant que libéraux et chrétiens avant de réapparaître aux prochaines élections dans le rôle du bon Saint Nicolas.

Malgré le risque de disparition du père Fouettard, son compagnon, le bon saint, n’a pourtant plus la cote. Ceux qui ont joué dans son club, Obama ou Hollande, sont au plus bas dans l’opinion publique. Alors que les Poutine et les Assad mènent le monde à la baguette. Etonnant paradoxe : c’est au moment où le père Fouettard est en vedette qu’on veut l’effacer de l’imaginaire collectif.

Une idée d’avance vouée à l’échec. Quel que soit le grimage, en politique, c’est toujours le plus affreux qui finit par l’emporter. Comme le disait judicieusement Alfred Hitchcock : un film n’est réussi que si le méchant est réussi. Ces derniers temps, il faut avouer qu’on est servi.

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AND THE WINNER IS …

La saison des prix littéraires coïncide curieusement avec la chute des feuilles. Façon de souligner la disparition de la lecture ? Allons ! Malgré Twitter et Facebook, pas encore en course pour les récompenses, le livre garde la cote.

A preuve, les awards décernés cette semaine.

Le prix « Trois Chambres à Manhattan» au président Obama. Il avait déjà perdu les deux premières. Voilà qu’il vient de perdre cette semaine la dernière, celle que son parti contrôlait encore.

Le prix « Au-dessous du Volcan » à Charles Michel qui ne sait plus trop que faire pour échapper à l’éruption sociale. Si la lave finit par l’emporter, restera peut-être de son gouvernement bizarre un Pompéi que visiteront les prochaines générations.

Le prix « Les Mains sales » à Théo Francken dont les mauvaises fréquentations peuvent avoir des conséquences sur sa santé (et la nôtre).

Le prix « Au cœur des ténèbres » à Bart De Wever dont les intentions cachées sont de moins en moins lisibles mais de plus en plus inquiétantes.

Le prix « Cent ans de solitude » à François Hollande, déjà lauréat du prix « La Saison des Pluies » l’année passée.

Le prix « Dix petits nègres » à Matteo Renzi qui aura réussi à éliminer un à un tous les acteurs de la politique italienne des vingt dernières années. On l’incitera cependant à ne pas céder à l’euphorie en lui rappelant qu’à la fin du roman, l’assassin meurt aussi…

Le prix « Les âmes mortes » à Didier Reynders et à Elke Sleurs, un prix réservé aux fossoyeurs chargés de la tâche redoutable de mettre en terre la culture et la science belges, tout ce qui restait de l’âme de notre pays. Vu le nombre de cadavres qui attendent à la morgue, certains ont proposé de scinder ce prix et de le rebaptiser « De Sang Froid ».

Le prix « Autant en emporte le vent » à l’ensemble de la classe politique pour appliquer après chaque élection les mesures qu’elle combattait avant.

Le prix « Vingt ans après » à Nicolas Sarkozy pour l’encourager à se re-re-représenter en 2027 après ses échecs de 2012, 2017 et 2022. Sa vengeance assouvie, il aura droit au prix « Le comte de Monte-Cristo ».

Le prix «Hurlevent » à Laurette Onkelinkx pour saluer son bel organe. Mais avec l’automne, qu’elle se méfie des coups de froid…

Le prix « Pour qui sonne le glas » à Angela Merkel, si fière de la puissance allemande, et dont l’économie paye cette fois les mesures d’étranglement qu’elle a imposées à ses partenaires européens.

Le prix « A la recherche du temps perdu » à Jean-Claude Juncker qui en aura bien besoin pour sauver ce qu’il reste du projet européen. Mais sa Madeleine a peut-être déjà atteint la date de péremption.

Le prix « Crime et châtiment » à Vladimir Poutine. Cette année, il n’a reçu que la moitié du prix. La seconde partie attendra l’an prochain, si tout va bien. Sinon, on le rebaptisera le prix « Crime et Crime ».

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LES APPRENTIS SORCIERS

Pauvre Walt Disney mort trop tôt, lui qui rêvait d’être embaumé pour renaître dans quelques siècles et retrouver l’oncle Picsou. On a eu tort de ricaner. Près de cinquante ans plus tard, chapeau ! Le papa de Mickey avait vu juste. La cryogénisation est devenue une réalité. Ne boudons pas notre plaisir. C’est en Belgique que cette technique a été mise au point pour la première fois, que les premiers morts ont été ressuscités. Charles Michel-Bart De Wever, futurs prix Nobel de physique ? Pourquoi pas ?

Le retour des morts est le seul scoop de la déclaration gouvernementale mais, pardon, quel scoop ! Si Laurette Onkelinx avait pris la peine d’écouter notre nouveau premier ministre et certains de ses ministres au lieu de pérorer, soutenue par son chœur de groupies, si Benoit Lutgen n’était pas si obsédé de réduire en miettes les libéraux, ils auraient compris que la Wallonie, qui cherche désespérément une industrie de pointe pour relancer son anémique plan Marshall, venait enfin de décrocher la timbale. La cryogénisation. La science fiction devenue réalité. Mes amis, cessez de vous moquer de Charles Michel et de le comparer à Agnan, le premier de classe à lunettes du Petit Nicolas, toujours collé aux basques de sa maîtresse d’école. Cette fois, ça suffit. Il a démontré sa maîtrise. Avec son compère, le bourgmestre d’Anvers, il a réussi l’exploit extraordinaire de rendre vie à des zombies. En faisant défiler, en primeur à la tribune de la Chambre, ses premiers cobayes, revenus vivants du monde des ténèbres. Jan Jambon, qui a pourtant dépassé la date de péremption depuis 1945 ; Theo Francken, qui a l’air d’un jeune homme tout frais, alors qu’il dit avoir appartenu à la VNV, le mouvement fasciste flamand pourtant dissout à la fin de la deuxième guerre mondiale. A nouveaux parmi nous ! Et prêts à servir la soupe vert de gris.

Cessez de chipoter, socialo-ecolo-humanistes ! D’étaler votre rancœur parce que vous avez perdu le pouvoir. Quand on est succédé par de si grands savants, on s’incline et on se tait.

L’arrivée de la cryogénisation est-elle vraiment une surprise ? On savait depuis longtemps que Bart De Wever, son co-découvreur, y travaillait activement dans son labo. En 2007, son prédécesseur à l’hôtel de ville d’Anvers, Patrick Janssens avait présenté les excuses du collège communal pour l’implication de l’administration communale dans la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Bart De Wever avait réagi en estimant ces excuses « gratuites ». On comprend mieux ses propos, qui à l’époque, ont choqué la plupart des hommes politiques flamands, aujourd’hui ses partenaires. Ils n’avaient pas compris la subtilité de cette énigmatique déclaration. De Wever avait ses raisons. On commence à les entrevoir.

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BOUSSOLE

Le prix Nobel de médecine a été attribué à un trio de profs de neurosciences. Ces chercheurs, dont une femme norvégienne (non ! pas suédoise !) et son mari ont découvert qu’au fond de notre cerveau se cachait un super petit GPS.

Cette information me laisse perplexe, moi qui ne suis jamais parvenu à me diriger sans faire mille détours et qui me plante en essayant d’aller de la gare de Schaerbeek à la gare du Nord (évidemment, il y a beaucoup de travaux sans parler des sens uniques). Dois-je en conclure que je ne fais pas tout à fait partie de la race humaine ?

S’il faut choisir le critère du GPS pour distinguer l’homme de la bête, les soldats du califat islamiste sont manifestement plus humains que moi car eux, ils savent où ils vont et ne se laissent pas détourner le moins du monde par les petites bombes et autres artifices que tout le monde (sauf les Turcs) y compris nos braves trouffions leur balancent du ciel. Il faut dire que celui qui programme la boussole des djihadistes vit bien au-dessus des avions et des satellites.

Et Charles Michel ? La nature l’a-t-elle doté de ce fameux GPS interne ?

Oublions que le GPS a été mis au point et continue d’être aux mains du Pentagone. Qu’une Suédoise belge, même pas blonde, soit programmée depuis Washington, cela paraît peu probable.

En revanche, pareil système intégré au fin fond du ciboulot peut se révéler drôlement utile en cas de co-voiturage, une pratique qui a certainement les faveurs d’un habitant comme lui du Brabant wallon obligé de « navetter » tous les jours vers la capitale.

Placé au volant pour une longue route – du moins, on l’espère pour lui-, en compagnie de passagers un peu agités et qui parlent les uns sur les autres et sans sous-titres, Charles Michel va devoir faire la preuve des capacités de son cerveau maintenant qu’il est face à un test grandeur nature. Ou il parvient à se jouer des tournants (bochten), des dos d’âne et autres gendarmes couchés (verkere drempels), des détours (omleiding) et des virages en épingle à cheveu (U-bocht) sans compter les voies barrées (opgelt ! werken !) surtout la nuit par des opposants prêts à tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, voire à lui crever les pneus, ou il est comme moi : il fonce droit dans le mur même quand l’obstacle devant lui est gros comme un Bart De Wever cuvée 2010.

Le problème du co-voiturage, tous les spécialistes vous le diront, n’est pas de choisir la bonne route. Le vrai défi est de décider dans quel ordre on va déposer les passagers et quel détour on va prendre pour que chacun arrive à bon port sans perdre trop de temps. Or, avec un GPS, programmé pour ne jamais indiquer la gauche, M. Michel risque de finir par tourner en rond.

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BART AU BOIS DORMANT

 

Quand ma maman me lisait « La Belle au Bois dormant », je restais toujours sur ma faim. L’histoire se terminait au moment où le prince donnait un baiser à la Belle. Elle se réveillait, ils tombaient dans les bras l’un de l’autre. Et, hop ! Rideau ! Or, je le sentais bien, après la fin, l’histoire ne faisait que commencer. Voilà comment, docteur Freud, on fabrique des générations d’enfants frustrés.

Je ne sais pas si madame De Wever racontait aussi ce beau conte à son fils, Bartje, – et quelles séquelles il en a gardé – mais, consciemment ou non, devenu grand, le voilà en train de rejouer la belle aventure de Belle au Bois dormant. Et surtout de la compléter. Sacré Bart ! Il va décomplexer les petits flamands !

Dans sa version, revue et corrigée, l’intrigue a un peu évolué. Changement d’époque oblige. La révolution sexuelle est passée par là, au lieu de se taper une princesse, prince Bart doit s’en farcir six. On espère que l’homme a du tempérament. Comme dans la version originale, elles dorment depuis que la mauvaise fée leur a lancé un sort mais certaines ont le sommeil plus agité que d’autres. Charles Michel est hyperkinétique même quand il rêve (ce qui oblige le prince à bien des contorsions avant de déposer ses lèvres sur les siennes) alors que Benoît Lutgen, lui, écrase tranquillement, offrant un corps parfaitement immobile aux baisers princiers. Pour compliquer le scénario, l’auteur a introduit des princesses jumelles que le prince doit embrasser ensemble s’il veut les glisser dans son lit. Ainsi, la jolie Wouter et son clone Kris, deux beautés pour le prix d’une. Mais qu’il faut prendre ensemble ou pas du tout. Ou Elio et Paul, aussi soudées que des sœurs siamoises.

Seigneur ! Où est l’innocence des temps anciens ? Maintenant, c’est tournante et trio d’enfer…

Jadis, un baiser et c’était dans la poche. La princesse se donnait au beau prince. Après, c’était bonheur, enfants mignons et musique sirupeuse made by Disney. Ca, c’est la légende. Dans la réalité, avec six fiancées sur les bras, c’est une autre paire de manches ! De loin, vous enviez prince Bart, vous croyez que six femmes dans un harem, c’est stupre, plaisir et fornication. Pas du tout ! C’est jalousie, violence et crêpage de chignons. Et, le pire, c’est la répartition des tâches ménagères. Un vrai sac de nœuds ! Laurette refuse de faire la vaisselle, Wouter de torcher les lardons. En comparaison, la réforme de l’état est aussi facile à mettre en place que pour un premier ministre chanter l’hymne national. Avec toutes ses princesses sur le dos, je ne vous dis pas dans quel état sera prince Bart dans quelques mois. Je vous parie qu’il n’aura qu’une seule envie, supplier la méchante fée de faire retomber ses belles dans un sommeil éternel et lui, jeter sa couronne aux orties !

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MAÎTRES DU MONDE

 

Pendant un bref instant, on aura l’impression d’être le maître du jeu. Ce dimanche matin, dans la file devant le bureau de vote, nous allons redessiner le monde d’un simple clic. Un bulletin dans l’urne et, hop ! tout va basculer. Le droit à la pension dès l’âge de trente-cinq ans ; Maggie De Block condamnée à examiner tous les pensionnaires des centres fermés, un à un, avec interdiction de toute expulsion tant qu’elle n’aura pas terminé l’ensemble de ses visites ; seuls les martiens pourront désormais être nommés ministres à condition de n’être nés ni wallons ni flamands mais obligatoirement petit homme vert ; la Belgique changera de nom pour s’appeler Eden (jugé touristiquement plus porteur) avec un drapeau en forme de serpent (la pomme, c’est déjà pris par plus puissant que nous); le terre sera plate; école le matin et cinéma tous les après-midis, sauf le mardi où il y a piscine; les fritkots seront obligatoires sur toutes les places du royaume avec sauce andalouse sous peine d’amende ; un jour par an, chacun à son tour, nous aurons droit d’être le roi, à condition de ne pas en profiter pour revendre les bijoux de famille; Bart De Wever sera nommé bourgmestre de Mons pour organiser les festivités kosmopolites (ça le changera) de la capitale kulturelle de l’Europe 2015 tandis que Melchior Wathelet jr deviendra maïeur d’Anvers afin d’empêcher les bateaux de survoler la ville; Alost sera capitale du pays avec carnaval tous les jours ; Bruges, rattachée à Bruxelles en échange de Koekelberg, qui ira prendre l’air à la mer ; Seraing, rendue immortelle par les frères dardenne, vendue aux Américains pour être reconstruite pierre par pierre à Hollywood ainsi que son bourgmestre (attention de numéroter ses abatis pour ne pas le remonter de travers comme une bête commode Ikea!) sauf le stade de Sclessin qui sera rebâti sur le Mont Olympe, sa véritable place. Avec l’argent de la vente, on construira une maison du peuple qui, pour une fois, sera une maison du peuple; la N.S.A. s’installera à Oreye avec pour mission de rechercher l’OTAN perdue ; la sixième réforme de l’état sera inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco et ses auteurs recherchés pour crime contre l’humanité.

Dès lundi, au travail, les élus ! Et, pas question d’attendre à nouveau cinq ans pour vérifier que toutes ces belles promesses électorales ont été tenues. Avec internet, gare à vous, chaque mois, les citoyens auront le droit d’effacer, grâce à un vote électronique, les politiciens qui ont manqué à leur parole ou qui ont mangé leur chapeau. A la trappe, paresseux et menteurs !

Pardon ? C’est à moi de voter ? Excusez-moi, j’étais distrait. Un beau rêve…

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DARWIN SUPER STAR

 

L’imagination de la nature m’a toujours fasciné. Les couleurs folles des oiseaux tropicaux, l’arc en ciel des caméléons, la capacité de certains insectes de changer en quelques secondes leur robe noire en un habit tacheté ou en une longue traîne rouge selon les feuilles ou les fleurs qu’ils butinent. Dans le monde animal, les mutations explosent comme des feux d’artifice. Oh ! La belle bleue ! Oh ! La belle rouge !

Certains esprits superficiels croient que l’homme n’a pas cette faculté. Certes, la mutation ne s’opère pas de la même façon chez tous les membres d’une même espèce. Mais une étude récente montre que chez les homo sapiens sapiens, l’aptitude à changer de peau est substantielle à leur développement. Les plus évolués des mammifères sont à chercher du côté de l’homo politicus. De tous les êtres humains, c’est celui qui montre le plus de talent à varier de couleur en un tournemain. Chez certains exemplaires peu avancés, ce changement physique est facile à repérer. Lorsqu’il se contredit, la peau de son visage rougit ou elle se couvre de plaques. Chez d’autres, le nez s’allonge exagérément – le syndrome de Pinocchio. Les homo politicus sur lesquels ces phénomènes sont aussi faciles à observer ne font pas long feu. Car ils seront incapables de s’adapter aux modifications profondes de leur milieu.

En revanche, chez d’autres, la transformation est si totale qu’elle passe inaperçue. Ce sont les mutants les plus accomplis. Ceux qui vaincront les autres, selon la dure loi de Darwin. Prenons un exemple. Bart De Wever. D’après certains chercheurs, ses aïeux flirtaient pendant la deuxième guerre mondiale avec la couleur noire, tirant parfois sur le vert bouteille, couleur dominante à l’époque. Quand le vert bouteille a été balayé, Bart s’est mis au noir et jaune, nouvelle couleur à la mode. Et dans quelques semaines, il sera capable sans rougir de se mettre au bleu ou au rose indifféremment pourvu que cette nouvelle couleur lui assure le trône couvert d’or d’empereur des animaux.

Guy Verhofstadt a lui aussi réussi sa mutation, un spectacle qui laisse aussi ébloui que celui d’un paon faisant la roue. En passant du bleu le plus profond au vert vif sans paraître le moins du monde incommodé. Et Elio ? Lui qui faisait campagne lors des précédentes élections sur le thème : le bleu ? Jamais ! Aussitôt élu, il s’est empressé de mélanger beaucoup de bleu et un peu de rouge, tout en ménageant l’orange et en neutralisant le vert. Quel peintre aurait pu égaler une telle performance ?

C’est ça qui est angoissant quand on va voter, choisir la couleur d’un bulletin et s’apercevoir qu’il change de teinte dès qu’on l’a glissé dans l’urne.

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FÊTE DES MERES

 

Les diablesses rouges pas championnes du monde ? Allons ! Les mamans belges sont les meilleures du monde. Et pas seulement au classement Pizzas. N’est-ce pas madame Reynders qui a donné à son fils cette intelligence et cette délicatesse qui font le charme de ses discours ? C’est elle aussi qui lui a enseigné l’histoire de notre pays. Ce qui a permis à son fiston de secouer le ronron d’un duel radiophonique pâteux avec un Elio manifestement pas réveillé (une grosse insomnie à cause du raffut infernal des avions ?)

Après coup, on appelle ça un dérapage, une gaffe. Alors que Didier, voyant le débat sombrer dans l’ennui, avait trouvé cette excellente réplique sur l’incompétence des socialistes dans les années nonante pour réveiller l’auditeur, entre temps rendormi, et l’envoyer au boulot. Illustration grandeur nature que les libéraux pensent aux travailleurs. Quoi que disent perfidement les socialistes.

Et la maman Wathelet ? Célébrons-la aussi. C’est elle qui a poussé Melchior junior à se mettre au néerlandais dès son plus jeune âge. Bien sûr, on ne connaît jamais aussi bien une langue apprise qu’une langue maternelle. Devenu chef, Melchiortje n’a pas saisi tous les détails du mode d’emploi du mouvement des avions à Zaventem que lui ont soumis ses excellents conseillers. Mais il a compris l’essentiel. Eviter que les zincs n’arrachent, au décollage ou à l’atterrissage, les patates des champs autour de l’aéroport. Illustration grandeur nature que les C.D.H. ne pensent pas seulement aux humains mais aussi à la nature. Quoi que disent perfidement les écologistes.

Et la maman d’Elio. Ah ! Cette fameuse mama, déjà si souvent mise en vedette par son fiston chéri, qui lui a transmis aussi toutes ses qualités, notamment sa grande modestie. Sur le modèle de la mère de Napoléon, qui n’avait de cesse de rappeler à son rejeton que la Roche Tarpéienne n’est pas loin du Capitole, comme disait son tonton, resté en Italie. Et qu’elle avait si bien résumé dans la formule : « Pourvou que ça doure ! »

Pour que ça doure encore cinq ans au moins, Elio s’est dépensé sans compter. Il a dépouillé l’état fédéral de quelques-unes des compétences qui lui restait, il a serré le cou des chômeurs et laissé la bride sur le cou des banques. Illustration grandeur nature que les socialistes ne pensent pas seulement à leurs camarades mais qu’ils mettent aussi en œuvre le programme de leurs adversaires. Quoi que disent perfidement ceux-ci.

Bart de Wever a aussi une maman. C’est elle qui lui a appris comment se bourrer de gaufres et de frites tout en gardant une taille mannequin. On préfère ne pas vous donner la recette ici car je vois que vous êtes à table. C’est la même recette qu’appliquera son parti lorsqu’il arrivera au pouvoir pour absorber toute la richesse du pays tout en restant aussi maigre que la Flandre.

 

 

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