ORWELL, BACK TO THE FUTURE

    Je croyais à un poisson d’avril avancé de quelques jours. Mais non, l’histoire est vraie. Les marchands de tabac vont être équipés de caméras dites intelligentes qui indiqueront aux buralistes l’âge de leur client.  

Comme ce sont souvent des magasins de journaux, je suppose qu’elles ne seront pas réservées à contrôler la vente des cigarettes. On les programmera également de façon à sélectionner les gazettes en fonction de la personnalité des acheteurs. Un paquet de Marlboro pour Georges-Louis Bouchez, pourquoi pas ? Mais pas question de lui vendre « Libération », trop gaucho, ni le « Matricule des Anges », trop culturel et surtout subventionné par le ministère de la culture. Bart De Wever voudrait acheter « Le Soir ». Horreur ! La caméra affichera un feu rouge. Pour éviter au pauvre homme d’emporter un quotidien qui risque de lui faire beaucoup de mal. Ce n’est pas le moment de le déprimer davantage. 

   Mais pourquoi se limiter aux buralistes ? L’entrée de tous les magasins pourra désormais être contrôlée. Si une dame a été condamnée quelques années plus tôt pour grivèlerie, l’accès lui sera refusé. De même pour un consommateur vegan qui tenterait en cachette de se faufiler dans une boucherie. L’avis qu’affichaient parfois certains établissements « La direction se réserve le droit d’entrée » sera remplacé par « La caméra décide qui a le droit d’entrer ».  

   Il faut voir plus grand encore. Grâce aux caméras intelligentes, le patron saura exactement ce que pense chaque employé de son boulot et de sa gestion. On prétendra évidemment que c’est tout bénéfice pour l’avenir de l’entreprise qui se débarrassera ainsi des mauvais éléments et qui améliorera ses performances avec les travailleurs les plus dévoués. 

  Les dirigeants politiques n’auront plus besoin de longs tête-à-tête pour tâter leurs collègues, adversaires et rivaux. La super-caméra lui soufflera à l’oreille qui sont les bons et qui sont les mauvais. 

Prenez l’exemple de la région de Bruxelles, on n’aura pas perdu neuf mois à tourner en rond en se tirant la barbichette. En quelques minutes, dès le 9 juin dernier, les résultats électoraux à peine connus, la caméra intelligente aura fait le constat que personne ne parviendra jamais à constituer un gouvernement avec la bande d’hurluberlus censés se mettre autour de la table. D’ailleurs, la caméra intelligente rend inutile le processus électoral lui-même. Elle sait d’avance ce que chaque citoyen va voter. Donc, inutile de lui gâcher son dimanche à faire la file. Elle affichera le résultat des élections sans perdre de temps et beaucoup d’argent à les organiser. 

    Ne relisez pas « 1984 », le génial roman de George Orwell. Vous en êtes devenu le héros…

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SECRET D’ALCÔVE

   J’ai commencé l’écriture de mon nouveau roman en juin dernier, sacrée coïncidence le jour où Bart De Wever a lui aussi ouvert son cahier Atoma pour entamer l’écriture du récit de la législature qui va le faire entrer dans l’Histoire. 

  Il a terminé son travail bien avant moi, le dernier jour de janvier alors que moi, je n’en vois pas encore l’issue. Bravo ! Ce qui me rend très indulgent sur la qualité finale de son œuvre. Mais je reconnais aux derniers rebondissements, aux coups de gueule des ultimes nuits fiévreuses où l’on avait du mal à inscrire le mot « fin », la main d’un véritable auteur de fiction. Son texte offre un fil rouge apparent mais aussi plusieurs intrigues entremêlées, des sous-intrigues secrètes, des rebondissements inattendus qui ne demandent qu’à exploser à la face du lecteur. 

On ne pourra apprécier la qualité de l’ouvrage qu’en découvrant le dénouement. C’est la règle d’un vrai thriller. Or, on ne le connaîtra que dans cinq ans. En attendant, le lecteur ne peut que spéculer sur les différentes voies qui vont y mener au climax libérateur. 

On le sait, le diable est dans les détails. Or, en 236 jours, il n’y a que Simenon qui pouvait boucler une affaire parfaite. Mais il était seul maître à bord et avait déjà une liste de repères et d’automatismes. Alors que Bart De Wever s’est cru malin de faire intervenir des co-auteurs. Et de laisser, comme Alexandre Dumas, à cette équipe de « ghost writers » le soin de peaufiner des intrigues parallèles, des développements secondaires et quelques figurants. Qu’il ne s’étonne pas alors que son bazar ne tienne pas tout à fait ensemble. 

Sans doute Bart a-t-il mal distribué le rôle de ses co-auteurs. Ainsi, le chapitre Plus-value, quelle idée lui a pris de le confier à Conner Rousseau ! Il fallait le laisser à Maxime Prévôt. Formé par l’Institut Saint Berthuin de Malonne (porté sur les fonds baptismaux par les évêques de Namur et de Liège) frère Maxime aurait réussi à faire passer tout et son contraire sans vagues selon une vieille tradition social-chrétienne. Tandis que Conner Rousseau, avec ses manières brutales et son langage de charretier, il aurait dû écrire le chapitre Immigration où il se serait montré encore plus efficace que Donald Trump.

Puisqu’il a choisi comme maître Alexandre Dumas et son team (il n’y a pas mieux quand on veut produire du feuilleton), qu’il fasse attention où il met les pieds. Au train où ça va, Bart n’est pas encore prêt à écrire « Vingt ans après ». Quinze jours après serait un titre plus approprié pour décrire les dernières péripéties de ses héros. 

Et surtout qu’il se garde d’utiliser la devise des mousquetaires « un pour tous, tous pour un ». « Sauve qui peut et chacun pour soi » paraît plus approprié…

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LA VRAIE HÉROÏNE DE L’ARIZONA

   C’est une drôle d’impression. Après un si long accouchement, la naissance d’un Arizona sans nana. Ou presque. Il y a tout de même une femme. Qui est évidemment chargée de faire le ménage de tous les immigrés et autres demandeurs d’asile. Une femme une fois de plus pour nettoyer le pays des migrants. Le sale boulot. Une ministre dont on attend qu’elle montre plus de testostérone que l’ensemble des mâles qui composent le kern cabinet. 

   Les femmes ne sont pas totalement absentes du programme qu’ont signé les négociateurs, un bouquin aussi épais, parfois sibyllin et inquiétant que « Crime et Châtiment ». Mais les lacunes à leur sujet en disent plus long qu’un discours. Ainsi, la question de la loi relative à l’avortement n’a droit qu’à quelques lignes obscures. Rédigées sans doute à la fin de la nuit par quelques hommes endormis. Seule mais étrange attention aux femmes dans le programme, la légalisation annoncée des mères porteuses. Où va-t-on ? A moins que la mesure a été prise pour des raisons fiscales. Puisqu’on a décidé de taxer les plus-values, on imposera ces naissances comme on le fera pour la revente des actions. 

On attendait pourtant qu’avec le titre dont s’est fièrement baptisée la coalition, les femmes soient davantage mises à l’honneur. La plus célèbre héroïne de l’Arizona était en effet une femme, Calamity Jane. Une redoutable créature qui a décimé pas mal d’indigènes en compagnie du général Custer. Un duel entre la plus fameuse tireuse de l’Ouest et le plus renommé dézingueur du Nord aurait constitué un spectacle de choix pour entamer le nouveau quart du vingt et unième siècle. 

On pourrait d’ailleurs s’inspirer de la terrible éclaireuse du général Custer pour faire passer sans trop de polémique une autre mesure inattendue, l’uniforme des fonctionnaires. Pour assurer la neutralité dans les services publics et éviter les polémiques autour des « signes convictionnels », nos nouveaux gouvernants envisagent d’introduire un uniforme ou un « code vestimentaire » dans les administrations. Voilà où la référence à l’Arizona va prendre tout son sens. L’habit de Calamity Jane pourrait constituer un modèle adéquat qui ne fera pas polémique puisqu’il est déjà entré dans la légende. Avouez que si votre contrôleur des contributions ou votre employée communale vous reçoit vêtue d’un pantalon en daim avec ceinturon et veste à franges, vous ne songerez pas un instant à discuter ses ordres ou ses demandes. Exactement ce qu’attend de vous Bart De Wever. 

   Mais, qu’il se méfie. En oubliant le rôle essentiel des femmes dans un gouvernement, il risque de les retrouver dans la rue. Avec le printemps, on pourrait fêter les concerts de casseroles… 

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THE LAST PICTURE SHOW

   L’arrivée de l’an neuf s’accompagne selon l’usage de plein de cadeaux. Le meilleur moment de la soirée, c’est celui où l’on contemple les paquets magnifiquement emballés, avec leur délicieux petit nœud rouge, brillant de tous leurs feux, si désirables sous le sapin. L’imagination galope. On se demande quelle merveille va sortir du chapeau. Mais, une fois les paquets déballés, la magie cesse d’opérer. Ce qui était excitant c’était de rêver les promesses cachées sous le papier brillant. 

     Ainsi en est-il aussi du cirque politique. Débarrassé de sa défroque de Saint Nicolas, que restera-t-il en de Bart De Wever en 2025 ? Un monsieur nerveux, l’air si sérieux dans son costume trois pièces mais incapable de monter le château de cartes qu’il nous a promis alors qu’il y a six mois, on a eu l’impression qu’il avait tous les atouts en main et même les jokers.

  Lui, il a déjà composé son gouvernement avant même de monter sur le trône. Donald Trump, vedette tonitruante du Buffalo Bill’s Wild West (à ne pas confondre avec le Monthy Python Flying Circus) a fait miroiter des numéros somptueux dès que s’allumeront les spots. Avec en prime pour tous les spectateurs qui n’ont pas boudé le spectacle, la fin de la guerre d’Ukraine en 24 h. Grâce à quel gadget ? Va-t-il bombarder le Kremlin ou Kiev ? Ou les deux ? Puis s’écrier : j’ai dit 24 h, hein ! Pari tenu ! Pendant que les balayeurs élimineront les gravats, il hurlera déjà dans le micro : Spectacle suivant ! Le Proche Orient ! Et de s’époumonner ainsi jusqu’à ce que le stock de fusées d’artifices soit épuisé… 

   Dans le genre cadeau mystérieux qui excite l’imagination, la Syrie. Le tyran barbare éliminé, les nouveaux rois de la fête viennent aussi le sac plein de promesses auxquelles il suffit de croire pour être joyeux. Ils jurent avoir abandonné la défroque de djihadiste et toute tentation terroriste, leurs bêtises de jeunesse. Ils seront gentils avec tout le monde, même avec les femmes et les chrétiens. Avec qui ils partageront la galette des rois. Tout le monde aura droit à un morceau du gâteau. Mais quelle récompense pour celui qui tombe sur la fève ? Cadeau sucré ou empoisonné ?

Autour de nous aussi, les lendemains sont pleins de mystères. Bien malin qui devinera de quel couleur sera le lapin qui sortira du chapeau en Allemagne en février prochain et après, y aura-t-il un gouvernement avant ou après nous ? Les paris sont ouverts. Tandis que chez nos voisins français, ce sont les jeux olympiques permanents. Les politiques font des rondes à la queue-leu-leu dans l’enceinte du cirque pendant que les lions guettent leurs proies.

Tous ces artistes improvisés devraient prendre exemple sur le seul acteur professionnel du lot, Volodymyr Zelensky, qui ne confond pas les deux métiers. Il sauvera l’Ukraine avant de remonter sur scène…

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 QUELLE EPOQUE FORMIDABLE !

    Une fois de plus, nous assistons, moroses, à l’installation d’une interminable crise pour la formation d’un gouvernement dont tous les participants souligneront, dès qu’elle sera dénouée, combien ils sont insatisfaits d’accéder au pouvoir, prétendant qu’ils n’ont accepté de jouer le jeu que pour le bien public, d’être devenus ministres pour sauver le pays et autres fariboles. 

 A force de tirer sur la ficelle des discussions sans fin sur le programme, la décomposition du pays et la liste des excellences, viendra le jour où le gouvernement ne sera pas encore formé lorsqu’arrivera l’échéance des prochaines élections législatives. Obligeant ainsi le gouvernement en affaires perpétuellement courantes de rester en place cinq ans, dix ans, quinze ans ou plus. Le très vieux Alexandre De Croo recevra l’arrière-petit-fils de Trump élu 54 ème président des Etats-Unis puis les participants de la COP 99 organisée à Schaerbeek devenu port de mer depuis que la Flandre a disparu sous les flots. 

 Et puis les ministres mourront de vieillesse les uns après les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Ce jour-là, le survivant, n’étant plus en conflit avec personne, pourra prêter serment devant le roi et constituer à lui seul un gouvernement qui ne suscitera plus aucune contestation. 

 Certains critiquent déjà cette solution en prétendant que les citoyens risquent d’être lassés d’attendre tant d’années ou de décennies avant la formation d’un gouvernement de plein exercice. C’est pourquoi on avance déjà que, puisqu’aucun être humain n’est capable en Belgique de sortir de ce nid de vipères, il faudrait faire appel à l’IA.

  L’IA qui offrira l’état de grâce à l’état défaillant.  

  Le robot ne connait pas d’état d’âme. Il n’est pas sensible aux animosités personnelles, aux querelles d’ego, aux subtilités byzantines des programmes. Bart De Wever, Georges-Louis Bouchez, Elke Van den Brandt ou Raoul Hedebouw ne sont que des données qu’il mélange en n’obéissant qu’à une seule instruction, former un gouvernement, peu importe les affinités. La super note de BDW ne promet pas assez d’argent public à distribuer ? Celle d’IA ajoute un ou deux zéros et le tour est joué. 

Mais l’IA comprendra assez vite que suppléer aux hommes et aux femmes politiques ne suffit pas. Il renverra donc les professionnels de la politique pour se substituer à eux. Plus d’êtres humains aux commandes et ça roule, ma poule ! IA super ministre, plus besoin de super note super raturée.   

Ne croyez pas que la Belgique servira de laboratoire comme souvent aux autres pays européens. Déjà, certains murmurent qu’Elon Musk a fabriqué un robot à l’effigie de Trump et que c’est lui qui va diriger le monde à partir du 20 janvier. Les premières décisions du président élu laissent penser que ce scénario n’est pas de la science-fiction…   

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YACK ! YACK ! YACK !

  Le voyage officiel de Vladimir Poutine en Mongolie confirme une évidence que beaucoup de juristes feignent d’ignorer : le droit international est comme le droit de la guerre un oxymore, aussi utile pour régler une situation illégale qu’un marchand de frites qui voit passer un délinquant devant son kiosque. Encore que dans ce dernier cas, le marchand peut lui balancer de l’huile bouillante au passage, ce que le président mongol n’avait manifestement pas sous la main. Ce qui prouve qu’un mandat d’arrêt délivré par le Cour pénale internationale est aussi efficace que d’accrocher une plaque « chien méchant » à l’entrée de l’Hippodrome de Boitsfort (dans lequel nos nombreux amis canins gambadent librement entre joggers et cyclistes). 

On sent que Poutine commence à étouffer au Kremlin. Cela fait trop longtemps qu’il tourne en rond dans son palais. Et qu’il a soif de voir du pays.    

Rassuré par son séjour à Oulan-Bator, après un petit tour à dos de yack, en ricanant, le président russe pourra donc passer un de ces prochains week-ends à Budapest sans se faire trop de mouron. Depuis longtemps, la Perle du Danube a pour lui les yeux de Chimène. Avant de songer à réaliser son rêve de toujours, une visite à Bruxelles. 

Pas de danger de mettre les pieds dans notre capitale ? Soyez rassurés, monsieur le président. Vous ne risquez pas d’être arrêté au pied de l’Atomium. 

Faute de ministre de l’Intérieur en exercice et de ministre des Affaires étrangères (laquelle a quitté son ministère – en tram – pour siéger à la commission européenne), qui aurait le pouvoir d’exhiber un document venant de Hollande vous désignant comme l’ennemi public n°1 ? Dieu seul sait où est passé ce fichu papelard. Pour autant qu’on ait deviné qui avait le pouvoir de signer le recommandé venant de La Haye. L’aurait-on par erreur envoyé à un des gouvernements régionaux, peut-être communautaires, faute d’interlocuteurs en fonction au fédéral ? Allez savoir. 

Et Bart De Wever ? C’est la deuxième fois en quelques jours qu’on lui a promis-juré qu’il serait premier ministre. En attendant, il n’est encore personne tant qu’il n’a pas convaincu ses joyeux partenaires qu’il est l’homme providentiel et prêté serment devant le Roi des Belges en concluant que « l’union fait la force » – « eendracht maakt macht ».

Pour un city-trip aux Etats-Unis, Poutine voudra bien patienter jusqu’en janvier, après l’entrée en fonction de Donald Trump. Quoique, en attendant, il pourrait débarquer impunément à New-York pour se rendre à la tribune de l’ONU comme Fidel Castro en septembre 1960 sans que les autorités américaines ne lèvent le petit doigt.   

Néanmoins, je serais Poutine, je me souviendrais d’un proverbe mongol : « la porte fermée, on est empereur dans son royaume ».

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ZERO EST ARRIVE

  « Le Soir » du 2 octobre 1998 annonçait en bandeau « Deux Belges sur trois veulent régulariser les sans-papiers ». Que sont devenus tous ces Belges qui voulaient que la Belgique revoie complètement sa politique d’asile ? 

  Désormais, les politiques se battent partout en Europe comme aux Etats-Unis pour diaboliser les étrangers, les expulser, fermer les yeux sur les camps atroces où nous chargeons Libyens, Tunisiens, Turcs de nous en débarrasser. 

  Il y a quelques jours, le président Macron faisait entrer au Panthéon les époux Manouchian, héros étrangers qui se sont battus jusqu’à la mort avec la résistance française et contre ces « bons Français » qui pactisaient avec les nazis. 

  Salutaire mise en garde alors que tous ceux qui bavent pour monter au pouvoir ont fait de l’immigration l’explication de tous nos maux. 

Avec pour image choc, le fantasme du grand remplacement. Le Vlaams Belang en a fait son cheval de bataille lors de ses congrès où la haine de l’étranger sert à galvaniser les militants (« une vermine importée qui verse dans la délinquance » évolue dans « des ghettos où règne la charia » pour citer quelques propos qui ont servi de zakouskis aux débats). 

Peu à peu, les partis démocratiques se laissent gangrener par ce type de discours. On l’a vu lors du vote de la loi immigration en France il y a quelques semaines. Ou en entendant les déclarations de la N-VA qui s’essouffle à courir derrière l’extrême droite flamande en refusant désormais d’accepter tout nouveau demandeur d‘asile. « Notre objectif, c’est zéro » a clamé Théo Francken. Zéro est arrivé ? C’est ainsi que le parti conservateur veut rattraper ses électeurs tentés vers encore plus à droite que lui. Pauvre Bart De Wever obligé de faire le grand écart, en tentant de tenir un discours de chef d’état pour ne pas se couper de ses futurs partenaires d’un gouvernement qu’il veut diriger tout en laissant les grandes gueules de son parti plagier les slogans de son redoutable concurrent. 

Béni soient les immigrés, se disent en secret tous ces grands tacticiens. C’est grâce à eux qu’ils espèrent décrocher la timbale. Pourvu qu’ils continuent d’affluer d’ici le dimanche des élections !

Il faudrait parfois rappeler à Théo Francken, Tom Van Grieken ou Filip Dewinter que leurs ancêtres sont venus eux aussi d’Afrique chasser les populations locales qui vivaient à l’époque en Flandre. Et à Trump que, sans les dizaines de millions d’immigrés qui ont envahi l’Amérique et massacré ceux qui y habitaient, il ne serait pas aujourd’hui à vitupérer contre ses voisins pour revenir hanter la Maison Blanche. 

On est toujours l’immigré de quelqu’un. Mais les homo sapiens plus que les autres animaux de la planète…

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VOTER UTILE

    Pourquoi pas voter N-VA en Wallonie lors des prochaines élections législatives comme vient de le proposer Bart De Wever ? Certains s’en sont étonné et même moqué. Or, on peut relever plusieurs bonnes raisons pour voter N-VA lorsqu’on est électeur wallon.

   Pour un Flamand qui vit en Wallonie, c’est une façon de faire sauter le corset qui limite la Flandre au petit territoire que lui attribue la Constitution. La Flandre indépendante pourra ainsi s’étendre sur tout le territoire du royaume. Bien sûr, la nouvelle Flandre n’ira pas de l’Atlantique à l’Oural mais de Knokke jusqu’à Arlon, c’est un bon début. Qui lui permettra d’être (un peu) plus grande sur la carte du monde et surtout d’être identifiée par les voyageurs de l’espace – ce qui était devenu impossible depuis la décision d’éteindre l’éclairage des autoroutes. Une décision suicidaire pour tous ceux qui voulaient que l’univers entier puisse contempler la partie la plus noble de la planète Terre. 

   L’extension de la Flandre entraînera aussi des facilités administratives et de nombreuses économies. Ainsi, on pourra supprimer les gouvernements et parlements wallons et bruxellois, le gouvernement flamand gérant désormais tout le territoire. Rendant aussi inutiles les institutions fédérales. Fini les gabegies, huit ministres de la santé, trois de l’enseignement, trois de la culture, quatre de l’environnement et leurs administrations. 

Bien sûr, avoir un Jambon à la tête de l’état fera quelques mécontents mais au moins voilà un Flamand qui a fait l’effort de porter un nom français, symbolisant la volonté de son parti d’unifier le pays.    

   Cette initiative obligera enfin Wallons et Bruxellois à parler néerlandais, alors qu’ils s’en montrent incapables malgré de longues années de cours.  

  Il y aura sans doute quelques casse-têtes, comme le choix d’une seule fête nationale. La Flandre imposera certainement la sienne, la célébration de la Bataille des Eperons d’Or. Ce qui permettra au passage de rétablir la vérité historique. Si la Bataille de Courtrai a vu la victoire du comte de Flandre sur les troupes du roi de France, on cessera d’occulter le fait qu’il y avait autant de troupes wallonnes à son côté qu’il y avait de Flamands combattant avec les Français…  

  Bien sûr, il y a aussi des ombres au tableau. Si l’initiative de Bart De Wever suscite l’enthousiasme des Wallons, on peut craindre que le Vlaams Belang prenne le train en marche. Et qu’un certain nombre de Wallons, en manque cruel de partis d’extrême droite, adopte ces chenapans propres sur eux mais pas dans leurs têtes. 

  Restera alors aux Wallons à créer un parti facho en Flandre pour siphonner dans le dos du Vlaams belang ses électeurs flamands…      

  Voilà comment voter utile en Absurdie…

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LE JEU DES 7 ERREURS

Lors de sa réapparition, qui marque l’arrivée de l’automne et des feuilles mortes, Bart De Wever s’est adressé aux francophones, entendez aux Wallons, porteur d’une grande annonce. Pour la résumer simplement, sa proposition est de séparer le pays en deux à l’occasion de la prochaine législature. Vous avez intérêt, nous dit-il, à accepter ma main tendue. Sinon, malheur à nous, nous devrons affronter le grand méchant Vlaams Belang. Cette séparation du pays, il l’appelle le confédéralisme (tout son programme est dans la première syllabe, on l’aura compris). 

Or que veut le Vlaams Belang ? Séparer le pays en deux…  

Attendez, attendez, où est alors la différence entre la N-VA et le Vlaams Belang ? C’est comme dans le jeu des sept erreurs où on vous montre deux images semblables au premier coup d’œil mais qui contiennent de légères discordances après un examen attentif. 

Première différence, le Belang est une bande de fachos alors que la N-VA c’est un club de démocrates – très à droite. Ce qui rappelle le contraste entre Marine Le Pen et son Rassemblement National et le parti Reconquête d’Éric Zemmour et de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Marine expulse les étrangers avec le sourire et un petit cadeau, Marion avec colère et sans boîte de chocolats. 

Autre différence, le Vlaams Belang danse le tango avec le répugnant leader de Schild en Vrienden, Dries Van Langenhove, alors que la N-VA n’est composée que de braves gens comme Théo Francken (qui, lorsqu’il dérape, s’empresse de s’excuser) ou Liesbeth Homans (pour qui le racisme est « un concept relatif »). 

La N-VA a souvent accusé le Belang d’être un parti « révolutionnaire », décidé à scinder unilatéralement le pays. Mais voilà qu’à son dernier congrès, en juin dernier, le VB a présenté un plan pour une indépendance progressive qui passerait par une négociation avec les Wallons. Seule façon, soi-dit en passant de ne pas se retrouver à la porte de l’Union européenne et des autres organisations internationales dont la république de Flandre aurait absolument besoin si elle larguait les amarres. De son côté, Bart De Wever avait, quelques mois plus tôt, affirmé que « l’occasion de réformer dans le légalisme est passé ». 

Pardon, mais on s’y perd avec cette rafale de déclarations contradictoires. Quand l’un des deux compères de la droite flamande veut rompre brutalement, l’autre préfère le faire avec des fleurs et quand l’autre se montre prêt à discuter, le premier se moque des lois. 

Pendant que les deux frères jumeaux mais ennemis tentent d’arracher le leadership de leur communauté, le citoyen flamand continue de se déclarer majoritairement contre l’explosion du pays, selon les sondages. 

On comprend qu’aucun des deux compères n’a choisi de poser la question par référendum.   

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CHEF, UN P’TIT VERRE, ON A SOIF !

  A l’approche des élections, Bart De Wever oublie enfin les affaires angoissantes du moment pour se détendre un peu avec son joujou préféré, le Lego institutionnel. 

Avec d’abord un jeu de cartes. Chaque électeur flamand disposera de deux bulletins pour élire les parlementaires flamands. Une pour choisir un député de son patelin, l’autre pour élire un castar sur une liste de « grands noms » qui représentera toute la région flamande. 

Mais qui choisira la liste des « grands noms » ? Une main innocente (genre Miss Limburg) par tirage au sort ? Le résultat d’un jeu télévisé ? Ou est-ce Bart De Wever lui-même qui désignera ces bekende Vlamingen ? Dans ce cas, sachant que le maître d’Anvers considère qu’il y a peu de collègues aussi fûtés et intelligents que lui, la liste des « grands noms » soumise aux électeurs risque d’être assez courte :  ils pourront choisir entre Bart et De Wever…

On suppose que ces super-députés auront le pouvoir de voter enfin des lois intelligentes. 

Il serait temps. Quand on voit la politique de la secrétaire d’état à l’Asile qui n’a rien trouvé de mieux pour se débarrasser des migrants, souvent venus en bateau au risque de leur vie, que de les enfermer sur un ponton flottant… 

Autre proposition du maître de la N-VA, supprimer l’élection des membres de la Chambre, qui serait composée désormais de parlementaires régionaux. A quoi bon en effet un parlement fédéral ? Dans son projet, l’état central n’aurait plus de compétences, sauf celles dont la région flamande ne veut pas. Par exemple, empêcher les trafiquants de drogue de passer par le port d’Anvers et se mitrailler entre eux dans les rues de la métropole. 

Autre idée, Bart De Wever suggère d’ouvrir un droit d’appel contre les arrêts de la cour constitutionnelle devant le parlement. 

Il a raison de déplorer la jurisprudence erratique de notre cour constitutionnelle, de ses décisions parfois contestables, contradictoires voire incompréhensibles. Mais elle est le résultat de sa composition absurde, formée pour partie de politiciens généralement en fin de carrière recasés par leurs partis plutôt que de juristes éminents. C’est ce qui explique ces gribouillages plus politiques que juridiques.  

Ce sont donc les politiciens qu’il faut éliminer de la cour au lieu de proposer que les décisions de la cour soient revues et corrigées par d’autres politiciens. 

Dire qu’un projet identique jette depuis des semaines des dizaines de milliers d’Israéliens dans les rues contre le gouvernement de droite-droite-droite en l’accusant de bafouer l’une des règles de base de la démocratie, la séparation des pouvoirs. 

On savait le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou copain avec Poutine. Le voilà donc aussi inspirateur de Bart De Wever… 

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