Deux présidents en France entrant en fonction le même jour ou presque, n’est-ce pas un de trop ? Au contraire, plus on est de fous, plus on s’amuse.
Deux ? Macron et Almodovar. Deux pros du cinéma.
Le président Macron avance lentement sur le tapis rouge devant le brol pointu que son prédécesseur, François Mitterrand, a enfoncé comme un suppositoire dans la belle cour du Louvre. Son numéro rappelle les films fauchés de la nouvelle vague. Un seul acteur, un long travelling, et quelques mots marmonnés façon Jacques Tati. De toute façon la production n’a pas de quoi se payer une prise de son convenable. Histoire de faire passer le message : les amis, on doit se serrer la ceinture.
Pendant ce temps, l’autre président, Pedro Almodovar, grimpe quatre à quatre les marches du Palais des Festivals. Prêt à désigner le champion du monde parmi les meilleurs films de la planète. Dans un décor bling-bling-champagne-strass et paillettes sous les sunlights devant la grande bleue ensoleillée.
A Paris, le nouveau président, jouant la sobriété, tente de rassembler les Français. A Cannes, son extravagant collègue se prélasse dans la mondialisation.
Il y a moins de différences qu’on ne pourrait penser entre leurs deux projets. La filmographie du plus célèbre réalisateur espagnol actuel paraît d’ailleurs avoir singulièrement inspiré Emmanuel Macron.
« Attache-moi » lui a donné l’idée de museler les principales grandes gueules de la droite et de la gauche dont il a allègrement coupé les ailes en allant picorer dans leurs poulaillers respectifs.
« Talons aiguilles » annonçait une de ses promesses électorales : autant d’hommes que de femmes dans le gouvernement et un sous-ministre chargé de surveiller la parité entre hommes et femmes. Qu’il se méfie cependant des inévitables polémiques à venir, coups de Jarnac ou autres planches savonnées, spécialités de l’opposition et des syndicats, qui risquent d’emmener quelques uns de ses ministres à se transformer bientôt en « Femmes au bord de la crise de nerfs ».
Cependant, Macron semble prêt à se battre, à manier l’épée (dont une des ses nouvelles ministres est la spécialiste) et même à verser le sang. N’a-t-il pas investi Marie Sara, la reine des arènes, pour achever l’abominable Gilbert Collard, vieille bête baveuse, dans le Gard ? A l’exemple du combat tragique dans le film « Matador ».
Mais il y en a un dont Macron devrait se méfier tout particulièrement dans l’avenir, c’est François Hollande. Rien de pire que la réaction d’une bête blessée. Là encore, la mise en garde vient d’Almodovar. Après avoir invoqué « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?», monsieur Pédalo pourrait être tenté de réapparaître lorsqu’il entendra certaines sirènes crier : « Volver » (« Reviens ») !
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