La Belgique vient de se doter d’un satellite espion qui porte le poétique nom de CSO-2. Vous vous demandez à quoi bon dépenser cent millions d’euros pour ce gadget ? Les autorités s’en tiennent obstinément au secret défense. Mais pas moi. La vérité, la voilà, CSO-2 a pour mission de suivre l’itinérance de Donald Trump, une fois qu’il aura quitté la Maison blanche.
Le gouvernement tient en effet à éviter à tout prix que l’ex atterrisse en Belgique et demande l’asile politique.
Dans le cas où notre satellitje repère son avion se diriger vers Zaventem, alerte générale. Il sera prié d’aller ailleurs. Riche ou pauvre, peu importe, pas question d’accueillir un immigré sans emploi.
D’autres lieux sur la planète se montreront sans doute moins regardants. Corée du Nord, Syrie, Russie. Mais, à quoi bon ? Dans ces lieux de rêve, une nouvelle carrière politique est impossible pour lui. La popularité des dirigeants locaux y est trop grande pour qu’il puisse les remplacer.
Israël alors ? A l’idée de voir Trump débarquer chez lui, Netanyahou a fait la fine bouche. Connaissant son grand ami, il sait qu’il n’hésitera pas à se présenter comme premier ministre aux prochaines élections. Et qu’il a des grandes chances d’être élu.
A la vérité, Trump a du mal à se voir obligé de s’installer hors des Etats-Unis. Son gendre a tenté de lui remonter le moral en lui offrant une pile de livres racontant l’exil de quelques-uns des plus grandes figures de l’Histoire : Adam et Eve n’ont-ils pas été heureux d’être obligés de quitter le Tigre et l’Euphrate, papounet ?
– Et alors ? Nous aussi, on a été content de foutre le camp d’Iraq…
– Pense aussi à Moïse qui s’est exilé d’Egypte pour s’installer en Israël.
– Tu oublies qu’il est mort avant d’y mettre le pied.
– Et que dis-tu de Constanza ? Un lieu de rêve sur la mer Noire, où avait été relégué le plus grand poète latin, Ovide. Aujourd’hui un port roumain. Mais qui a été âprement disputé par tous ses voisins, Russes, Turcs, Bulgares.
Trump lève un sourcil. Un vrai baril de dynamite, ce Constanza ? Je pourrais prendre la direction de la ville ? Justement, la place est vacante. Le maire sortant, Razu Madare a été condamné pour corruption et association de malfaiteurs.
Et puis rependre la région en mains ? Ca m’amuserait de provoquer quelques courts-circuits entre Russes et Turcs. Le lieu me paraît parfait pour ce petit jeu.
Et, ajoute son gendre, depuis la malheureuse disparition du dernier dirigeant communiste, Ceausescu, ses titres sont vacants : Génie des Carpates, Danube de la Pensée, Conducator.
Ah ! s’écrie Trump, alors je prends !
PS : le titre est emprunté à un des plus fantaisistes écrivains italiens, Italo Calvino.
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