C’était la semaine du vent. Tempête dans les chaumières, frimas, dégâts et frissons. Secouée par la bourrasque, la vie politique belge allait-elle enfin bouger ? Hélas, ceux qui espéraient un programme gouvernemental qui décoiffe sont restés sur leur faim. Ecouter nos excellences, c’est entendre du vent. N’y a-t-il donc personne pour siffler la fin de la récréation ? Souffler quelques idées nouvelles à l’oreille de nos négociateurs ? Avec le temps qu’il fait, il paraît que Leterme (de Caracalla) refuse de se jeter à l’eau. Tant pis pour lui ! Que le vent le balaye et nous apporte enfin un souffle frais !
Il y a bien longtemps, Emile Degelin, cinéaste flamand avait tourné en français sur les bords de la mer du nord un film qui surfait sur la « nouvelle vague », intitulé Si le vent te fait peur. Titre prémonitoire d’une saison qui hésite entre hiver et printemps, qui nous laisse troublés et perplexes. Devons-nous avoir peur du vent du nord ? Faire craquer les digues ? Et croire que c’est du sud – de la Sarkozie- que viendra le souffle régénérateur ? Allons !
En France aussi, les élections municipales se sont collées sur la météo : le vent du boulet rouge a effleuré l’Elysée. D’après les spécialistes, ce n’était pas un tsunami. Juste une brise pour inviter le président à ne plus chercher le vent ailleurs, se mettre à l’abri et travailler.
Plus loin, le souffle des explosions soulève un ouragan barbare, ravageur, inexorable, incompréhensible. Irak, Jérusalem, Pakistan, combien de victimes faut-il encore à Eole pour qu’il serre enfin les lèvres?
On ne connaît donc plus que le vent mauvais ? En 1968, être dans le vent voulait dire être branché. Maintenant, l’expression a pris l’eau. Qui peut dire aujourd’hui dans quel sens souffle le vent et où il vous emporte ? Mieux vaut se tenir à carreau. Hillary Clinton est mal payée pour le savoir, elle qui est sur le point de se faire balayer par la tornade du changement qu’incarne si bien Barack Obama.
Pourtant, c’est aussi le vent qui sauvera peut-être la planète. Lorsqu’on s’avisera qu’une éolienne, c’est aussi beau dans un paysage de plaine que les moulins dont les ailes ont bousculé Don Quichotte.
Le vent ne nous fait pas peur. Il annonce aussi le printemps. Il apporte des senteurs inconnues, des graines venues d’ailleurs. Notre pitoyable ministre de l’Intérieur finira bien un jour par ouvrir les fenêtres et laisser l’air vif de l’Extérieur aérer nos placards moisis. En espérant qu’il emporte au passage notre sinistre police des étrangers (rebaptisée pudiquement Office) et ses centres de détention qui font notre honte.
Alain Berenboom
www.berenboom.com