Pour faire face à l’inflation et à l’accélération de la hausse des prix, le gouvernement a comme toujours réussi à trouver la parade. Pas de hausse de salaire, ce serait donner raison à la gauche, pas de blocage de l’index, ce serait donner des gages à la droite. Mais d’accord pour une prime. Une seule, qui sera versée le jour de la Saint Glin-Glin, avant minuit.
Une prime pour tous, y compris Saint Nicolas ? Ne faisons surtout pas simple. La prime serait octroyée uniquement aux employés, pas aux fonctionnaires, travaillant dans des entreprises qui ont fait le plein de pognon cette année et qui s’en vantent. A condition qu’elles affichent cette santé éclatante dans leurs bilans (autrement dit qu’elles n’aient pas évacué leurs bénéfices ailleurs dans le monde), qu’elles se mettent d’accord avec les syndicats par secteur puis par entreprise, puis par travailleur et par travailleuse à parts égales avec un pourcentage réduit mais significatif pour les transgenres et autres.
Quand enfin l’heureux gagnant de la prime recevra son chèque, attention, pas question de le claquer n’importe comment. Il ne pourra le dépenser que pour des achats déterminés par le gouvernement, par exemple pour assister à un match des Diables rouges, mais pas pour se payer des vacances sur la Riviera ou commander les mémoires de Roberto Martinez.
Si l’on tente de mettre en pratique toutes ces règles byzantines, on se rend compte qu’à ce jour une seule entreprise est qualifiée automatiquement pour payer des primes à ses travailleurs, l’Union belge de football. Une prime soi-dit en passant légèrement supérieure au montant de 750 € prévu par le gouvernement.
Malgré leurs prestations qatar-strophiques, les Diables rouges sont en effet à peu près les seuls travailleurs qui remplissent toutes les cases. Ce n’est peut-être pas un Hazard que le gouvernement ait voulu favoriser notre équipe qui a tant contribué en cette fin d’année 2022 à valoriser l’image de puissance de notre pays dans le monde.
L’Union belge de foot est, selon les termes du projet de loi, une entreprise qui affiche sans honte des bénéfices « exceptionnels ». Elle ne doit pas négocier avec un syndicat et n’est pas tenue de veiller à assurer une égalité de genre entre ses travailleurs. Donc habilité à distribuer la prime.
Reste à déterminer comment ? A parts égales ? Ou en proportion du temps de jeu de chacun, ce qui privera de chèque ceux qui ont fait le voyage mais qui sont restés sur le banc ?
On peut laisser les Diables en discuter entre eux. Chacun sait que le diable est dans les détails. Et on a vu qu’il règne dans les vestiaires la même cohésion, le même enthousiasme et le même dynamisme chaleureux sinon affectueux qu’entre les membres du gouvernement d’Alexandre De Croo.
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