En ce début d’année, j’ai la curieuse impression que les choses ne s’emboîtent pas.
Tenez cette histoire de terrorisme qui a gâché les derniers jours de 2007 alors qu’on venait enfin de caser Leterme dans une armoire. Il paraît que d’affreux barbus se terrent quelque part dans l’ombre en menaçant de faire sauter Bruxelles. C’est l’alerte 4 nous annonce-t-on d’un air consterné (à nous de convertir ce chiffre par l’échelle de Richter pour mesurer le tremblement de terre qui nous pend au nez). Le jour de son installation, le premier ministre joue le mystère tragique, le ministre de l’Intérieur agite sa langue de bois et le feu d’artifices est supprimé pour éviter les rassemblements. Résultat : au lieu de se masser sur le mont des Arts, la foule envahit la Grand-Place. C’est en déplaçant la population de trois cent mètres qu’on a déjoué les plans diaboliques des barbus ? Si on n’a pas eu droit aux pétards, on a reçu un joli rideau de fumée.
L’affaire de la libération de trois otages en Colombie nous donne le même sentiment d’avoir été pris pour des ballots. Les FARC annonçaient un geste humanitaire (ce mot doit avoir pour eux la même signification que pour Staline ou pour Kadhafi), le président Chavez ronronnait sur tous les écrans du monde et les média décrivaient d’avance le déroulement des opérations, faisant déjà des FARC des guérilleros plutôt que des criminels, de Chavez un nouveau Mandela – oubliant au passage le sort des centaines d’autres otages détenus par les narco-terroristes. Aussitôt, le président colombien exhibait le soi-disant l’enfant otage, prétexte pour les terroristes de ne pas libérer les victimes promises. Après ce spectacle retransmis sans le moindre sens critique par les media, comment s’étonner de son épilogue ? La pièce étant déjà jouée et le public ayant applaudi, la libération des figurants n’aurait plus rien apporté aux acteurs vedettes.
Les puzzles incompréhensibles, les pièces qui ne s’emboîtent pas, risquent de se multiplier dans les mois à venir : l’élection présidentielle américaine est toujours l’occasion de promesses absurdes, de rêves glorieux et d’avenir enchanté. La campagne électorale de N. Sarkozy nous en a donné un avant-goût que la situation économique de son pays va l’obliger à prolonger. Poutine en fera autant pour étouffer les critiques sur l’état de survie de la majorité de la population russe.
Reste heureusement la politique belge : peu de risque chez nous de vivre pareilles mystifications après le gouvernement transitoire. 2008, on nous l’a promis, ne nous offrira ni rêves ni paillettes mais l’étripage autour de BHV, le crêpage sur la fédéralisation tous azimuts, le dépeçage du pays. Et on se plaint ?
Alain Berenboom
www.berenboom.com