Pourquoi j’aime les Flamoutches ?
Ce sont des artistes : ils ont Dehaene et Le Coq, Leterme et Hugo Claus. Le beurre et l’argent du beurre. La mer du nord et la mère Siska. Ils ont le meilleur des peintres wallons, le Domaine enchanté de Magritte et le musée Delvaux. Des pistes cyclables protégées et non ces trompe-la-mort tracées à contre sens dans les rues de Bruxelles. Ils ont le seul prix Nobel de littérature du pays et il écrivait en français. Ils ont un décret portant reconnaissance du langage gestuel flamand. Sans eux, Jacques Brel n’aurait jamais existé. Ils ont Breughel, Ensor et la folie. Ils connaissent les fantômes et le diable.
Avec les Marocains, les Turcs et les Congolais, ils ont sauvé le Bruxelles massacré par les grandes figures du cru, Vanden Boeynants et Cudell, en peuplant et en faisant vivre des quartiers que leurs habitants ont préféré fuir pour la périphérie.
Comme les Araméens, ils ont une langue que personne ne comprend dans un monde où l’english et le mandarin font la loi. Le même drapeau que l’on soit d’extrême gauche ou d’extrême droite à cette nuance près que les ongles du lion sont rouges ou pas. Ils ont le super Tom Boonen qui paye ses impôts à Monaco, la superbe Freya Vandenbossche qui se marie à la Thaïlandaise et un premier ministre qui attend désespérément d’aller vivre en Toscane. Ils ont les créateurs de mode, les mannequins, les danseurs et les fleuristes les plus inventifs.
Ils ont tous du boulot. La preuve : quand la sœur de Bart De Wever devient chômeuse, elle va pointer à Arlon et pas à Blankenberghe.
J’aime les Flamoutches parce que leur extrême droite n’a pas réussi à déraciner leurs Groen.
Ils aiment parler les autres langues et ils les connaissent. Koen Peters écrit le grand roman européen, Geert van Istendael les grands poèmes bruxellois. Ils ont la Lys et l’Escaut, Raymond van het Groenewoud qui compose la chanson officielle de la Flandre avec tant d’humour et de dérision que la Marseillaise de Gainsbourg paraît un hymne solennel.
Le politicien le plus craquant de ce royaume craquelé est l’Anversois Patrick Janssens qui peut arrêter la marche des fascistes et des artistes en pagaille qui se mobilisent pour cette cause.
Ils aiment ce pays et le célèbrent quoi que prétendent certains politiciens francophones populistes qui tentent de ramener à eux leurs électeurs égarés et déçus sur le thème de la peur du séparatisme. La faute à l’autre, l’étranger, le Flamoutche, le bouc émissaire. On connaît la chanson.
Rops à Namur et Charleroi danse. Et Dardenne, van Dormael et Hansel. Et Gourmet. Et le théâtre, Sikivie, Delmotte ou Derudder. Les Wallons et les francophones aussi ont tout ça. On dirait qu’ils ne le savent pas. Ouvrez les yeux, nom de Dieu !
Alain Berenboom
www.berenboom.com