UN EXCELLENT CALMENT

Le mot de l’hiver dernier était « vortex ». Personne n’en a vraiment compris la signification mais comme Vortex évoque pour les uns le nom d’un horrible espion russe dans un film de super-héros et pour les autres une substance explosive fort appréciée des terroristes, on a saisi que le vortex n’annonçait rien de bon. En effet, les frimas de février dernier ont donné un avant-goût de la glaciation qui nous attend lorsque le gulf-stream prendra le large.
Cet hiver, le nom en vedette, c’est Jeanne Calment.
Jusqu’ici la doyenne des Françaises – morte à l’âge de 120 ans il y a quelques années – renvoyait l’image de la France éternelle, quelque part entre le paysage tranquille de la campagne avec fond de clocher et braves paysans « de chez nous » et les pubs de la mère Denis (une autre mamie qui avait connu le succès dans des clips de machines à laver, en répétant « c’est bien vrai, ça » exemple de la sagesse du bon peuple d’en-bas).
Mais, patatras, voilà qu’on subodore que la mère Calment n’est pas la mère calmée mais sa fille. Qui aurait pris la place de sa maman pour continuer à percevoir sa pension.
Est-ce vraiment une coïncidence si cette bombe explose au moment où cette même France d’en-bas, dont elle était le symbole, s’est mise à contester chaque samedi les institutions et les fondamentaux du système politique de nos voisins ? Il n’y a donc plus rien qui tienne debout dans l’Hexagone si même cette icône qui ramenait une bouffée du bon temps de jadis pour apaiser les tourments d’aujourd’hui se révèle une contrefaçon.
Chez nous, les choses commencent aussi à sentir le roussi. Notre Jeanne Calment à nous s’appelle Didier Reynders. Un homme qui a connu la Belgique d’avant la N-VA. D’avant même la troisième réforme de l’état ! Il s’en va lui aussi chercher le calme ailleurs. Mais en nous laissant un message paradoxal.
D’une part, il nous abandonne, dit-il, pour Strasbourg et le Conseil de l’Europe. De l’autre, il annonce que les libéraux de Bruxelles peuvent compter sur lui et qu’il va les mener, drapeau au vent.
On sait que l’homme a plusieurs tours dans son sac. Et des cartes plein les manches. Mais comment va-t-il à la fois vivre dans les deux capitales de l’Europe ? Chargera-t-il un faux Reynders de diriger Bruxelles ? Va-t-il se faire représenter à Strasbourg par un clone ? Une doublure ? Laurette Onkelinx justement a du loisir. Et, si ça se trouve, un goût pour le travesti. Ou Daniel Bacquelaine qui doit en avoir plein les bottes de la pension à poings (dans la figure).
A moins qu’il ne fasse appel à la technologie moderne, dont s’était déjà servi Jean-Luc Mélenchon pour animer des débats simultanés dans plusieurs villes françaises ?
2019, on le voit, commence sur les chapeaux de roue. Sûr que c’est une année où l’on va s’amuser…

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CHER EMMANUEL / CHER CHARLES

Cher Emmanuel,

Ce petit mot pour saluer votre prestation de l’autre soir. Vous avez réussi en douze minutes à faire sauter les règles budgétaires européennes qui forment la base même de la monnaie unique et qui étranglent la plupart de vos voisins sans que vos petits déshérités ne vous en remercient. Au contraire. Ils prennent vos annonces pour la misérable aumône d’un fêtard à un SDF. Il ne vous reste plus qu’à quitter l’euro. C’est Madame Le Pen qui va en tirer une tête quand vous annoncerez que vous revenez au franc français !

Cher Charles,

Un conseil pour éviter la contagion dans votre beau pays: soignez vos Témoins de Jéhovah et autres membres de l’Armée du Salut. Ils ont beaucoup de points communs avec la Troupe des Gilets Jaunes de chez nous. Ils défilent en se lamentant sur leur sort, lancent des imprécations contre ceux qui détiennent le pouvoir sur terre tout en promettant un avenir meilleur grâce aux interventions de l’au-delà. Entre temps, ils mendient. C’est toujours ça de gagné (pour eux, pas pour moi). La seule différence entre ces groupes, c’est que les envoyés du Ciel sonnent poliment aux portes sans même encombrer les trottoirs alors que les miens bloquent les rues et démolissent les centres-villes. La France a peut-être eu tort de devenir un pays laïc.

Cher Emmanuel,

Je vous envie : vous n’êtes soutenu que par un seul parti (et encore, il est traversé de doutes), les media vous rejettent, la grande majorité de vos concitoyens vous conspuent mais personne ne peut vous obliger à rendre le pouvoir. Vous êtes solidement installé à l’Elysée jusqu’en 2022 alors que moi, j’ai le soutien de trois partis, la presse est plutôt sympathique, personne ne défile dans les rues pour me couper la tête et je me retrouve au tapis. Si vous pouviez me glisser le mode d’emploi ?

Cher Charles,

C’est moi au contraire qui vous envie. En France, quelques centaines de pauvres types bloquent çà-et-là des ronds-points et tout l’hexagone médiatique leur fait la fête en répercutant en direct permanent le moindre de leur borborygme alors que chez vous, plus de soixante mille citoyens défilent pour le climat sans que vous ne vous sentiez obligé même de respecter les engagements que vous avez pris lors de la COP 21 à Paris.
On dit que la source de tous mes maux vient de ce que je concentre trop de pouvoirs entre mes mains. Pour desserrer la pression, j’envisage de transférer une partie de mes compétences aux régions et de reconnaître leurs langues. Diviser pour régner vaut mieux que l’union fait la force.


Cher Emmanuel,

Prenez garde, malheureux ! Avec trois régions, trois communautés et je ne sais plus combien de gouvernements, chacun n’en fait qu’à sa tête (et se moque de la mienne).

Cher Charles,

Et si on appelait Angela à l’aide ?

Cher Emmanuel,

Plutôt Poutine !

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LA MELANCOLIE DE MR LOYAL

Et si, une fois de plus, le président Macron se trompait ? Si ce n’était pas l’augmentation des taxes sur le carburant, la stagnation du SMIC ou les « cadeaux aux riches » qui faisaient descendre les Français dans les rues ? Si l’explication était ailleurs ? Les Français ont quitté leurs salons et leurs écrans, tout simplement parce qu’ils s’emmerdent.
Les mêmes films et les mêmes séries à la télé, entrecoupées des mêmes bêtes pubs, les programmes stupides sur You Tube, recettes de cuisine, maquillage et ados filmant en temps réel leur quotidien banal à mourir. Assez ! Plus rien ne les amuse. Et surtout pas la politique qu’ils adoraient contempler quand elle ressemblait au théâtre de Guignol. Poum ! Pim ! Paf !
Depuis l’arrivée au pouvoir de la République en Marche, les affaires publiques sont devenues plus soporifiques qu’un bouquin de François Hollande. Le gouvernement est terne, l’opposition inexistante et le président ne parle pas ou du bout de ses lèvres gercées. Plus rien pour amuser les citoyens.
« Je vous ai compris » ou « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle avait une autre gueule ! Comme les débats Mitterrand-Chirac. Ou Georges Marchais insultant les journalistes en direct. On a aussi aimé Mitterrand s’expliquant sur ses curieuses amitiés avec des camarades de Pétain. Ou le « Casse-toi, pôv’ con ! » lancé par Sarkozy. Tout cela ne faisait pas avancer le schmilblick. Mais peu importe du moment que ça amusait la galerie.
Depuis que les cirques ne peuvent plus exhiber d’animaux vivants ni de monstres inquiétants et que les clowns ont pris leur retraite, il ne reste que des gilets jaunes pour faire l’animation et c’est nettement moins comique. Car ces figurants ignorent que l’image ne suffit pas. Pour soulever les foules, il faut aussi du texte, des dialogues bien construits et des punch-lines. Hélas pour eux, Michel Audiard est mort.
Le danger d’une révolte citoyenne guettait aussi la Belgique. On a vu çà et là quelques émules des gilets jaunes français se geler les petons sur les routes wallonnes. Heureusement, notre gouvernement autrement plus réactif que celui du président Macron a pris immédiatement le taureau par les cornes et organisé un grand spectacle pour éviter tout dérapage citoyen.
Faute d’autres accessoires, ils ont brandi ce qu’ils avaient sous la main, un Pacte de l’ONU sur les Migrations, le genre de textes internationaux qui n’intéresse personne et n’a de toute façon aucun effet pour faire semblant de se voler dans les plumes au grand bonheur des citoyens ébahis. Ose seulement aller chez les Marocains ! Bien sûr que je cours à Marrakech dare-dare ! Je refuse de te donner les pouvoirs ! M’en fiche, je les demande au Parlement ! Qu’est-ce qu’on s’amuse ! Ah , Macron, si tu avais le duo De Wever-Michel, tu serais sauvé !

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PÈRE FOUETTARD 2.0

Avec la fin du vieux monde, la sentence cruelle mais inexorable est tombée : exit Saint Nicolas.

Le patron des écoliers a été jeté à la décharge, avec les magnétoscopes VHS, Mario Bros, Fellini, les cabines téléphoniques, le communisme et le fascisme, toutes ces gloires inutiles et démodées du siècle dernier. Attendez ! On me dit à l’instant que le vide-meubles refuse d’emporter dans le lot les partis politiques de jadis, même les pires. Dans le cadre du projet zéro-déchets, il paraît que le communisme et le fascisme peuvent encore servir dans le nouveau monde. Sursis donc pour les fascistes et les cocos. Mais pour Saint Nicolas, en revanche, c’est râpé…

Le monde ayant horreur du vide, il faut d’urgence le remplacer. Mais par qui ?

Théo Francken, qui s’est aussitôt proclamé l’ami des enfants sages, a posé sa candidature. Mais le premier ministre s’y est opposé. Déjà que le budget fédéral n’a pas bonne mine, alors ouvrir une nouvelle brèche en finançant chocolats et spéculoos, pas question. Erdogan, un moment sollicité vu que saint Nicolas était turc a considéré que devoir se glisser dans les cheminées du royaume était au-delà de sa dignité. Grand seigneur, il n’entend se déplacer qu’en tapis volant.

Ne restait, faute de mieux, que ce bon vieux Père Fouettard. Tels ces politiciens inoxydables qu’on croit cent fois morts et enterrés et qui renaissent toujours de leurs cendres, l’ancien second couteau du grand saint est de retour. Désolé, les amis.

On avait pourtant l’impression que le personnage avait été définitivement éliminé par la mode du politiquement correct depuis qu’on lui a interdit de se servir d’un fouet, de menacer les pauvres mioches méchants des pires tourments et de se grimer en Noir de carnaval.

Mais, revenu aux affaires, le Père Fouettard sait qu’il doit proposer du neuf pour coller à l’époque.

Au lieu de suivre son chef et son âne en roulant des yeux, drapé dans un vieux rideau, il va offrir aux enfants une version 2.0 de la fête.

Voici un avant-goût du programme du nouveau calife.

Pour les plus méritants, un gilet jaune clignotant et sonore afin de les préparer à la vie de citoyen du futur. Aux voyous, une solide décharge de Taser gun, méchamment plus efficace que le fouet d’antan – une bonne décharge électrique mais avec énergie douce pour avoir l’air branché.

Plus d’âne non plus, à cause des protestations de Gaïa. Ni de sucreries car des psychologues prétendent que des enfants gâtés préparent des adultes violents. Plus d’histoires inventées car on ne peut plus mentir aux petits pour ne pas les habituer aux fake news et aux promesses électorales.

Allez, Fouettard, encore un effort ! La magie, ça se travaille…

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GIL & JAUNE

Quelle mouche a donc piqué Monsieur et Madame Gil & Jaune de se les geler en plein hiver, en installant un campement de fortune, la nuit devant une station service déserte, au milieu de nulle part, sur une route du Hainaut ou de Liège, en se frottant leurs petites mains glacées devant un brasero qui peut les faire exploser à tout moment ?

Après avoir interrogé des psychiatres, des sociologues, des politologues tous éminents experts qui avouaient leur incompréhension devant cet étrange phénomène, qui rappelle les suicides collectifs des membres de certaines sectes, je crois avoir élucidé la cause du mal : le couple Gil & Jaune est fan de TF1.

Non pas d’un bête épisode de Téléréalité explorant les limites de la résistance humaine, ni d’un jeu concours récompensant le geste le plus bête de l’année. Non du très sérieux journal télévisé.

TF1 n’ayant à ce jour belgiciser que ses pubs et non ses infos, ce pauvre couple a cru comprendre que la Belgique n’existe plus, qu’il vit désormais dans un département français, situé au-delà de Risquons-Tout, la bien nommée. Un territoire sur lequel s’applique la loi française.

Les images montrant brièvement le président Macron avec le roi Philippe et Charles Michel pouvaient laisser croire à une passation de pouvoirs. Eh bien, détrompez-vous, Chers Gil & Jaune, il n’en est rien. Bart De Wever s’est battu comme un beau diable pour empêcher ce coup de force et garantir l’indépendance de notre royaume. Les lois françaises s’arrêtent à la frontière, comme jadis le nuage de Tchernobyl.

La surtaxe carburant, censée contribuer à la lutte contre la pollution, n’est pas applicable en Belgique. Et elle ne risque pas de l’être, pas plus que toutes autres mesures en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, tant que notre petit royaume comptera autant de ministres chargés de l’environnement qu’il y a de portefeuilles à distribuer entre mandataires politiques. Ce n’est pas la première fois. On se rappelle des cafouillages lors de la COP 21 à Paris, où la Belgique a été incapable de s’entendre sur la répartition des efforts entre régions (ce qui lui a valu de recevoir le « Prix Fossile du Jour ») et il y a quelques semaines lors de la signature d’une déclaration commune des trois pays du Benelux dont la Belgique a fait retirer à la dernière minute, d’après plusieurs ONG, les objectifs climatiques chiffrés à long terme pourtant convenus pendant les négociations, rendant cet accord un pur vœu pieux.

Il faut sauver Gil & Jaune. Les empêcher de poursuivre leurs dangereux bivouacs dans le froid et les émanations de pétrole. Car les soins qu’ils vont faire rembourser par la sécurité sociale, avec les taxes de qui, on va les payer, croyez-vous ?

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REVIENS, MARCELLO, ILS SONT DEVENUS FOUS !

S’il vous faut un prétexte pour un city trip à Rome, allez vous nettoyer les yeux, le cœur et la mémoire avec l’exposition Marcello Mastroianni, qui vient de s’ouvrir au Museo dell’Ara Pacis (jusqu’au 17 février 2019).

Pas seulement pour alimenter la nostalgie des années soixante mais aussi pour retrouver cette Italie que l’on aime et qui s’aime, loin de ce pays en pleine convulsions où le vibrionnaire Salvini a remplacé, en pire, Berlusconi, le petit arrangeur. Le haineux défenseur de l’esclusione a pris la place du maître de la combinazione.

Fellini (qui a dirigé cinq fois Mastroianni) disait à un de ses distributeurs belges, M. Luel, que le cinéma italien depuis la fin de la guerre a permis à ses compatriotes d’oublier Mussolini. Un cinéma d’une incroyable richesse mêlant comédies, films sociaux ou politiques et œuvres poétiques. Et qui a vraiment contribué, croyait-on, à façonner l’Italien de la fin du vingtième siècle grâce à la culture pendant que l’économie tournait à plein régime.

Les personnages incarnés à l’écran par Mastroianni, mais aussi par Gassman, Manfredi et les autres, sont en effet à des années lumières des petites frappes qui défilaient au pas de l’oie devant le Duce ou exécutaient ses basses œuvres. (Une dictature qui a tout de même écrasé la péninsule pendant vingt ans).

Pour citer deux excellents films de Mastroianni, en quelques années, on est passé en Italie de « la Dolce Vita » à « Dommage que tu sois une canaille. »

Pendant ce temps, les étoiles du cinéma italien se sont éteintes sans qu’elles ne soient remplacées par une nouvelle génération qui ait cette magie. On a l’impression étrange qu’avec la quasi disparition de son cinéma, l’Italie a perdu son âme. Ce n’est pas une coïncidence qu’elle soit survenue au moment où Sua Emittenza prenait à la fois le pouvoir et l’audiovisuel. C’est lui qui a remplacé la délicatesse des comédies par les défilés de fausses blondes sur tous les écrans de télé (ce qu’annonçait « Ginger et Fred » de Fellini où un Mastroianni vieillissant perdait pied en direct devant les tristes girls). « Touche pas à la femme blanche » avait pourtant prévenu Marcello dans un film de Ferreri!

Héritier de Forza Italia, le fantasque Mouvement des Cinq Etoiles, déjà à la dérive, et les redoutables populistes de la Ligue ont transformé les citoyens italiens en autant de « Pigeons ».

Revoyez aussi une « Journée particulière » de Scola où Mastroianni, journaliste homosexuel renvoyé de son boulot, se retrouve dans son immeuble avec une mère de famille (Sophia Loren) écrasée par sa vie domestique et ses six enfants pendant que la radio diffuse l’accueil d’Hitler par Mussolini non loin de là. Et cette réplique : « Ce n’est pas le locataire du 6e étage qui est anti-fasciste. C’est plutôt le fascisme qui est anti-locataire du 6e étage »…

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2121. ITINERANCE MEMORIELLE BIS.

Nous sommes en 2121. A peine élu, le soixantième président des Etats-Unis doit faire face à une vague de polémiques, de manifestations et de controverses qui minent sa popularité. Ses amours adultères récemment rendus publics avec une femme-robot mariée à une machine russe pourraient même conduire à sa destitution.

Pour y faire face, le nouveau président a trouvé la parade : sortez les mouchoirs ! Il a convoqué les journalistes, en tout cas les plus complaisants, pour l’accompagner dans une Itinérance mémorielle. Des milliers de kilomètres de route. On mangera autour d’un feu  de camp comme les cow-boys de jadis et on dormira sous la tente, après des danses rituelles exécutées chaque soir à la nuit tombée par des Amérindiens. Une espèce de tournée de cirque à travers ce qui reste du pays pour célébrer une tragédie nationale qui permettra de resserrer les rangs, les boulons et les fesses derrière le chef.

Reste à choisir la commémoration qui puisse plonger le pays dans une bonne affliction générale. Et faire oublier ces bêtes histoires d’alcôves pour midinettes que de mauvais esprits tentent de transformer en affaire politique.

En 2120, la guerre civile de 1860 sera trop lointaine pour mobiliser les citoyens. Autant en emporte le vent ! Les multiples guerres auxquelles les Etats-Unis ont été mêlées depuis deux siècles se déroulaient sur d’autres continents.

Quel drame typiquement américain visiter alors pour galvaniser les troupes ? Pardi, les terribles ruines laissées par le quarantième-cinquième président, Donald Trump !

Le soixantième président ira déposer une gerbe de fleurs sur les quelques pans restants du mur érigé par son lointain prédécesseur à la frontière avec le Mexique.

Il emmènera ensuite les journalistes sur les quais de Chicago, désormais le principal port américain depuis que tous les états riverains de l’Atlantique ont été noyés par la montée des eaux. Petit discours au pied de la Statue de la Liberté, sauvée in extremis juste avant d’être engloutie par les flots et remontée sur la Jetée Navy. Avant un survol du Texas, devenu un désert, dans lequel quelques vieux derricks abandonnés, entre les cactus, rappellent de façon exotique le passé pétrolier.

Pour ne pas terminer le tour sur une note trop lugubre, on se retrouvera à Disneyland, précieuse relique de l’Amérique de jadis, celle de toujours. De quoi se sentir regonflé d’espoir sous la bannière étoilée entre Mickey et Cendrillon.

Et l’on chantera God bless America ! resté l’air national. Une composition, soi-dit en passant, signée Irving Berlin, venu de sa Russie natale avant de devenir l’un des modèles du génie américain. Un de ces immigrés qui ont sauvé les Etats-Unis et assuré sa grandeur…

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LES MORTS VIVANTS

Contrairement à ce que pensent trop de gens moroses, l’actualité nous apporte aussi son lot de bonnes nouvelles. Prenez le rapport Planète Vivante 2018 que vient de publier le WWF. On y apprend qu’en quarante ans, la planète a perdu 60 % de sa population d’animaux sauvages.

Certes, on peut déplorer la disparition de nombreuses races de serpents, de tigres et autres bêbêtes cruelles. Lors de nos prochaines vacances organisées par M. Neckerman, on n’aura plus la chance de se faire dévorer par des félins, des crocos ou empoisonnés par des reptiles sous le regard moqueur des moustiques et des rats, les seuls animaux increvables. Tant pis pour l’exotisme ! Mais ce ravage annoncé signifie aussi que nous ne sommes pas condamnés inexorablement à supporter la multiplication des plus atroces mammifères qui pullulent sur notre pauvre astre. Alors que l’arrivée au pouvoir de personnages de plus en plus inquiétants semblait inéluctable.

Trump ne va pas continuer à démolir notre pauvre Terre pendant encore un million d’années. Grâce à sa décision de se retirer de l’Accord de Paris et son scepticisme à l’égard de la dégradation de la planète, il sera bientôt frappé par le mal qu’il aura lui-même contribué à propager.

Et le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro ? Certes, il va commencer par beaucoup mordre, dévaster et faire du mal. Mais, si on évite de suivre les propositions du WWF et qu’on ne prend surtout aucune mesure pour empêcher la disparition des races vivantes sur notre planète, il est condamné lui aussi à être rayé de la carte vite fait, en même temps et aussi rapidement que les forêts d’Amazonie. Et avec lui, tous ces nouveaux monstres, nés peut-être d’une erreur d’aiguillage commise ces dernières années, les Orban, Assad, Kadyrov et autres animaux génétiquement modifiés. Réjouissons-nous donc de cet avenir apocalyptique !

Même si au passage, il entraînera aussi l’extinction de quelques-uns de nos animaux préférés et notamment des derniers dinosaures. La dernière, plus précisément, la pauvre Angela Merkel, presque seule rescapée de ces temps reculés à avoir survécu jusqu’à notre époque diabolique. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs.

PS : on se fera une belle idée des ravages commis par les animaux sauvages, soi-disant civilisés, grâce au magnifique film de Pawel Pawlikowski Cold War qui vient de sortir ces jours-ci. Une description au scalpel de la machine communiste des années cinquante et de sa façon de broyer les homo sapiens qui ont eu le malheur de tomber du mauvais côté du rideau de fer. Un drame admirablement mis en scène avec une photo en noir et blanc qui rend l’histoire intemporelle, donc affreusement actuelle.

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LE GRAND ART DE LA BOUCHERIE

Tout le monde est bien d’accord: un consulat n’est pas une boucherie. Si un chef d’état ou son clone veut éliminer un opposant, pourquoi le faire dans ses locaux consulaires en Turquie ?

Les Turcs eux-mêmes ont montré l’exemple : il suffit d’enlever l’opposant mal aimé et de le fourrer au fond d’une cellule pour le reste de sa vie. M. Öcalan en est le bon exemple. Personne ne réclame sa libération, non ? Pourtant, Alan Parker l’avait déjà montré jadis dans Midnight Express, mieux vaut terminer en petits morceaux dans une valise que vivant dans une prison turque.

Ce qu’on peut reprocher aux autorités d’Arabie saoudite, c’est de s’être trompé sur le choix de l’abattoir, pas de pratiquer l’art de la découpe. Je comprends leur surprise à voir la protestation internationale. Qui a jamais dénoncé la peine de mort que pratique ce pays depuis toujours, sous la forme de la décapitation ?

Ils peuvent en effet s’étonner de nos cris d’orfraie. Ne donne-t-on pas à tous les enfants à lire « Alice au pays des merveilles », en le présentant comme un chef d’œuvre. Quand la Reine de Cœur crie « Qu’on leur coupe la tête ! » tout le monde éclate de rire. Alors, pourquoi faire deux poids, deux mesures selon qu’on parle de Lewis Carroll (ou de Walt Disney) et de Mohammed Ben Salmane ? Peut-être a-t-il lui aussi innocemment sucé avec le lait de sa nourrice le thé du Chapelier fou et des autres mastocs qui entourent Alice ?

Après quelques nouvelles décapitations, on aura oublié le découpage de ce pauvre Kashoggi. Justement, on attend celle de la militante Israa Al-Ghomgham. En Arabie saoudite, il ne suffit pas pour les femmes de décrocher le permis de conduire, la grande affaire de MBS pour se donner une image de révolutionnaire moderniste, il faut encore conduire dans les clous et en silence.

Une chose est évidente : le type chargé de la communication de MBS est si incompétent que lui aussi, si j’étais le patron, je le passerais à la moulinette. Et il faut revoir entièrement le plan media. En changeant tout à fait de tactique. Le mieux serait d’écrire un nouveau récit des événements en faisant de Kashoggi le mauvais de l’histoire. Le gouvernement de Ryad a les moyens de s’offrir les services des meilleurs. Qu’il charge Quentin Tarantino de cette affaire. Au bout d’une heure et demie de projection, quand John Travolta et Samuel L. Jackson auront mis la main sur le sournois journaliste, jadis conseiller de la couronne mais qui a trahi son maître, tout le monde applaudira dans la salle les deux tueurs de s’en débarrasser selon leurs méthodes habituelles.

Un scénario osé ? Je ne compte pas faire prochainement du tourisme en Arabie saoudite !

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VOTER ECOLO ?

Moi voter Ecolo ? Pas fou ! T’as vu le temps qu’il fait ? 25 ° en octobre ! Après le passage par le bureau de vote, dimanche dernier, je suis allé prendre l’apéro en maillot sur la plage d’Ostende. J’aurais même fait une petite brasse si la plage n’était pas envahie par les méduses. Avec les écolos, ce sera fini tout ça, l’été en automne, l’apéro en maillot (d’accord, les méduses aussi). Gare aux Ecolos, les amis ! Ils veulent le retour de la pluie, du vent, des frimas. Non merci !

Dans quelques mois, on pourra planter des bananiers plutôt que des patates et les orangers vont fleurir toute l’année sur l’avenue Louise. Et vous vous plaignez ?

Le réchauffement climatique ? Y n’a que des avantages : avec la Flandre sous eau, on ne se demandera plus comment rabattre le caquet à Bart De Wever et empêcher la droite de la droite de s’allier avec l’extrême droite de la droite. Tous balayés, obligés de nager vers Uccle avec des méduses accrochées à leurs maillots. Eux qui voulaient des visites domiciliaires, y vont êtes gâtés. Y z’auront les pompiers tous les jours en canot dans leurs villas quatre façades pour sauver mamie et le canari.

Et une fois débarqués à Uccle, je leur en donnerais, moi, des visites domiciliaires. Qu’est-ce que vous faites ici ? Ah ? C’est une famille d’Uccle qui vous a ouvert la porte ? Les Reynders ? Voyez-vous ça ! Je ne les savais pas si généreux avec les étrangers ! Mais, désolé, m’sieur Reynders, il est interdit de jouer la famille d’accueil pour les Flamands ! Même pour emmerder les Verts ! Ten strengste verboden ! Allez, les réfugiés, cessez de dégouliner sur le beau parquet de m’sieur le minist’, reprenez vos valises, et en route pour le centre fermé de Steenokkerzeel, une des dernières terres émergées de Flandre. Uccle est réservée aux Blancs de souche locale, si vous voyez ce que je veux dire. Pas de Blancs d’importation ici.

Vous me direz : si les réfugiés du nord, chassés par la hausse des eaux, envahissent les beaux centres qu’ils ont fabriqués pour ceux venus du sud, que va-t-on faire de ses occupants actuels?

Ne vous en faites pas. Le flot va se raréfier. Ceux qui débarquaient chez nous, fuyant sécheresse et chaleur, vont être drôlement surpris de découvrir qu’il fait aussi canicule à Liège qu’à Addis-Abeba ! Plus besoin de Théo Francken pour s’en débarrasser. Le changement climatique qui nous emmène un soleil de plomb, c’est drôlement plus efficace et moins coûteux que d’engager des milliers de flics et d’acheter du matériel.

Et cessez de protester en disant que la lutte contre le réchauffement s’inscrit dans la défense des doigts de l’homme alors que le soleil est un cadeau sorti des doigts de Dieu.

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