Haro sur le fringant capitaine du Standard ! Sergio Conceicao a craché sur l’adversaire, bousculé l’arbitre avant de sortir du terrain, torse nu. D’accord, c’est scandaleux. Mais, s’il y avait eu méprise ? Si le soulier d’or avait cru que, pour se faire entendre en Belgique, il fallait désormais éructer ? Hommes et femmes politiques, industriels, même juges et journalistes, tout le monde semble en effet gagné ces temps-ci par le syndrome du hooligan sauvage. Chez ces gens-là, les crocs-en-jambe sont sans doute moins spectaculaires, les crachats plus feutrés, la bousculade moins physique. Mais pas moins traîtres.
Voyez par exemple comment Olivier Maingain a brandi la carte rouge contre son rival, Didier Gosuin (cumulant les rôles d’arbitre et de joueur). On regrette d’ailleurs que le challenger ait disparu aussi discrètement alors qu’il avait si bien commencé à cracher son venin. Et quel dommage que le pimpant bourgmestre d’Auderghem n’ait pas quitté la tribune, torse nu, en jetant au passage veste, chemise et cravate à la figure de son ex et futur président.
Que dire aussi des critiques de certains journalistes à propos du prince Philippe en voyage économique en Afrique du sud ? Une mission brillante et réussie, d’après la plupart des participants, y compris le très peu royaliste ministre Van Quickenborne. Mais pour alimenter leurs objectifs très peu journalistiques et très bassement politiques, quelques messieurs n’ont rien trouvé de mieux que de faire une affaire d’état de la plainte d’un quidam, vexé que le prince ait osé ne pas le reconnaître alors qu’il l’avait déjà croisé, paraît-il, dans l’un ou l’autre pince-fesses. La manœuvre de ces messieurs s’appelle un tacle sournois. Sur le terrain, il vaut une carte rouge (à Anvers, une carte noire…)
Et la saga du survol de Bruxelles ? Un tribunal oblige le gouvernement à disperser les vols, un autre à les concentrer. Ces deux juges ont fait mieux que se cracher à la figure. Ils se sont carrément marché sur la tronche ! Comme ces politiciens plus soucieux de la chasse aux voix de préférence qu’à la sécurité des passagers et des habitants. Tiens, une idée : puisque la route Onkelinckx s’est enlisée dans un champ de patates, ne pourrait-on suggérer que les avions descendent désormais sur Bruxelles-national en survolant les terrains de football de la capitale plutôt que les maisons ? Au passage, le bruit étouffera peut-être les injures, les cris et autres délikatessen que s’échangent joueurs et supporters
Alain Berenboom
Paru dans LE SOIR
PS : Un roman hollandais (façon grand roman américain) à recommander absolument : « Malibu » de Léon de Winter (Le Seuil). Une tragédie (la mort d’une jeune fille vu par son père, scénariste raté) sous la plume d’un humoriste.