TECHNIQUE NAC

Quoi ? Vous ne connaissez pas les NAC ? Prenez garde si vous ne voulez pas être largués. Le monde se divise en deux : ceux qui sont dans le coup (ils connaissent tous les acronymes à la mode) et les autres. Faites donc semblant d’adorer les NAC, sinon vous êtes bon pour la remise à outils au fond du jardin, là où sont déjà rangés ces quelques anciens amis de Facebook qui vous donnaient l’air ringard.

Donc, les NAC. Je vous le glisse à l’oreille. Ces trois lettres désignent les Nouveaux Animaux de Compagnie. Chiens, chats, perruches ? Oubliez ces pauvres bestioles affreusement démodées. Pour être chic aujourd’hui, il faut vivre avec des serpents, des araignées exotiques, des fennecs et autres bébêtes rapportées de votre dernier voyage au Burkina Faso ou en Papouasie et passées sous le nez des douaniers à Zaventem aussi coulos qu’un sachet de cocaïne pour votre copain psychiatre qui n’a pas le temps de voyager.

Le NAC, c’est la dernière façon à la mode pour faire monter l’adrénaline. Pour se sentir vivant, cool et branché, le nec plus ultra est de mettre sur la table de chevet à côté de votre lit une boîte à chaussures dont sortent des grattements bizarres. De peupler votre appartement d’animaux monstrueux qui prouvent que les desseins de Dieu sont impénétrables.

Certains murmurent que ce qui a poussé le pape Benoit XVI à la démission, ce n’est pas la découverte d’un réseau gay mais celle d’un réseau NAC dans les caves du Vatican.

Les NAC, c’est bon pour l’image de marque. Regardez la vie politique italienne. Mario Monti s’est cru malin en s’exhibant à la télé pendant la campagne électorale en tenant dans ses bras un petit chien ridicule. Alors que Berlusconi, lui, recrute dans les soirées bonga-bonga. Résultat, Monti, avec son image démodée, a sombré aux dernières élections alors que le Cavaliere est redevenu le politicien à la mode. On imagine souvent que le citoyen moyen veut être rassuré. Mais, dans le secret de l’isoloir, il finit toujours par se laisser hypnotiser par le serpent ou l’araignée.

C’est ce qu’a compris, avec un peu de retard, Elio Di Rupo. Pour le remplacer à la tête du PS, il avait d’abord placé Thierry Giet, un brave, un doux, un herbivore qui ne ferait pas de mal à une mouche. Les sondages lui ont vite montré son erreur. Avec la souplesse d’un félin, il s’est empressé de le remplacer vite fait par un vrai NAC alors que se profile une campagne législative qui va ressembler à un combat de fauves dans la jungle. Face à un Bart De Wever qui a assimilé toutes les techniques des NAC. Séduction. Hypnotisme. Langue fourchue. Discours paralysant.

« Si l’on pouvait croiser l’homme et le chat, cela améliorerait l’homme mais dégraderait le chat» écrivait Mark Twain. Et si on le croisait avec un NAC ?

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POURQUOI J’AIME L’ITALIE

  Je peux vous dire pourquoi j’aime les socialistes wallons, les marches militaires, les films d’horreur muets allemands et les polars mexicains. Mais pourquoi j’aime l’Italie …

Faisant le bilan des années de dictature, juste après la guerre, Elsa Morante écrivait : « Mussolini est un homme médiocre, une brute, étranger à la culture, à l’éloquence vulgaire et facile ». Les comparaisons historiques sont toujours inexactes et trompeuses mais n’est-il pas troublant que Berlusconi ait répété pendant la campagne électorale, en célébrant la journée de l’Holocauste, qu’il y a beaucoup de bonnes choses dans les réalisations du Duce ?

Morante disait aussi : Le peuple italien s’est-il rendu compte des crimes de son chef ? Bien sûr, presque toujours le peuple italien est prêt à donner ses voix à celui qui a la plus forte voix plutôt qu’à la justice. Si on lui demande de faire le choix« entre son intérêt personnel et son devoir, même en sachant ce qui doit être son devoir », il choisit toujours son intérêt. « Un peuple qui tolère les crimes de celui qui est à sa tête, concluait-elle, devient complice de ces crimes. »

Et pourtant, même si j’adore la Morante et que je n’oublie pas près d’un quart de siècle de fascisme, j’aime l’Italie.

On dit souvent que les dirigeants d’un pays sont à l’image de ses habitants. L’histoire de l’Italie d’après-guerre est elle aussi inquiétante, d’Andreotti à Berlusconi. Au point qu’on peut se demander si les Italiens n’ont pas choisi de faire mentir le cliché en se donnant des chefs qui ne sont pas leurs miroirs mais leurs repoussoirs, comme dans le théâtre de marionnettes, justement une spécialité locale, l’opera dei pupi. Les hommes politiques italiens ne ressemblent-ils pas aux fantoccini, les marionnettes à fil, maniées en coulisses par leurs montreurs ?

Dans un pays aussi morcelé que l’Italie, aux pouvoirs encore plus éclatés que la Belgique, n’est-ce pas plutôt la culture qui est le reflet de son peuple ? Et sa cuisine ? Et ses paysages ? Vu à travers son cinéma, l’Italie a tout de même une sacrée gueule quand elle prend le masque de Nanni Moretti ou de Vittorio Gassman, de Mastroiani ou de Sordi. Ou celles de ses sublimissimes stars, Stefania Sandrelli (ah !), Monica Vitti (ah !), la Masina, la Martinelli, la Massari. Au passage, allez donc admirer la magie du cinéma italien dans le plus dingue musée du cinéma du monde à Turin.
L’air a une autre saveur à Rome, les églises un charme délirant à Lecce et à Notto. Et je préfère éviter les clichés à propos de Venise. Ils sont tous en dessous de la vérité. Même la pluie y est plus douce que le vin.

PS : le plus fantasque mais peut-être le plus pertinent et passionnant romancier italien, lisez Mario Soldati, dont les éditions du Promeneur sont en train de rééditer toute l’œuvre.

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ROME OU BOLOGNE

Pendant des siècles, on se bousculait pour être pape. Papes et anti-papes, papes parallèles et papes fantômes s’en donnaient à cœur joie pour glisser leurs fesses sur le trône de Pierre en éliminant plus ou moins gentiment celui qui s’y accrochait. Un vrai jeu des chaises musicales. Tout ce beau monde crachant des bulles à qui mieux mieux se cognait joyeusement dans le sang plutôt que dans le savon. Rien que dans la famille des Benoît, le numéro VI fut étranglé par le numéro VII des Boniface. Le numéro XI fut empoisonné à Pérouse où il s’était exilé. Le numéro IX, mon préféré, fut élu à l’âge de douze ans, remplacé peu après par le numéro III des Sylvestre qu’il réussit à chasser avant de s’effacer, comme le numéro XVI, au profit du numéro VI des Grégoire qui lui avait remis un chèque plantureux pour se coiffer de la tiare. Redevenu pape quelques années plus tard, il fut chassé, cette fois définitivement, par le numéro II des Damase. Qui ne l’emporta pas au paradis. Ou plutôt si, puisqu’il mourut vingt-trois jours plus tard. Seigneur, Marie, Jésus ! On savait vivre en ce temps-là !

A côté des entrées et sorties rocambolesques de ses ancêtres, la démission du numéro XVI est d’un terne accablant, à l’image de son règne. Des observateurs en sont même arrivés à remarquer que le départ du dernier des Benoît était le seul acte moderne de son règne. Ce qui n’est pas mal vu. Les héros de notre temps ne sont pas comme jadis ceux qui ont mené à bout une belle épopée, transformé le monde ou au moins entrepris une réforme historique, l’abolition de la peine de mort ou du délit d’avortement. Non, le héros d’aujourd’hui est celui qui a laissé tomber et qui est parti. Jamais Berlusconi (même lui !) n’a recueilli ces dernières années une telle popularité que depuis qu’il a claqué la porte du palazzo Chigi (au point que certains Italiens semblent avoir oublié qu’il a dû s’enfuir par la petite porte, celle réservée aux mendiants et colporteurs).

A cet égard, en effet, Benoît XVI aura réussi totalement sa sortie. Personne ou presque n’a entendu l’annonce de sa démission. Aucun des rares journalistes qui assistaient à son discours, sauf une, plus futée que ses collègues, n’écoutaient sa voix monocorde et son charabia en latin. Dès le lendemain de l’événement, enfin connu, il était déjà oublié, écrasé par une information autrement plus importante : la sauce bolognaise d’une partie des lasagnes surgelées contenait du cheval et non du bœuf.

Entre Rome et Bologne, les citoyens n’ont pas hésité longtemps.

PS : c’est le moment de (re)voir « Habemus papam » de Nanni Moretti. Superbe portrait d’un un pape élu malgré lui. Hésitant à accepter le mandat que lui ont confié tous ces vieux messieurs célibataires comme lui coupés du monde, il erre dans Rome à la recherche de la vraie vie.

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SALUT AUX COUREURS D’AVENTURE !

Jadis, l’aventure, c’était courir le monde, découvrir des lieux, des gens différents. Philéas Fogg, Tintin ou les héros de John Buchan (le magnifique auteur de « Salut aux coureurs d’aventure ! ») entraînaient les assoiffés d’ailleurs dans les coins les plus improbables de la planète.

Mais maintenant que tout se ressemble de Schaerbeek à Shanghai et à Doha, que tout est uniforme, les gratte-ciel comme les distributeurs de Coca, l’allure des femmes autant que les marques de poudre à laver, où chercher encore un peu d’exotisme ?

Les occasions de frôler le vide, de défier le vertige, deviennent rares. Jusqu’il y a peu, on aurait conseillé aux amateurs de devenir enfant de chœur mais même ce danger-là semble s’être estompé, hélas, ces derniers temps.

Pour attraper le grand frisson, la seule façon est de mettre le cap à gauche dans un monde où le capitalisme sauvage a triomphé.

Dans une interview pétillante d’intelligence, publiée le week-end dernier, l’ancien président du tribunal civil de Namur, Christian Panier, annonce son nouveau coming out. Le voilà bleu du PTB. Debout, les damnés de la terre wallonne !

Ne vous moquez pas. Où trouver son bonheur en Belgique quand on se veut résolument de gauche ?

Que Christian Panier conserve tout de même à l’instar de son ancienne déesse, Thémis, un bandeau sur les yeux, en se promenant dans les bureaux de ses nouveaux camarades. S’il l’enlève, le portrait de Joseph Staline risque de lui sauter à la figure.

Mais, pourquoi choisir les héritiers du bolchevisme alors que nous avons un premier ministre socialiste ? Le cinquième seulement dans l’histoire du pays, le premier depuis quarante ans à chanter l’Internationale pendant qu’il se rase, le poing levé, en défiant le grand capital.

Lequel, notez-le, se montre bon prince. Jamais autant de grands patrons étrangers ne se sont installés chez nous que depuis l’arrivée des rouges au pouvoir. Peut-être sont-ils mal renseignés ? On leur a glissé à l’oreille que c’était le très conservateur Bart De Wever qui dirigeait le pays.

Peut-être aussi que notre grand leader rouge a le titre, la cravate, mais pas réellement la fonction ?

Les socialistes ne promettaient-ils pas de combattre le système des intérêts notionnels s’il n’était pas lié à la création d’emplois ? Oui, mais Bart De Wever n’en voulait pas. Alors…

Les socialistes ne s’engageaient-ils pas à promouvoir un meilleur sort pour les travailleurs ?

Oui, mais Bart De Wever trouvait que, sans blocage des salaires, la Flandre allait perdre des marchés. Alors…

Bart De Wever vient d’interdire les T-shirts vantant le combat des homosexuels à Anvers. Que va faire M. Di Rupo ?

Défier le bourgmestre de la métropole en arborant le vêtement honni lors de sa prochaine rencontre avec Mittal ? Ah ! ça, ce serait de gauche…

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HOLLANDE ET SES REINES

Pour les amateurs de jeux de cartes, de réussite comme de poker, l’idéal est de tirer un as. Mais, Obama et Merkel ayant monopolisé la carte maîtresse, restent à distribuer les roi, dame et valet (beaucoup de valets).

Conscient de ses limites, le modeste président français a toujours essayé de jouer les reines. Mais, coup sur coup, ses deux reines se sont fait la malle : après Royal, voilà qu’il vient de perdre la reine de Hollande. Malgré ses succès au Mali, le voilà bien marri (marri pour tous, quand même).

S’il songe à se consoler dans les bras d’un légionnaire, comme jadis Gainsbourg, qu’il fasse gaffe ! Dans le texte de la célèbre chanson, l’histoire du beau légionnaire est bien inquiétante :

« Il était plein de tatouages/Que j’ai jamais très bien compris,/Son cou portait: « pas vu, pas pris« 

Pas vu, pas pris ?

Ben oui, ils sont où les fameux terroristes islamistes qui tenaient le Nord Mali dans une poigne de fer ? Pas vu, pas pris.

Et leurs milliers d’armes terrifiantes, piquées dans les arsenaux de Kadhafi ? Pas vu, pas pris.

Et les otages qu’ils détenaient ? Pas vus, pas repris…

Les Français ne sont pas destinés à rester au Mali, a averti le président français.

« Il m’a aimé toute la nuit/ Mon légionnaire !/ Et me laissant à mon destin / Il est parti dans le matin ». Bon mais une fois reparti « dans quelque pays merveilleux » le légionnaire qui « sentait bon le sable chaud », que va-t-il se passer ? Les hommes d’Ansar Dine, et autres poissons froids, vont-ils sortir de leurs boîtes et revenir tranquillement prendre le thé à Tombouctou et à Gao ? Détruire ce qui restait encore des monuments et autres trésors de la culture séculaire ? D’après ce qu’on a compris, ce n’est pas l’armée malienne qui va les déranger.

Il a fallu dix ans pour dénicher Ben Laden, caché si l’on peut dire, dans une villa paisible d’une des villes les plus militarisés du Pakistan. Bonne chance pour trouver Ansar Dine dans les mers de sable du Sahel ! Son avenir baigne dans l’huile.

Une guerre, c’est toujours comme ça : ça commence par une réussite et ça se transforme en poker menteur pour finir en strip poker. A se demander pourquoi il s’en trouve encore qui s’amuse au kriegsspiel  ?

Mieux vaut prendre exemple sur Mittal. Lui ne s’est jamais contenté de rois ni de reines. Il ne s’est pas laissé bercer par ses valets. Il a sorti le joker. La carte qui supplante toutes les autres. Celle qui permet au joueur de changer les règles au fur et à mesure de la partie. Et si ça ne plaît pas à ses partenaires, c’est simple, il ramasse toutes les cartes et il s’en va jouer ailleurs. Car il s’en trouve toujours d’autres qui croient avoir un moral d’acier avant de se retrouver grillés à leur tour…

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MARK DE LUXE

Toute l’histoire de l’Allemagne au vingtième siècle peut se résumer en un mot : la chute.

Chute de l’empire après la première guerre mondiale, chute du Reich après la seconde. Chute du mur en 1989.

Des utopies immenses. Des débâcles dérisoires.

Chaque fois, quelques jours ont suffi à balayer les symboles les plus glorieux de la nation, tout ce qui a uni les Allemands ou les a écrasés. Qui se rappelle encore que l’empereur Guillaume II dirigeait la première puissance économique d’Europe en 1918 ? Et d’Hitler, dont le souvenir s’estompe parmi les jeunes générations ? Oublié aussi le spectre de cette Allemagne bis, la RDA, engloutie avec le reste du monde communiste européen.

Et maintenant, Angela ? Faudra-t-il titrer Chancelière : la chute ?

A l’issue des dernières élections régionales, son sort semble aléatoire, disent de nombreux observateurs, les mêmes qui, quelques jours plus tôt, ne donnaient par cher de la peau de son challenger social-démocrate. Certains commentateurs ont la mauvaise habitude de bâtir leurs articles sur le dernier tweet reçu. Pourquoi les résultats des élections de Basse Saxe la semaine dernière décident-ils des votes des électeurs allemands en septembre?

Comme l’écriront les mêmes observateurs dans quelques semaines, sur base de nouveaux sondages, les jeux ne sont pas faits. Angela dispose encore de quelques atouts dans la manche étroite de sa veste couleur prune écrasée.

Quelle que soit votre opinion politique, reconnaissez qu’elle vous a bluffés, Angela.

Et pas seulement par ses tenues vestimentaires. Remarquez, je préfère son absurde garde-robe aux déguisements tyroliens dont s’affublent certains dirigeants politiques de chez nous quand ils se rendent dans leur lieu de vacances favori, croyant faire couleur locale.

Que la fille d’un pasteur établi en Allemagne de l’est, qui a signé une thèse en chimie quantique, soit propulsée première chancelière de l’histoire laisse penser qu’elle en a encore sous la pédale, comme disait Eddy Merckx de son ami Lance Amstrong.

Une physicienne capable de prévoir le comportement des molécules sur base de la mécanique quantique doit analyser mieux que d’autres le comportement des électeurs, même ceux du Schleswig-Holstein, réputés pour leur amour de l’indépendance – c’est aussi le cas des molécules.

Angela a montré une souplesse politique qui étonne ou agace. En tout cas, elle a réussi l’exploit de battre le chancelier sortant Schröder en critiquant sa politique de flexibilité du travail, qu’elle a aussitôt mise en application. Alors, pardon, Angela, quelle Mark de luxe !

PS : paru il y a quelques mois, un roman magnifique, « Quand la Lumière décline» (éditions Les Escales) d’Eugen Ruge raconte, à travers le destin d’une famille, toute l’histoire de la RDA et d’une génération d’Allemands anti-nazis,  perdue dans l’utopie communiste.

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BONUS MALI

En ces temps de givre et de frimas, comment ne pas saluer l’initiative du Forem de faire gérer ses services informatiques par des sous-traitants établis au Maroc ?

On suppose que, toujours attentif à accomplir au mieux sa mission, le Forem aura exigé que ces emplois soient confiés à des chômeurs de chez nous. Bravo ! Envoyer nos chômeurs en Afrique, enfin une idée nouvelle, ingénieuse, pour remettre les Wallons au travail ! Et couper l’herbe sous les pieds de De Wever et compagnie. Cette fois, on peut être sûr que les nationalistes flamands resteront sans voix devant un projet aussi audacieux.

Logés quelque part entre Ouarzazate et Taroudannt, nos travailleurs épargneront non seulement de bêtes frais de chauffage, d’électricité et d’eau mais surtout toutes ces autres dépenses inutiles nées de l’ennui : alcool, lotto, casino, etc.

Cette opération est aussi un bel exemple d’application sur le terrain de cette flexibilité sociale tant réclamée par le gouvernement et le patronat : les salaires de nos Wallo-Marocains sont fixés au cours local (inutile et dangereux de créer des discriminations avec leurs nouveaux voisins) et leurs avantages sociaux alignés sur la législation du pays d’accueil. Même s’ils bénéficient de l’indexation – promesse irréfragable du premier ministre socialiste, croix de bois, croix de fer, si j’y renonce, je vais en enfer ! – celle-ci est évidemment calculée sur base du panier de produits blancs de la ménagère marocaine.

Pour sauver le nord, cap vers le sud. Tel semble être la politique du gouvernement Di Rupo. Tandis que nos chômeurs sont exfiltrés vers le Maroc, les soldats belges sont envoyés au Mali. C’est vrai qu’ils s’ennuyaient un peu, loin de leurs champs de bataille traditionnels. Il fallait bien leur trouver une occupation sinon on aurait entendu l’opposition N-VA protester une nouvelle fois en agitant son habituel mantra. L’armée ? Encore une institution fédérale inutile et coûteuse !

Certes, on aurait pu employer nos militaires en Belgique. Mais les envoyer face aux ouvriers de Ford à Genk ou de Mittal à Liège, ce n’était pas très politiquement correct. Pas plus que de les mettre au volant des bus des TEC pour remplacer les chauffeurs en état de grève permanente.

Tant qu’à expédier nos troupes en Afrique, pourquoi pas dans l’est du Congo pourraient penser certains esprits candides ? Ce serait irresponsable, voyons. Empêcher les soldats de se tourner les pouces est une chose. Mais les jeter en Afrique centrale, ce serait aussi mauvais pour la santé des Congolais que pour celle de nos pioupious. Les mettre au service de la France est beaucoup plus prudent. Et plus juste : l’expédition belge n’est-elle pas payée grâce aux impôts de tous ces Français que nous accueillons si tendrement chez nous ?

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BON ANNIVERSAIRE, MISS !

  On avait presqu’oublié son âge tant elle semble toujours jeunenette, vive, ravageuse. Plus folle que jamais. Mais, sous son visage, habilement fardé, quelques signes ne trompent pas. Non. Elle n’a pas cinq ans comme le prétendent ses proches, d’un air faussement innocent. Elle n’est venue au monde en 2008, ni même en 2001. Elle fête cette année ses quarante ans.

Mademoiselle La Crise est née en 1973, quelque part au Proche Orient, comme… Oui. Mais pas à Bethléem. Pas loin pourtant. Tandis qu’Israéliens, Egyptiens et quelques autres se tapaient comme d’habitude sur la figure, elle a débarqué sur terre, pendant la guerre presqu’oubliée de Kippour. Il y en a tant eu depuis dans la région, qui ont à leur tour alimenté le biberon de mademoiselle La Crise.

La naissance de La Crise, beaucoup s’en souviennent encore. Dès son premier cri, elle en a fait du bruit. Songez que la veille de l’accouchement, le baril de pétrole était à 3 $. Au moment où l’on a coupé le cordon ombilical, crac ! il a brutalement quadruplé. Et décuplé quand elle a fêté ses six ans, pendant qu’éclatait dans la salle de jeux une nouvelle guerre, cette fois entre l’Iran et l’Iraq…

A l’époque déjà, Mademoiselle laissait dans son sillage des traces difficiles à effacer, malgré les efforts de sa maman. A chacune de ses crises de nerfs – elle en était coutumière et aucun psy n’a jamais réussi à la soigner – , elle cassait ses jouets et c’est tout le quartier qui souffrait : explosion du chômage (à 5% des actifs dans les pays de l’OCDE, on annonçait la fin du monde…), diminution de la production industrielle, hausse des prix, augmentation de la dette publique, incapacité de l’Europe de négocier ensemble notamment face aux pays de l’OPEP. Voilà les dégâts que Mademoiselle a fait tout bébé encore. Quarante ans plus tard, Mademoiselle La Crise peut se vanter de rentrer toujours dans les mêmes habits. Elle n’a pas pris un gramme de graisse.

Mademoiselle La Crise. On l’appelle toujours mademoiselle, comme Coco Chanel. Comme elle, d’ailleurs, elle nous taille un de ces costumes ! Pas un jour où l’on ne parle d’elle de façon craintive, médisante, angoissée.

Mademoiselle. Car qui oserait briser son célibat, affronter ses terribles colères, quand elle casse tout sur son passage ? Berlusconi a bien tenté de l’apprivoiser. Mais les soirées bunga-bunga n’ont eu aucun effet apaisant sur elle. Sarkozy, Zapatero, tous ces hommes qui croyaient la mater, elle les a balayés.

Chaque génération imagine que La Crise vient de naître et que mademoiselle va disparaître dès que les petits jeunes auront pris la direction du ménage. Mais non, les générations passent, les dirigeants politiques trépassent tandis que Mademoiselle triomphe, plus forte, que jamais.

Puisque tous les hommes ont échoué, peut-on espérer que ce soit une femme qui parvienne enfin un de ces jours à dompter notre terrible demoiselle ?

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L’EUROPE EN CHANTANT

    La présidence tournante de l’Union européenne est un parfait symbole de la place de l’Europe dans notre vie. Que celui qui savait que l’Europe était dirigée depuis six mois par la république de Chypre, lève le doigt. Et que son président était communiste – le seul chef d’état communiste du continent ? Seuls les Russes l’avaient remarqué et ils n’en croyaient pas leurs yeux. Rassurons-les, Chypre n’a pas profité de son passage à la tête de l’Union pour opérer le transfert de la dépouille de Lénine – dont le Kremlin ne sait plus que faire- dans le hall de la gare du Quartier-Léopold, en échange de la momie de Gérard Depardieu. Les Chypriotes ont eu tort. Une lacune de plus dans la communication des autorités européennes. Vous imaginez ce qui se serait passé s’ils avaient acheté cet extraordinaire symbole ? Une grandiose cérémonie. Une épouvantable polémique. Au moins, les Chypriotes auraient laissé une trace de leur passage par Bruxelles. Mais non, frileux comme les autres…

Quel est le bilan de six mois d’Europe communiste ? Les prolétaires sont restés sur leur faim. Ils se pressent de plus en plus nombreux aux restos du cœur et autres lieux charitables. Et personne n’a songé à chanter l’Internationale depuis longtemps. Au contraire, les courants nationalistes n’ont jamais été aussi forts, aussi arrogants et aussi inquiétants sur tout le continent, quoiqu’en pensent certains esprits facétieux en Flandre.

Chypre repartie dans son île – restée aussi divisée que l’Europe et aussi tentée qu’elle par la dislocation -, l’arrivée des Irlandais dans le fauteuil présidentiel nous donne un peu d’espoir et nous redonne foi(e) dans l’Europe : avec eux, il n’y a peu de risque qu’elle soit mise en bière. Même si leur passage aux affaires risque de déstabiliser un peu plus encore le régime des pensions dans nos pays, du moins s’ils ont soif d’imposer aux autres Européens leur remède favori. Car, comme le disait déjà Rabelais : « Il y a plus de vieux ivrognes que de vieux médecins »…

Si les Irlandais ont beaucoup à nous apporter, question petite mousse, ils auront peut-être un peu à apprendre de certains pays continentaux question respect du droit des femmes, eux qui sont les derniers à avoir adopté une loi sur l’avortement. Une législation récente qui reste pourtant la plus restrictive d’Europe (et qu’on ne peut comparer qu’à la situation de la Pologne, condamnée il y a quelques semaines par la cour européenne des droits de l’homme).

Allez les filles ! 2013 appartient aux dames : plombières polonaises, amazones irlandaises, hockeyeuses belges, reines hollandaises ! Pussy riots de toute l’Europe, unissez-vous !

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DROIT DEVANT SOI

Après le trou noir de 2012, l’année nouvelle annonce des lendemains qui chantent, venus des étoiles. 2013 sera un bon cru s’il faut se baser sur les dernières nouvelles de la semaine : après l’appel du roi à plus de solidarité entre les Belges, le Standard a décidé de s’exiler en France. La glorieuse équipe liégeoise n’écrasera plus de sa mâle autorité la division 1. Débarrassés des Sclessinois, Anderlecht ou Zult peuvent espérer prendre enfin la tête du championnat belge. Tandis que le PSG a intérêt à s’acheter quelques champions s’il veut résister à la terrible squadra roûche. Seul le Trésor français se montre satisfait. Il pourra compenser les départs des Depardieu et autres Arnault en se vengeant sur les joueurs ex-Belges, obligés de s’établir Outre-quiévrain et d’y payer leurs impôts.

Une idée pour LVMH : sponsorisez le Standard bleu-blanc-roûche ! Façon intelligente de démontrer et de consolider le lien indéfectible entre les deux pays, un groupe français et son chef, futur Belge.

Libéré de ses bêtes festivités footballistiques, le stade de Sclessin pourrait devenir enfin le centre du monde en se reconvertissant en spatiodrome. Lieu idéal, vu sa forme audacieuse, pour accueillir les premières machines d’extra-terrestres annoncées pour très bientôt. Pas de raison de laisser ça aussi aux Flamands. Déjà qu’ils nous ont pris le jardin botanique !

On trouvera bien un peu d’argent au fond des poches du plan Marshall 2.0 afin de réaliser les quelques travaux nécessaires pour convertir le stade et surtout pour organiser la somptueuse réception de nos amis lointains, un super-cocktail comme seuls les Wallons savent le faire.

L’arrivée de nos cousins des étoiles n’aura pas seulement un effet bénéfique sur le sud de notre pays. S’ils survivent au pèkèt et au boulet sauce chasseur, les petits hommes verts (un bon signe, ça pour le sauvetage de la planète à moins que cela ne soit l’indice inquiétant d’une mauvaise digestion) vont nous aider à résoudre toutes ces misérables crises dont nous sommes manifestement incapables de nous dépatouiller.

Un Martien à la tête de la Chine, cela ne nous changera sans doute pas beaucoup. Mais une jolie et séduisante Vénusienne au Kremlin, une sorte de Pussy Riot des étoiles, peut bouleverser notre vision de l’empire de l’est. Autant qu’un solide et jovial Jupitérien à la place des Saturniens qui pilotent actuellement le triste attelage européen.

Vu la façon dont tous ces braves gens ont géré l’année qui se meurt, il faut bien le renfort des habitants des autres planètes pour cesser enfin de foncer droit dans le mur. C’était déjà un de leur prédécesseur, le Petit Prince de Saint-Exupéry qui disait : « Droit devant soi on ne peut pas aller bien loin. »

Meilleurs vœux !

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