Le goût amer

decouverte
Le goût amer de l’Amérique est en librairie. En voici la couverture et un extrait sur le site: Chapitre 1

Le goût amer de l'Amérique

Georges a vingt ans. Il livre le pain et ramasse les petites annonces en Vespa mais il est amoureux de la plus belle fille du monde (ou à peu près), Louisa. Une drôle de fille qui se dérobe et cache une double vie. Georges s’occupe aussi de son grand-père, Léo Malgudi, fou du Hollywood des années cinquante (et du genièvre). N’oublions pas son meilleur ami, Ahmed, ennemi farouche de l’Amérique de monsieur Bush.
Bref, il est un peu perdu Georges au milieu de toutes ces histoires qui se télescopent. Pourquoi se met-il à écrire une biographie d’une star américaine oubliée, James Stewart ? Jimmy Stewart, acteur fétiche de Hitchcock et de Capra, et dont la vie, telle que Georges l’imagine à travers ses films, croise étrangement la sienne…

C’est un roman décalé et drôle qui réussit à approcher la légèreté des comédies de Capra ou de Lubitsch sans verser dans la mélancolie d’un âge d’or révolu. Georges, Louisa, Ahmed et les autres sont des jeunes d’aujourd’hui, abonnés aux petits boulots mais qui s’amusent et jonglent avec la vraie vie. Loin des clichés de Coca-Cola, de Bagdad-city ou de Michaël Moore, l’Amérique de Georges est un quartier de Bruxelles transformé par la passion et le cinéma.

Découvrez le Chapitre 1 sur le site d’Alain Berenboom : Chapitre 1 en ligne sur www.berenboom.com

AUTOPSIE D’UN MEURTRE

chronique
Charleroi… Pour les journalistes, le coffre aux trésors. Pour les lecteurs et les téléspectateurs, un feuilleton digne de Gaston Leroux. Chaque jour, de nouveaux scandales, inculpations, détournements, escroqueries, association de malfaiteurs. On se frotte les yeux. Une ville gangrenée, assassinée par ses propres notables ? Quelle mouche les a piqués, tous ces gens « bien » ? Pourquoi échevins, patrons de sociétés, d’associations, de puissants services publics se sont-ils mis à jouer avec le fric des jolies sportives, la gestion des immondices, les factures des fournisseurs d’habitations sociales ? Ne cherchez plus. La cause du mystère, c’est la vidéo par G.S.M. – le dernier phénomène à la mode.
Depuis quelques mois, les policiers expliquent que, dans beaucoup de villes européennes, les agressions n’ont plus pour motif le vol, le pognon ou la vengeance. Mais simplement le plaisir pervers d’être filmé en pleine transgression. Lorsqu’un émeutier incendie une bagnole, qu’un petit con renverse une vieille dame, qu’une bande d’élèves agresse un prof en pleine classe, ils attendent que leur copain soit prêt à enregistrer la scène avant d’agir. Ensuite, ces images sont fixées sur des blogs à la gloire de ces héros et transmises via le net. Grâce au G.S.M., tout le monde a désormais une chance de devenir vedette de l’écran, comme sur TF1.
Songez maintenant au destin d’un homme politique carolo. Que signifient les honneurs pour lui ? Devenir échevin de Charleroi, président d’une association d’habitations sociales, d’une intercommunale ? Tout au plus d’un club sportif local ou de la piscine municipale. Un destin, ça ? Alors qu’en regardant la télé, en surfant sur le web, il constate, amer, qu’un petit émeutier des banlieues qui roule des mécaniques est un héros en quelques heures. Son image, ses exploits diffusés sur toute la planète, objet de colloques, de publicité.
Aussi, lassés d’être oubliés des dieux de la communication et de la renommée, ces braves gens se sont réunis et ils ont décidé de changer de méthode : puisque leur gestion impeccable, leur dévouement à la chose publique, leur abnégation au service des citoyens restaient à jamais occultés par les caméras, ils allaient forcer les télés à braquer les objectifs sur leur ville chérie. Et, comme la sagesse ne suffisait pas, ils allaient jouer l’extravagance, la folie.
Reconnaissons-le : ils ont réussi au-delà de toute attente. Une chose les dérange encore : être traités de dinosaures, de socialistes à l’ancienne, d’acteurs d’un système révolu. Alors que leurs méthodes prouvent au contraire combien ils sont modernes, dans l’air du temps. Ce sont eux les rénovateurs. Ne nous y trompons pas.

Alain Berenboom

Paru dans LE SOIR

ESTOMPEMENT DE LA NORME (LE RETOUR)

chronique
Ils ont bien du mérite ces étudiants qui se présentent sagement devant moi. Jusqu’ici, pas un ne m’a agressé quand je lui ai annoncé que, hélas, comme il s’en rend compte lui-même…, aucun ne m’a giflé au moment où je lui ai posé la question que justement il n’avait pas révisé parce que… J’ajoute que je n’ai pas reçu (à ce jour) une seule enveloppe ni dû repousser une seule proposition tentante mais malhonnête. Rien, désespérément rien ! Mais, bon Dieu ! Dans quel monde, ils vivent ces jeunes gens ? Ils ne lisent donc pas les journaux ? Ils n’écoutent pas la radio ? Les matchs de football les plus prestigieux sont truqués même en Italie, terre bénie du ballon rond. Pour gagner des courses, les rois du vélo vont jusqu’à droguer leurs chiens. Quelques maîtres des services publics wallons, habitations sociales, hôpitaux, services d’élimination des déchets ou autres sociétés de développement régional ou intercommunales en tout genre s’en mettent plein les poches (d’accord, parmi eux, certains sont encore présumés innocents, autant que des dirigeants d’entreprises de certaines cités balnéaires).
A Anvers, un type tue ceux qui n’ont pas la même couleur que lui, à Bruxelles, ceux qui ont des plus beaux MP3 que lui. Des ministres italiens et français sont dans le collimateur de la justice, des prestigieux chefs d’entreprises, des dirigeants sportifs de haut niveau. Des ministres hollandais et français tiennent des propos répugnants sur les étrangers sans susciter beaucoup d’émotion. Quant à nous, préparons-nous à faire fortune grâce aux élections communales. En pariant en Chine (il y a maintenant une ligne directe avec Shanghai) sur la victoire de tel parti à Jehay-Bodegnée et de tel autre à Chaumont-Gistoux, nous pourrons devenir millionnaires !
Dire qu’on repousse la candidature à l’Union européenne des Roumains et des Bulgares parce qu’ils n’en feraient pas assez pour éradiquer la corruption. Mais il faudrait au contraire les accueillir au plus vite. Entrez, messieurs-dames, bienvenue dans le club !
Et ne parlons même pas de cet entêtant parfum de pétrole ni de l’odeur euphorisante des autres matières premières qui embrument les relations internationales, guident l’amitié-entre- les-peuples et jettent un voile pudique sur les régimes les plus pourris.
A l’époque de l’affaire Dutroux, ceux qui pensent pour nous utilisaient un vocabulaire nouveau, un peu sibyllin : l’estompement de la norme. Et certains de ricaner. Aujourd’hui, l’estompement est devenu la norme. Tout cela sonne un peu désespérant ? Rassurez-vous, il nous reste le mondial de football. Le retour des vraies valeurs…

Alain Berenboom

Paru dans LE SOIR

LE COURRIER DE G.W. B. JUNIOR

chronique
– Pardon de vous déranger, Junior.
– Condoleeza ! (soupir) Pourquoi faut-il qu’on m’interrompt chaque fois que j’essaye d’étudier le dernier épisode des Simpsons ? Après, on s’étonne que je ne comprends jamais la chute.
– C’est important, G.W. Une lettre de Mahmoud Ahmadinedjad.
– Ces otages irakiens… Toujours à gémir sur leur sort ! Faites un chèque ou tirez-leur dessus. Enfin, agissez comme d ‘habitude. Ces types sont agaçants. Qui leur a demandé d’aller se promener en Irak ?
– Mr Ahmadinedjad est le président iranien…
– Oups ! Donnez-moi ça. Mais… le timbre est déchiré ! Vous auriez pu faire attention, Condo ! Vous savez comme c’est difficile de trouver des timbres iraniens.
– Ce sont les démineurs, Junior. Ils ont dû s’assurer que la lettre n’était pas piégée.
– Sacrés barbares ! Des gens qui ne respectent ni la culture ni les collectionneurs de timbres sont des parasites pour la démocratie !
– Je peux vous citer ?
– Ne vous moquez pas de moi, Condo. Si, si, je le vois à votre joli sourire en coin. Bon, eh bien ! Que raconte mon cher collègue ? Laissez-moi lire sa prose.
– Je vous préviens. Il y a près de vingt pages…
– Ce barbu se prend pour Dan Brown ? Ah ! J’y pense. Al Jazzira a dû, je suppose, déjà résumé cette lettre avant même qu’elle n’ait été écrite. Il suffit de me passer leur dépêche.
– Nos analystes sont au travail, G.W.
– Alors, il y a peu de chance que je connaisse le contenu de cette missive avant la fin de mon mandat.
– D’une première lecture, j’ai cru comprendre que monsieur Ahmadinedjad brosse un tableau de la situation du monde d’aujourd’hui, résume la pensée de l’iman Khomeiny et vous invite à partager avec lui l’espoir suscité par le retour annoncé de l’iman caché.
– Répétez-moi ça lentement, voulez-vous ?
– En revanche, son texte ne contient aucune proposition sur les questions qui nous intéressent. Ni sur la bombe ni sur le soutien aux mouvements terroristes. D’après moi, il s’est amusé à coller quelques morceaux de ses discours. Et vous a adressé son best off.
– Quelle bonne idée ! Nous devrions nous en inspirer. Tenez, pour le remercier de sa bafouille, je vais lui adresser le recueil complet des discours que j’ai prononcés lors des visites du premier ministre belge. Ne trouvez-vous pas, Condo, que Monsieur Machin Nedjad le prendra pour un geste symbolique en faveur de la paix entre nos deux peuples ?
– Je me demande ce qu’en pensera Mr Verhofstadt ?
– Qui ?
– Le premier ministre belge.
– Oh ? Ces chefs d’états européens… Toujours à gémir sur leur sort ! Faites-lui un chèque ou tirez-lui dessus. Enfin, agissez comme d’habitude! Ces types sont agaçants! Qui leur a demandé de nous rendre visite ?

Alain Berenboom

Alain Berenboom en « live »

actualite
En radio:
1. invité de la Semaine Infernale sur la RTBF La Première tous les jours de 17 heures 10 à 18 heures du lundi 8 au jeudi 11 mai
2. sur Bxl-cap. mardi 16 mai de 7 heures à 10 heures du matin
3. sur RTBF la Première, dans « Tête à Tête », jeudi 25 mai de 14 h. à 15 h

En télé:
sur Télé Bruxelles le jeudi 18 mai à 18 h 30

En librairie, à la librairie Chapitre XII en compagnie de Monique Toussaint le mardi 6 juin à 18 h 30.

CHAUD DEVANT

chronique
Ces derniers temps, notre pays de cocagne a donné l’impression de se désagréger. Tout a commencé lorsque la bière belge a été transformée en flotjesbier brésilienne. Dès ce moment, nos certitudes, nos repères, les piliers de notre civilisation, ont volé en éclat. La vraie « blanche » flamande de Hoegaarden était froidement délocalisée en Wallonie – pourquoi pas en Corée ? L’électricité belge devenait gaz français (à travers l’absorption de Suez). Les trams bruxellois étaient repeints en gris. Comme les poteaux de signalisation, travestis en symboles communautaires. Freya Vandenbossche se faisait houspiller autant que le prince héritier. Louis Tobbak et Willy De Clercq, chantres de la Belgique de toujours, paradaient devant les caméras de télévision pour parrainer la création d’un royaume indépendant au centre de la Flandre, Robland (sur VTM le dimanche soir). Traverser la gare centrale de Bruxelles devenait aussi périlleux que se faufiler la nuit dans les rues de Charleroi. Certains demandaient même le rétablissement du service militaire obligatoire. Pourquoi pas recréer la gendarmerie ? La nouvelle culture politique a été effacée des tablettes. Mr Verwilghen n’était plus qu’un politicien comme les autres et les membres de sa commission parlementaire, héros d’un jour, tombés dans l’oubli. La justice n’avait toujours pas débusqué les tueurs du Brabant ni le commanditaire de l’assassinat d’André Cools mais cela n’intéressait plus personne. La seule chose qui vraiment choquait les gens, c’était l’hiver. Un hiver interminable, glacé, un vent polaire sans fin sur le plat pays qui rendait tout le monde frileux, méfiant, cloîtré en lui-même.
Alors, vint le printemps. Un printemps tardif mais vivifiant, vite brûlant. Avec le soleil, tout a changé. Le pays a repris des couleurs. Une nouvelle jeunesse. Et la Belgique de jadis a ré- émergé d’une trop longue obscurité. Dix ans et plus effacés d’un rayon de soleil. Monsieur Martens (Wilfried, le terne et interminable premier ministre de jadis, pas Freddy, le flamboyant champion cycliste) faisait sa rentrée, salué comme l’homme d’un temps béni (et pourtant…). Dehaene, son collaborateur puis son successeur, célébré dans les sondages (lui qui avait étouffé toute vie politique). Nihoul, co-inculpé dans l’affaire Dutroux, à peine libéré, venait faire le paon devant la presse comme au bon vieux temps pour dénoncer ceux qui s’étaient « acharnés » sur lui. Même le parquet de Bruxelles classait vite fait des centaines de dossiers comme à la bonne époque de l’affaire Pandy. Ah oui ! Vraiment, qu’il est réconfortant de retrouver la Belgique de toujours. Même que, si l’on continue comme ça, on aura à nouveau cinquante ans de CVP. Tindemans à la tête de l’état ? Quel oxygène !

Alain Bereneboom

Paru dans LE SOIR

Le 23 mai

actualite
Alain Bereboom vous rencontrera le mardi 23 mai à 18 h 30, à la Librairie Chapitre XII, pour parler de ses livres et du récent « Le Goût amer … »

JOE, MORT A 17 ANS

chronique
En vrac, au fil des jours :
– Les deux suspects « sont d’origine nord-africaine » (le porte-parole du parquet de Bruxelles).
– Les deux suspects sont de nationalité polonaise (le parquet de Bruxelles).
– Les deux suspects sont d’ « appartenance » tzigane (le parquet de Bruxelles).
– Le parquet déclare « déplorer l’information « fausse » qu’elle a diffusée sur l’origine des suspects mais précise : « Nous ne présentons pas d’excuses ».
– Glenn Audenaert, directeur judiciaire de la police fédérale fait remarquer que «la police fédérale n’a jamais évoqué le fait qu’il s’agissait de nord-africains. »
– Le bourgmestre d’Anderlecht, J. Simonet, déclare : « Je ne crains pas que ma commune soit stigmatisée. Le jeune arrêté est scolarisé à Anderlecht mais il est domicilié à Saint-Gilles. »
– Le jeune M., un des suspects, est « un élève adorable et poli qui levait le doigt avant de poser une question. »
– Le jeune M. avait déjà fait l’objet d’un dossier au parquet de la jeunesse pour vol avec violence en compagnie d’autres mineurs.
– La ministre de la justice, Laurette Onkelinkx, estime qu’il faudrait « travailler au système éducatif pour éviter, en amont, ce genre de faits divers ». Mais, selon, Marie Arena (le lendemain), il ne revient pas à la Communauté « de canaliser les réactions au meurtre du jeune homme. »
– 480 bus du T.E.C. sont équipés de caméras de surveillance.
– « Le TEC nous rapproche tous. »
– 20 employés (des emplois Rosetta…) accueilleront désormais les victimes des violences dans les Maisons de Justice
– Si un parent ne répond pas à la convocation d’un directeur d’école, il sera passible d’amendes et même de prison
– Le président du P.S., Elio Di Rupo, souhaite une réunion des présidents des parlements. Le président du M.R., Didier Reynders, trouve l’idée mauvaise. Ecolo réclame un cahier des charges des sociétés de transport comme base de travail. Le C.D.H. demande une pause dans l’examen du projet de loi sur la protection de la jeunesse (examiné entre temps).
– Le 24 juin 1995, disparaissaient Julie et Melissa. Le 12 avril 2006, mourait Joë.
– Car la mort a grimpé par nos fenêtres, elle est entrée dans nos palais, elle a fauché nos enfants dans la rue, les jeunes gens sur les places (Jérémie, IX, 21).
– La mort n’est rien. Ce qui importe, c’est l’injustice (Albert Camus).
– Si on demande pourquoi nous sommes morts, dites que c’est parce que nos père ont menti (Rudyard Kipling).
– Nous savons que chaque homme est mortel, mais non que l’humanité doit mourir (Simone de Beauvoir).

Alain Berenboom
www.berenboom.com

Paru dans LE SOIR

ALLO, BELGACOM ?

chronique
Ce n’est pas pour me vanter mais je ne suis pas bricoleur. Quand mon téléphone est en panne, je suis tout juste capable de l’enlever de la prise et de l’apporter à la boutique Belgacom la plus proche. Et là…
La dame qui me reçoit ressemble plutôt à une vendeuse de bijoux de fantaisie de la galerie de la Toison d’Or qu’à la responsable du service après-vente d’un service public. Service public ? A peine a-t-elle entendu mes doléances et contemplé, sans y toucher, mon pauvre appareil poussiéreux qu’elle me lâche, avec une moue dégoûtée et un regard glaçant : « Monsieur, je suis une commerciale, pas une technicienne ! »
Ah bon ? Dans la boutique Belgacom, un abonné Belgacom ayant acheté un appareil Belgacom ne peut trouver une oreille complaisante, même pas compatissante ?
« Non, Monsieur, réplique la virago accrochée à son comptoir en verre transparent comme Tom Boonen à son vélo. Vous ne vous êtes pas rendu compte que nous vivons dans une société de consommation ? (Là, bravo ! Elle a réussi à me juger d’un seul coup d’œil) Votre appareil ne marche plus ? Hé bien, faites comme tout le monde. Jetez-le et achetez-en un autre. »
Et de se détourner de cet abonné, dinosaure d’une autre époque, à la recherche d’un client, un vrai, prêt à acheter un MP 3, à souscrire une ligne ADSL et à souscrire en prime un abonnement à Belgacom TV, la vitrine culturelle du service public.
Je regarde autour de moi. Y a-t-il des caméras cachés ? Est-ce un gag provoc pour la télé ? Belgacom essaye-t-elle de tester le degré de résistance de sa clientèle (les pros du marketing sont prêts à tout) ? Ou suis-je entré par mégarde dans une boutique d’un concurrent ? Non, partout le logo triomphant de l’ex-service public.
« Bon, fis-je d’une petite voix résignée, puisque vous m’y invitez si gentiment, je vous abandonne mon fidèle téléphone et j’en achète un autre. Montrez-moi donc les derniers modèles. »
M’étais-je irrémédiablement perdu à ses yeux de « commerciale » moderne ? Au lieu de se jeter sur le pigeon que j’étais devenu, la dame, désignant un présentoir d’une vingtaine d’appareils, me dit avec un soupir d’agacement : « Ils sont tous là, monsieur. Vous n’avez qu’à choisir ». Et d’ajouter perfidement, après m’avoir radiographié : « Le moins cher, c’est la quatrième.» Comment avait-elle deviné ?
« Le quatrième ? balbutiai-je, essayant encore contre vents et marées de ressembler à un client potentiel. En partant de la gauche ou de la droite ? »
Cette histoire (vraie) s’est arrêtée ici. Elle illustre parfaitement à quoi ressemble un service public qui essaye de singer une entreprise privée…

Alain Berenboom

Paru dans LE SOIR

PS : il existe (ailleurs que dans le quartier de l’ULB) des vendeurs Belgacom délicieux et efficaces. C’est à eux que ce billet est dédié.