Depuis la Conférence de Washington, le président Obama l’a juré, le monde est plus sûr.
Le monde peut-être mais pas la base militaire de Kleine Brogel dans laquelle les pacifistes se promènent aussi facilement qu’à Disneyland. Plus facilement même : les attractions du domaine militaire sont gratuites.
Quoi qu’en disent les gros pleins d’étoiles, il est urgent de déménager les missiles ailleurs. Ou de les bazarder aux Petits Riens. Ailleurs ? Oui, mais où ? Personne n’en veut de nos vieux missiles made in U.S.A. La date de péremption est dépassée depuis si longtemps que même le président Mahmoud Ahmadinejad les refuserait si on voulait les lui refiler, croyant à un cadeau empoisonné qui lui pétera à la gueule une fois déballé.
Puisque Jean-Luc Dehaene est, paraît-il, à court d’idées, je me permets une suggestion qui devrait intéresser le Démineur. Pourquoi ne pas déménager ces sacrés missiles dans les six communes de B.H.V. – justifiant au passage la vraie signification de cette abréviation explosive Brol Hautement Vulnérable ?
Sur le plan communautaire, l’affaire est sûre : les missiles atomiques ne parlent pas français. Il n’y a aucun risque qu’aux prochaines élections, ils exigent d’être convoqués dans la langue de La Fayette. Ceci devrait suffire à justifier leur établissement en Flandre sans que le gouvernement ne leur oppose le décret « Wonen in eigen streek » et un manque d’affinité avec la culture de la région. Au contraire, les champignons sont une spécialité locale. Demandez au grand Schtroumpf, pardon au Grote Smurf.
Autre avantage de placer nos bombinnettes dans les communes à facilités du Brabant flamand: quel terroriste pourrait se promener dans les rues, pardon les avenues de Rhode ou de Linkebeek au milieu des 4×4 de Bobos revenant du tennis ou du golf ou ramenant les enfants du hockey ou du piano sans se faire immédiatement repérer avec leurs barbes folles et leur allure de grand guignol ? On peut même compter sur quelques revanchards flamingants, survivants du V.M.O., pour garder les missiles – à condition de les emballer dans un drapeau jaune et noir – dont la commune serait si contente de se débarrasser.
Puisque tous les budgets sont en berne en Belgique, on pourrait sacrifier quelques missiles à chaque fête nationale, régionale et communautaire. Vu leur nombre, on en viendra vite à bout.
Autre perspective qui ne manque pas de charme pour notre Démineur national : la peur atomique finira par faire fuir tous les habitants de B.H.V., quel que soit leur sexe linguistique, vers des cieux moins activés. Réglant ainsi définitivement la question. Dans un désert, peu importe la langue que parlent les cactus.
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