Ce qui est bien avec les élections, c’est qu’une fois tous les six ans, le citoyen est informé de ce qui se passe dans sa commune. Seul bémol : c’est au lendemain des élections qu’il l’apprend, pas la veille. Nul n’est parfait.
Ainsi, de Jean-Marie Dedecker, dont le parti s’horrifie soudain des gestes et des déclarations scandaleuses (c’est lui qui avait fait passer en douce un journaliste dans la cellule de Dutroux, lui aussi qui cire tous les matins les pompes des néo-fascistes avant de monter sur le tatami). La plus célèbre ceinture (noire évidemment) de Flandre est enfin exclue du V.L.D. mais seulement après avoir rempli sa mission : apporter à ses amis politiques le poids de ses voix de préférence.
Et que penser de l’attitude d’Anne Humblet ? Cette femme, très sainte et très vertueuse, refuse à présent de signer la liste de présentation de Bernard Anselme au maïorat de Namur. Bravo ! Mais pourquoi s’est-elle donc présentée sur la liste du M.R. alors que son parti avait conclu un « deal » avec le très sulfureux (et toujours très innocent) bourgmestre de la capitale wallonne pour le garder en selle quoi qu’il arrive ?
Et Olivier Chastel, le courageux chevalier en fer blanc de Charleroi ? Avec lui, on allait voir ce qu’on allait voir. Déjà, la citadelle des affreux affairistes carolos tremblaient sur ses bases. Tel Alexandre devant Persépolis, il allait abattre les remparts, nettoyer les écuries, jeter au cachot les honnis. Or, qu’apprend-on ? Avant même le début de la bataille, le chevalier avait remisé son épée, rangé son bélier et mis son plumet au placard pour pactiser en secret avec les affreux, en échange d’une petite place à la table du festin. Regardez-le poser en souriant au milieu de ces hommes qu’il dénonçait hier, bras dessus, bras dessous, mains entre-croisés. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.
Même les irréprochables écologistes, héros de la nouvelle culture politique, s’y sont mis. Eux non plus n’ont pas résisté à la tentation des accords pré-électoraux, signés dans l’ombre. Ces accords qui surgissent après la chute des feuilles dans l’urne mais dont l’électeur ne sait rien en entrant dans l’isoloir. Croyant voter pour l’un, il donne le pouvoir à l’autre. Votant pour son opposant, il pense punir un parti ou un dirigeant alors qu’il le remet au contraire sur le trône. Quoi que dise Laurette Onkelinx, la trahison n’est pas de déchirer pareil pacte, c’est de le signer et de se taire.
Trop de politiciens ont pris pour argent comptant la réplique d’Arthur Koestler « La démocratie est chose trop sérieuse pour être laissée aux électeurs ». Ils feraient mieux de se rappeler de Georges Clémenceau : « La démocratie, c’est le pouvoir pour les poux de manger les lions. »
Alain Berenboom
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