La sortie sur tous les écrans du dernier épisode de Twilight, annoncé comme le blockbuster de cette fin d’année, confirme l’étonnant retour en force des vampires sur la terre.
Coïncidence ? Le retour des vampires est aussi étrangement cyclique que celui des grandes crises du siècle.
Après son apparition à la fin du XIXème siècle sous la plume de l’écrivain irlandais Bram Stoker, le comte Dracula a connu la gloire au cinéma au début des années trente en pleine crise économique avant de disparaître dès que l’Amérique a été remise sur les rails. Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, les vampires, dégoûtés de ce déluge d’hémoglobine, sont retournés à la poussière.
L’aventure reprend à la fin des années cinquante. Le comte transylvanien ressort de son tombeau dans les studios de la Hammer Films à Londres sous les traits du magnifiquement inquiétant Christopher Lee. Le succès de sa réapparition coïncide avec une nouvelle crise qui secoue la Grande-Bretagne, impuissante face à l’effondrement définitif de son empire et de sa puissance économique et militaire.
Malgré quelques tentatives peu convaincantes, il faut attendre 2005 et le début de la publication de la saga de Stephenie Meyer (plus de cent millions de lecteurs) pour assister à une nouvelle résurrection du plus mordant des héros. Son adaptation triomphale au cinéma suit de peu la faillite de la banque Lehman Brothers et le tsunami qui a ébranlé l’ensemble du monde bancaire. Ce n’est pas un hasard.
Une fois encore, alors que le monde s’enfonce dans la crise, les vampires agitent triomphalement leurs dents.
Même le prince Charles leur donne un titre de noblesse. Selon une étude attentive de son arbre généalogique, il descendrait du voïvode roumain Vlad III, dit l’Empaleur, prince de Valachie en 1448, qui inspira à Bram Stoker le personnage de Dracula. Les rois déments mis en scène par Shakespeare ne suffisant plus au descendant de la couronne britannique, voilà qu’il essaye de s’approprier les autres déments des pays de l’Union européenne ! S’il est preneur (et qu’il paye bien), les quelques fous sanglants de l’histoire de Belgique sont à lui, comme Godefroid de Bouillon. Nous avons aussi quelques politiciens toujours en activité qui adorent mordre et que nous lui cédons volontiers.
Dans une époque qui a perdu tout repère idéologique, toute espérance, le vampire vient à point nommé pour nous redonner une nouvelle jeunesse. Rien n’est perdu. Stimulés par une bonne pinte de sang frais, les plus mordants d’entre nous sont prêts à reprendre les galipettes bancaires et financières. Quant aux mordus, ils défilent dans les rues en criant leur désespoir. Mais, qu’ils ne s’en fassent pas. Mordu aujourd’hui ; vampire demain.
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