Le gaz maintenant… Comme si les menaces iraniennes de fermeture du robinet pétrolier ne suffisaient pas à notre bonheur, les pipe-lines qui explosent en Irak et on se sait pas très bien quoi au Nigéria. Sans compter les mamours qu’il faut faire à ce bon monsieur général Chavez-Bolivar –comment l’appeler pour qu’il ne se fâche pas ?- pour goûter aux douceurs du brut latino. Mon Dieu, que c’est dur de se chauffer !
Si ça continue, on va devoir raser les centres commerciaux flambant neufs que monsieur Van Cauwenberghe est si fier d’avoir fait construire à l’entrée de Charleroi pour rouvrir les bonnes vieilles mines de charbon d’antan qui sont juste en-dessous.
Ce n’est pas juste. On disait que tout le monde voulait venir en Belgique : Ryan Air, la peste aviaire, Tapie, l’Europe, l’OTAN, Johnny Hallyday. Tout le monde, sauf le gaz et le pétrole ? On devrait peut-être essayer les petites annonces : « échangerais un Johnny contre dix barils de brut ». Mais, pas sûr de trouver un amateur. Pas sûr du tout.
Les Hollandais n’ont pas ces soucis : pas besoin d’essence, le pays est si plat que même mémé peut faire du vélo. Et pour le gaz, il leur suffit de plonger dans la mer du Nord. Tandis que la vlaamse kust, qu’a-t-elle à nous offrir ? Du sable, des larmes et des crevettes. Un savant belge de génie (c’est tout ce qui nous reste) pourrait peut-être faire fonctionner les chaudières aux crevettes. Mais, au prix du marché, autant brûler des lingots d’or. Il est assez injuste, avouez, que les poches de gaz s’arrêtent juste à la frontière entre la Hollande et la Belgique, ignorant superbement les règles européennes de libre circulation. Ce qui prouve qu’il ne suffit pas d’une loi pour supprimer les différences. Ah ! S’il n’y avait pas eu 1830, Charles Rogier et la Muette de Portici, on n’aurait pas tous ces soucis. On aurait du gaz à tous les étages au lieu de devoir supplier les Russes, les Norvégiens ou les Algériens de nous donner un peu d’énergie. Et monsieur Leplan Marshall, dites donc ? Il ne pourrait pas nous fournir un peu de gaz puisqu’il promet tout à tout le monde ?
Autre idée : changer d’énergie. Mais la vue des éoliennes, paraît-il, donne des boutons aux golfeurs de Knokke-le-Zoute ainsi qu’aux vaches du Condroz. A force de jouer les difficiles, on va devoir revenir à la bougie et au feu de bois. Ce n’est pas désagréable, remarquez, mais essayez de faire fonctionner votre télé avec une bougie. A y réfléchir, voilà comment ils nous tiennent, les Russes, les Iraniens et les autres : jamais on ne pourra nous demander de nous passer des « Feux de l’Amour » et de « Star Academy ». Bien joué, Poutine !
Alain Berenboom
Paru dans LE SOIR