Les premiers temps, les événements qui se déroulent au Japon ont paru effacer en horreur tous les autres drames qui ont déjà rythmé le début du siècle, l’effondrement des tours du W.T.C., le tsunami asiatique, le tremblement de terre d’Haïti. Un séisme gigantesque suivi d’un tsunami dévastateur puis d’une catastrophe nucléaire qui pourrait contaminer une partie de la planète, qui dit mieux ? A part une guerre nucléaire, même à Hollywood, on ne voit pas comment battre ce record. Mais peu à peu, alors que montait l’apocalypse, j’ai essayé de trouver les côtés positifs de ces événements. On dit qu’il y a toujours deux faces à chaque épisode de la vie – le yin et le yang. Le yang ici, c’est d’abord, le flux de connaissances que la catastrophe nucléaire japonaise nous a permis d’ingurgiter.
En quelques jours, des spécialistes de tous poils sont parvenus à m’apprendre sur le tas des notions que mes profs d’athénée n’ont jamais effleurées pendant des années (pour ne pas me faire peur ?) et mon vocabulaire s’est enrichi d’une centaine de mots nouveaux. Je sais tout de la différence entre fusion et fission. Je ne sais pas si ça me sauvera la vie à la prochaine catastrophe mais au moins, je ne passerai pas pour un péquenot dans les dîners en ville.
Il faut aussi éviter de dire aux Japonais qu’ils risquent d’être « irradiés » alors qu’ils seront « contaminés ». Dans l’un et l’autre cas, on meurt. Mais pas de la même façon, ce qui a l’air de faire beaucoup saliver les scientifiques.
J’ai aussi appris que l’on ne compte plus, comme je le faisais bêtement, en Curie. Fini, le Curie ! On évalue la teneur en éléments radioactifs (si on a le temps) en Becquerel, unité qu’il ne faut pas confondre avec le Becherel, lequel nous apprend à décliner convenablement en français. Remarquez, après une solide dose de Becquerel, on est aussi assuré de décliner définitivement…
Autre super yang du jour : l’énergie nucléaire est une énergie propre, répètent les spécialistes. A voir ses effets, il faut comprendre par là que les morts radioactifs ne laissent pas de traces désagréables pour les survivants. Ni sur la vie et les intérêts de ceux qui ont misé sur le tout nucléaire.
Aucune installation industrielle n’est plus sûre, ni plus surveillée qu’une centrale nucléaire, nous a-t-on encore asséné. Ah bon ? Qu’on m’explique alors pourquoi tous ces petits génies n’ont pas eu conscience en construisant leurs Lego sur des failles sismiques qu’une petite secousse risquait de faire s’écrouler leur château de sable.
« Il y a deux choses d’infini au monde, disait Einstein : l’univers et la bêtise humaine. » Il ajoutait aussitôt : « Mais pour l’univers, je n’en suis pas très sûr ».
www.berenboom.com