RIRE

L’événement de la semaine, c’était la manifestation contre l’austérité organisée par les syndicats européens. Des dizaines de milliers de travailleurs venus de toute l’Europe, colorés et joyeux, manifestement heureux de manifester. Pour une journée de détente en attendant l’augmentation des impôts, la diminution des pensions et des salaires. Seuls ne riaient pas ceux qui bêtement tentaient de gagner leurs bureaux ou leurs entreprises. Ainsi que des opposants qualifiés d’ « anarchistes » à qui les forces de l’ordre ont refusé le droit de crier. Ils ne connaissaient pas le mot de passe, le code d’accès, apparemment réservé aux seuls manifestants officiels. Mieux vaut en rire mais il est difficile de se moquer d’une manifestation syndicale. Et de la politique d’austérité qui, comme le mot l’indique est interdite aux humoristes. Nietzche pourtant disait « le rire nous rend libre des malheurs du monde ». Il est vrai qu’il est devenu fou peu après.
A propos d’humoristes, un débat à propos de Dieudonné à l’ULB a donné lieu à une belle foire d’empoigne. « L’humoriste » Dieudonné. Ceux qui le défendent se croient toujours obligés d’ajouter cet adjectif comme si ça faisait plus sérieux !
Mais n’essayez pas de vous moquer de ce type. Ses fans, tous aussi austères que des moines tibétains en lévitation, ont la même réaction face aux critiques que les islamistes devant les caricatures de Mahomet. Peu leur importe que les « sketches » de Dieudonné ont fait l’objet de condamnations pour antisémitisme et diffamation. Et qu’il ne fasse plus rire personne, même pas son copain Jean-Marie Le Pen. Le problème, c’est que ses adversaires non plus n’ont pas l’air très drôle. Pourquoi diable prennent-ils ce triste sire tellement au sérieux ? Bref, quel spectacle : de part et d’autre des gens qui se tapent sur la gueule à propos de l’humour. Les batailles de tartes à la crème de Laurel et Hardy avaient une autre allure.
On ne peut plus rire de rien. Le dernier qui a essayé de se moquer du prophète (enfin de ce prophète-là) n’a eu la vie sauve que grâce à la salle de bains blindée qu’il avait fait installer dans son appartement. Où on va, là ?
C’est peut-être l’automne. Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone. C’est Verlaine, hélas. Pas Alphonse Allais…
Restent heureusement nos hommes et nos femmes politiques, jamais en panne d’une plaisanterie. Quand Bart De Wever fatigue et que Karel De Gucht ne se laisse plus aller à une bonne blague congolaise, c’est Rachida Dati qui a l’amabilité de prendre le relais. Confondre inflation et fellation, même le président de la NVA n’aurait pas osé. Faut dire qu’il est prêt à rire de tout sauf de la langue.

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