VRAIMENT RIEN A DECLARER ?

Qu’est-ce qui évoque mieux les vacances que l’aéroport ? Ah ! Le ring quand surgit enfin cette indication exotique sur fond blanc : Zaventem, suivi du dessin d’un avion qui se crashe. En route pour Zaventem, c’est déjà un peu se glisser vers ailleurs. Les embouteillages au milieu des fumées des camions polonais ou croates, la queue pour atteindre l’aérogare, la queue pour s’enregistrer, la queue pour le café, un avant-goût de ce qui vous attend à la montagne ou à la mer. La dé-ten-te ! Et la queue pour le passage devant le policier fédéral de faction. Affronter son regard, son grognement devant vos papiers puis ce geste si doux de la main qui signifie : bonnes vacances ! Ou quelque chose d’approchant. Vous êtes passé, vous voilà dans la zone de transit. Un coup d’œil derrière votre épaule. Soulagement. Derrière vous, une famille genre qu’a pas l’air de chez nous et sur laquelle se jette le fonctionnaire zélé va retenir la file un sacré temps.
Vous pensiez en avoir fini ? Avant la queue pour montrer sa carte d’embarquement et la queue pour monter à bord, n’oubliez pas la queue devant les portiques de sécurité. Aussi dépaysant qu’un séjour à la prison de Forest ou au centre fermé de Vottem : enlevez votre montre, ôtez votre ceinture, déchaussez-vous ! Votre portefeuille dans un bac, avec vos bagues, et vos dents en or. Oh ! Au passage, le portique, décidément facétieux, a décidé de lâcher un joyeux ding, ding ? Tous les regards se braquent sur vous. Les flics relèvent la tête. Les autres passagers s’écartent, un peu inquiets. Direction, la cabine, s’il vous plaît (un gardien de l’ordre dit toujours s’il vous plaît, vous avez remarqué ?) Déshabillage en règle devant un bonhomme qui parcourt votre corps d’un air méfiant avec un appareil type compteur Geiger pour vérifier que vous n’êtes pas une bombe nucléaire vivante, qui va faire exploser dans trois minutes Zaventem waar Vlamingent thuis zijn.
Enfin ! Votre fauteuil dans l’avion ! A peine avez-vous fermé les yeux qu’un signal intempestif vous impose la séance de démonstration des consignes de sécurité. Si l’appareil plonge dans la mer, si la cabine est soudain dépressurisée, si le feu se déclare, si.. Excusez-moi, on peut sortir ? Oui, mais seulement entre deux gendarmes car qui voudrait abandonner la route tant enviée des vacances sinon un dangereux terroriste ?
Voilà le sort d’un bon Bruxellois de souche. Alors, songez comment les robots qui peuplent l’office des étrangers accueille un étudiant d’origine camerounaise, pressé de revenir en Belgique où il a brillamment réussi quatre années de polytechnique ?

Alain Berenboom
www.berenboom.com