YACK ! YACK ! YACK !

  Le voyage officiel de Vladimir Poutine en Mongolie confirme une évidence que beaucoup de juristes feignent d’ignorer : le droit international est comme le droit de la guerre un oxymore, aussi utile pour régler une situation illégale qu’un marchand de frites qui voit passer un délinquant devant son kiosque. Encore que dans ce dernier cas, le marchand peut lui balancer de l’huile bouillante au passage, ce que le président mongol n’avait manifestement pas sous la main. Ce qui prouve qu’un mandat d’arrêt délivré par le Cour pénale internationale est aussi efficace que d’accrocher une plaque « chien méchant » à l’entrée de l’Hippodrome de Boitsfort (dans lequel nos nombreux amis canins gambadent librement entre joggers et cyclistes). 

On sent que Poutine commence à étouffer au Kremlin. Cela fait trop longtemps qu’il tourne en rond dans son palais. Et qu’il a soif de voir du pays.    

Rassuré par son séjour à Oulan-Bator, après un petit tour à dos de yack, en ricanant, le président russe pourra donc passer un de ces prochains week-ends à Budapest sans se faire trop de mouron. Depuis longtemps, la Perle du Danube a pour lui les yeux de Chimène. Avant de songer à réaliser son rêve de toujours, une visite à Bruxelles. 

Pas de danger de mettre les pieds dans notre capitale ? Soyez rassurés, monsieur le président. Vous ne risquez pas d’être arrêté au pied de l’Atomium. 

Faute de ministre de l’Intérieur en exercice et de ministre des Affaires étrangères (laquelle a quitté son ministère – en tram – pour siéger à la commission européenne), qui aurait le pouvoir d’exhiber un document venant de Hollande vous désignant comme l’ennemi public n°1 ? Dieu seul sait où est passé ce fichu papelard. Pour autant qu’on ait deviné qui avait le pouvoir de signer le recommandé venant de La Haye. L’aurait-on par erreur envoyé à un des gouvernements régionaux, peut-être communautaires, faute d’interlocuteurs en fonction au fédéral ? Allez savoir. 

Et Bart De Wever ? C’est la deuxième fois en quelques jours qu’on lui a promis-juré qu’il serait premier ministre. En attendant, il n’est encore personne tant qu’il n’a pas convaincu ses joyeux partenaires qu’il est l’homme providentiel et prêté serment devant le Roi des Belges en concluant que « l’union fait la force » – « eendracht maakt macht ».

Pour un city-trip aux Etats-Unis, Poutine voudra bien patienter jusqu’en janvier, après l’entrée en fonction de Donald Trump. Quoique, en attendant, il pourrait débarquer impunément à New-York pour se rendre à la tribune de l’ONU comme Fidel Castro en septembre 1960 sans que les autorités américaines ne lèvent le petit doigt.   

Néanmoins, je serais Poutine, je me souviendrais d’un proverbe mongol : « la porte fermée, on est empereur dans son royaume ».

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