Selon le guide la révolution libyenne, M. Kadhafi, Jésus n’a pas été supplicié sur la croix. Un sosie, affirme-t-il sans rire, avait pris sa place. On voit ainsi, et c’est rassurant, que l’influence pernicieuse des Monty Python s’étend désormais jusqu’aux confins de l’Egypte. Ayant délaissé les cadavres exquis, Kadhafi rit. Est-ce le signe que l’on peut désormais rire de tout même au Moyen Orient ? Que l’affaire des caricatures de Mahomet est définitivement ensablée et qu’on peut en remettre une couche ? Ou plutôt la confirmation que le premier libyen dit n’importe quoi ? Ce qui relativise un peu ses engagements solennels sur l’arrêt des recherches militaires de son pays en matière d’armes de destruction massive ou sa promesse de renoncer à financer les terroristes.
Une petite phrase prononcée lors du dernier sommet Europe-Afrique la semaine dernière aurait dû mettre la puce à l’oreille, lorsqu’il affirmait, péremptoire, que le terrorisme est la seule arme des pauvres contre les riches. Salaud de pauvres ! comme disait Marcel Aymé. Heureusement pour eux, les dirigeants européens souffrent depuis toujours de graves défaillances de l’ouïe. Et le nouveau président français, M. Sarkozy, a manifestement été contaminé par le mal dès son premier sommet européen. Au lieu de décommander séance tenante la visite de ce fou à Paris, il a pris ses propos pour de sympathiques plaisanteries, avec le résultat que l’on voit : les facéties du Guide ont déstabilisé son gouvernement, fâché ses parlementaires et boosté (pour quelques instants) les socialistes.
C’est peut-être un homme comme ça qu’il nous faudrait en Belgique pour dénouer la crise. Mais où ai-je la tête ? Un homme comme ça, nous l’avons ! « La RTBF et Radio mille collines, c’est kif-kif ! » « Les francophones n’apprennent pas le flamand parce qu’ils en sont incapables ! » « L’hymne national belge ? C’est la Marseillaise ! » N’est-ce pas du Kadhafi bon cru ?
Curieusement, ces formules monty-pythonesque, qui auraient tant plu dans la bouche du guide suprême de la révolution libyenne, ne valent à son auteur ni l’amitié du président français et les fastes de la république, ni la considération et le respect du président des Etats-Unis. Seulement des injures de ses collègues et des sarcasmes dans la presse. Je comprends l’amertume de M. Leterme. Quoi qu’il fasse, qu’il dise, qu’il imagine, ses propos et ses initiatives tombent toujours à plat.
Allez, Yves, du courage, manneke ! Accroche-toi. Il suffit que demain on annonce la découverte de pétrole à Poperingue ou à Steenokerzeele pour devenir le héros de la communauté internationale. A quoi tient le succès d’un humoriste …
Alain Berenboom
www.berenboom.com