TEMPS DE SAISON

chronique
L’autre jour, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a voulu montrer au monde qu’il servait à quelque chose. Emmenant avec lui quelques équipes de télé, des gardes du corps pour le cas où un pingouin aurait voulu lui envoyer une boule de neige sur ses lunettes et quelques centaines de serviteurs (ou comment appelle-t-on les bureaucrates ?), il a débarqué en Antarctique dans des beaux habits fourrés rouge sang tout neufs achetés pour l’occasion et il arpenté la neige d’un pas décidé, un pas de décideur. Une heure et demi plus tard (la durée habituelle d’un spectacle de cirque), il annonçait au monde stupéfait que le réchauffement de la planète faisait fondre les glaciers, aïe ! et que si d’autres que lui ne faisaient rien, il n’y aurait bientôt plus un morceau de glace à mettre dans son whisky. L’histoire ne dit pas (les journalistes sont beaucoup plus discrets qu’on ne le croit) combien a coûté à la planète ce déplacement barnumesque.
Cet événement illustre une fois de plus le génie d’Albert Einstein.
Le réchauffement de la planète est en effet une application intéressante de la théorie de la relativité. Mr Ban Ki-Moon se serait promené par exemple dans le parc de Bruxelles plutôt qu’à la base Eduardo Frei, ses conclusions eussent été fort différentes. Soit tout ce que Al Gore raconte, c’est rien que des carabistouilles, soit nous bénéficions d’un micro-climat à l’envers qui préserve la Belgique des effets dramatiques de son film. Non seulement il fait dégueulasse autour du kiosque du parc de Bruxelles mais quand on en sort, c’est soit pour tomber sur le palais royal où le thermomètre affiche moins que zéro, soit sur la rue de la loi où la météo est carrément à l’ouragan. Si Ban Ki-Moon avait croisé au hasard d’une allée Yves Leterme ou Didier Reynders, malgré son bel habit fourré, il était bon pour la pneumonie. Hélas, mes chers compatriotes, la Belgique est entrée dans une nouvelle ère glacée. Ce n’est donc pas demain la veille que la mer engloutira la Flandre et jettera ses habitants désemparés dans les bras du bourgmestre de Mons. Il faudra trouver autre chose pour calmer nos politiciens. Peut-être faire appel à nouveau à Einstein. Selon ses principes, il est théoriquement possible de remonter dans le temps. De revenir à une époque où il faisait beaucoup plus chaud dans nos parages, où l’homme de Spy et l’homme de Steenokerzeel chassaient ensemble le mammouth. Une époque où l’apparition de quelques dinosaures calmait aussitôt les ardeurs des archæoptéryx. Une époque que les deux explorateurs royaux, Messieurs Stanley De Decker et Livingstone Van Rompuy auraient intérêt à visiter.

Alain Berenboom
www.berenboom.com