TOUT NUS & A VELO

chronique
Avec le réchauffement climatique et la mode bio, les manifestations changent de look. Au défilé de protestataires emballés dans des parkas matelassés succèdent les adeptes du naturel. Après Saragosse, c’est à Paris que des militants vélocipédiques ont parcouru les rues sur leurs engins en exhibant fièrement les leurs. N’en déplaise aux vieux militants, parfois un peu coincés, le slogan bombé sur un drap et l’Internationale chantée en chœur, ça n’intéresse plus personne. Pour attirer l’attention du citoyen, ce n’est plus le poing qu’on lève.
La grève de la faim aussi est passée de mode. Le temps où Gandhi soulevait l’Angleterre est bien fini. Malgré la mort d’irréductibles partisans de l’I.R.A., madame Thatcher avait été réélue sans difficultés. Et l’Inde choisit maintenant l’arme atomique pour imposer ses vues.
Les épouvantables massacres en Afrique noire, les violences barbares des terroristes irakiens ont habitué l’opinion publique à une escalade de plus en plus atroce dans l’expression des revendications. La surenchère est triste hélas. Ne reste que le cul pour sensibiliser les citoyens blasés et monter à la tête de ceux qui tentent à tout prix de devenir des vedettes ou d’afficher leurs idées.
Michel Daerden a bien essayé l’alcool mais son message était si dilué que la méthode a démontré ses limites. La prochaine fois, faisons-lui confiance, lui aussi descendra le pantalon.
Le sexe a envahi les journaux et l’internet mais il continue de titiller et de faire scandale: la pub, les shows télé n’ont rien trouvé de mieux pour se vendre. Voilà donc les revendications politiques gagnées à leur tour par le fléau.
Les cyclistes défilent dans le plus simple appareil pour protester contre l’envahissement des villes par les bagnoles. Demain, à qui le tour ? José Bové qui a beaucoup perdu de sa superbe depuis la dernière campagne électorale française mais qui affiche toujours sa moustache en forme de guidon de vélo pourrait être tenté d’attaquer la prochaine fois Mac Donald à poil. Et José Happart, en chute libre dans le coeur des électeurs, se rappeler qu’il existe des francophones dans les Fourons et leur proposer de poser sans défroques devant le palais du gouverneur du Limbourg jusqu’au jour du rattachement à Liège – ou à la pneumonie. Dans quelques semaines, lorsque les socialistes seront dans l’opposition, ils pourront peut-être reprendre l’idée à leur compte ; cela fera un scandale qui fera oublier ceux de Charleroi, de la gestion des habitations sociales et autres.
Reste une limite : le froid. Mais à la manière dont nos gouvernants s’intéressent à l’évolution climatique, l’hiver n’existera bientôt plus.

Alain Berenboom
www.berenboom.com