La mode est à la refondation. Le parti socialiste français s’est emparé de cette belle expression pour cacher les dégâts causés par son implosion et donner « du grain à moudre » au « peuple de gauche » qui a toujours vécu de promesses et de belles phrases. Sentant le potentiel de cette formule très médiatique, la droite sarkozienne n’a pas voulu en laisser le monopole au pauvre Hollande et à ses SDF (entendez : sociaux-démocrates fichus). Elle s’en est donc servie pour expliquer que le parti créé par Chirac a disparu pour être remplacé par un autre tout à fait différent, qui porte le même nom, adoube les mêmes députés, est dirigé par les mêmes hommes et a le même but, cirer les pompes du président.
Il faut se méfier des belles formules. La fracture sociale a failli conduire à la cassure définitive. La force tranquille a mené à la stagnation, à l’élimination de la gauche du pouvoir pour longtemps et au plus beau score électoral du Front national. Où va conduire la refondation ?
Les amoureux de littérature se souviennent que « Fondation » est le titre d’un des plus beaux cycles de science-fiction. Isaac Asimov imagine qu’un personnage nommé Harry Seldon développe une science nouvelle, la protohistoire, qui permet de calculer les errements de l’histoire future. A sa mort, Seldon prédit la chute de l’empire et l’arrivée de trente mille ans de barbarie, dominés par les marchands. Trente mille ans… Fichu présage pour les malheureux socialistes français qui ont lancé l’idée de refondation, ignorant manifestement le livre d’Asimov. La faute à Jack Lang ? Leur grrrand spécialiste culturel n’a pas eu le temps d’analyser le célèbre roman car il devait d’abord terminer la lecture du programme de S. Royal.
Seldon prévoit deux moyens pour limiter les conséquences des âges de barbarie. Une fondation destinée à préserver les acquis de la civilisation, qui s’appelle Terminus (un nom à déconseiller si le PS veut changer son sigle) Et sa propre réapparition aux grands moments de crises afin d’indiquer à ses successeurs la voie à suivre.
La réapparition de l’homme providentiel en plein milieu de la crise, voilà peut-être une idée pour sortir la gauche de la mouise. Certes, Arlette Laguillier, réapparue régulièrement tous les sept ans, n’a pas fait beaucoup d’effet. Mais observons Bernard Kouchner qui réapparaît à droite quelques jours seulement après avoir sombré à gauche.
Peut-être faut-il se montrer plus audacieux et se servir de personnalités mythiques. C’est ce que Sarkozy a parfaitement compris en faisant réapparaître miraculeusement à ses côtés Jaurès et Léon Blum. Allez, Hollande, tente enfin de nous surprendre ! Songe à Louis XIV, un royal qui a réussi.
Alain Berenboom
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