TROP POLICE POUR ÊTRE HONNÊTE

   Quick et Flupke peuvent-ils s’en réjouir ? Bientôt, l’agent 15 ne passera plus son temps à parcourir les rues de leur quartier en essayant de les coincer. Grâce à la fusion des polices, il sera au four et au moulin, obligé le matin de faire le coup de feu à la station de métro Clémenceau à Anderlecht puis de filer à toutes pompes l’après-midi vers le sud de la ville pour vérifier l’alcoolémie des navetteurs qui retournent vers le Brabant wallon. Amaï ! J’espère qu’on remplacera sa vieille bécane par un vélo électrique ! Mais, il ne faut pas être trop optimiste. Le ministre, M. Quintin (qui a perdu récemment son chien Milou et qui n’aime pas trop Quick et Flupke) se fait fort de mélanger tous les corps de police de la capitale tout en assurant à son premier ministre que mettre tous les flics ensemble dans la même boîte va permettre de solides économies. 

De l’argent qu’on pourra dépenser pour protéger les institutions internationales contre les bombardements des Russes. Ce qui obligera l’agent 15 à suivre quelques cours de recyclage entre deux missions aux quatre coins de la ville.  

Les bourgmestres ne sont pas contents. Ils ont compris ce qui les attend. Un incident sur la place communale ou un voleur maladroit immobilisé par un propriétaire qui l’a pris la main dans le sac. Que devra faire désormais le maïeur. Jusqu’ici, il pouvait simplement crier dans l’escalier : « Jef ! Va un peu voir ce qui se passe devant la maison communale ! Et envoie une voiture de patrouille rue machin pour cueillir le smeirlap qui gigote dans les bras de M. Janssens. »

  Avec la réforme Quintin, fini ce bricolage d’un autre temps. Il devra téléphoner au numéro central de la New Police of Brussels, choisir la langue dans laquelle il veut s’exprimer puis, en appuyant sur 1, 2, 3 etc, indiquer pour quelle raison il dérange le chef suprême des pandores bruxellois. Il sera alors mis en attente en raison du nombre réduit de téléphonistes. Avec, pour l’aider à ronger son frein, les quatre saisons de Vivaldi (le compositeur étant dans le domaine public, l’administration ne doit rien payer à la SABAM. Il pense à tout, le Quintin !) 

Finalement, une voix imitation voix humaine lui demandera de formuler clairement le motif de son appel. Avant de lui répondre que ce stuut est trop compliqué pour elle et lui suggérer d’envoyer un mail via le site parfaitement mis à jour du ministère de l’intérieur où il trouvera à coup sûr la réponse dans la rubrique « la foire aux questions ». 

Si le bourgmestre ne parvient toujours pas à faire venir quelques new pandores dans sa commune, il lui restera à appeler à l’aide les flics de Nivelles ou de Steenokkerzeel ou de faire appel à l’armée. Ce qui fera un peu d’exercice pour les soldats en attendant la prochaine…  

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DONALD 1er, LE ROI VERT

    Lorsqu’il était enfant, le petit Donald Trump a dû jouer au Monopoly comme vous et moi. Si vous vous en souvenez, les pions s’arrêtent dans les principales rues commerçantes du pays, aux gares, à la compagnie des eaux et à la centrale électrique. Ils risquent même la prison. Mais jamais ils ne mènent les joueurs dans le moindre espace vert. Ni parc, ni bois, ni forêt. Seul le plateau du jeu est vert, ce qui est aussi trompeur que la couleur d’emballage de certains produits qui veulent attirer le chaland alors qu’ils ne sont pas bio.  

   Or, comme l’a écrit le psychologue américain F. Dodson « tout se joue avant six ans ». Ce qui explique sans doute que Donald Trump, qui a passé sans difficultés du stade oral au stade anal, n’ait jamais réussi à passer au stade environnemental. D’où son obsession chaque fois qu’il revient au pouvoir à déchirer aussitôt l’Accord de Paris et à considérer l’écologie comme une maladie honteuse qu’il faut combattre avec au moins autant d’énergie que l’égalité entre les citoyens, les règles contre les discriminations et les politiques de diversité et d’inclusion.

    Dans la même veine, si l’on ose dire, il relance l’exploitation du charbon et les forages tous azimuts dans des zones protégées. Et barre l’entrée aux Etats-Unis des produits du reste du monde avec des taxes prohibitives. 

   Paradoxalement, cette rage taxatoire peut faire de Trump le président qui aura le plus œuvré pour la diminution des émissions de CO2, principal responsable du réchauffement climatique. Le commerce international représente environ 30 % des émissions de CO2. La guerre commerciale qu’il a déclenchée aura comme effet une contraction importante du commerce mondial et du transport des biens autour de la planète ainsi que la faillite de nombreuses entreprises industrielles. Ce qui pourrait valoir au 47ème président américain le prochain Prix Goldman (équivalent du Nobel pour l’environnement), ce qui sera un choc pour lui qui rêve plutôt du Nobel de la Paix – un prix qu’il est prêt à partager avec Vladimir Poutine, s’il le faut. 

 Quelques-unes des plus grandes découvertes sont le fruit du hasard. Archimède qui formule son théorème en prenant son bain, la naissance du télégraphe par Oersted tenant à la main un fil de cuivre réuni à une pile de Volta, la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming, résultat de la contamination accidentelle d’une boîte de champignons ou le Viagra qui était étudié pour soigner des affections cardio-vasculaires ou la loi de la gravitation universelle formulée par Newton après avoir reçu une pomme sur le crâne pendant qu’il faisait la sieste sous un pommier. 

  Pourquoi alors s’étonner que le hasard va conduire Donald Trump à devenir un des plus grands héros de l’environnement et un sauveur de la planète ?   

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A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

  Qu’aurait dit le Lapin Blanc qui courait devant Alice au Pays des Merveilles en s’écriant sans cesse « en retard ! en retard ! » si l’Angleterre avait introduit le changement d’heure au temps de Lewis Carroll ? Le Lapin en aurait perdu la tête avant même que la Reine ne la lui fasse couper. 

Non mais ce changement d’heure, quel scandale ! De quel droit nous prive-t-on d’une heure de notre vie ? Et sans indemnité ! 

Donald Trump aurait eu sa place parmi les personnages d’Alice, entre le chapelier fou et la reine de cœur. Il est en train de nous voler nos industries et nos règles démocratiques. Mais il n’a pas (encore) songé à nous voler le temps (chut ! que personne ne lui souffle l’idée !) 

 « Longtemps je me suis couché de bonne heure » écrivait Marcel Proust mais c’était son libre choix. Or, voilà que la loi à présent nous y oblige. Rendez-vous compte de tout ce que vous auriez fait pendant cette heure qu’on nous vole depuis près de cinquante ans, soit deux jours entiers de la vie de ceux qui étaient nés en 1977. 

  Vous auriez pu dormir c’est-à-dire rêver une heure de plus, réciter à votre ami ou amie l’intégralité du sublime poème de Blaise Cendrars « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » : « J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance/ J’étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance/ J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares/ Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours/ Car mon adolescence était si ardente et si folle/ Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche ».

Vous auriez pu visionner « La Jetée » le court film déconcertant et inoubliable de Chris Marker (dont l’ « Armée des douze singes » de Terry Gilliam est un remake parfait mais beaucoup plus long !)

Vous auriez aussi pu pousser la porte d’un café, vous asseoir à une table et découvrir à la table voisine, coup de foudre, la femme ou l’homme de votre vie. 

En une heure, celle qu’on nous a volée, des politiciens moins insensés que ceux que nous avons élus auraient pu constituer un gouvernement pour la Région de Bruxelles et même boire une gueuze grenadine à la Mort subite pour fêter l’événement avant d’en venir aux mains.  Vous auriez aussi pu battre le record du monde de l’heure à vélo de Filippo Ganna. Nous avons été privés de 56, 792 km en une heure. 

D’après un sondage de la Dernière Heure, 7 Belges sur 10 seraient favorables à la suppression du système de changement d’heure, ce que le Parlement européen a voté il y a six ans…

Comme l’écrivait Vaclav Havel : « Le temps politique est un temps différent de celui que nous vivons dans le quotidien ».  

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RIONS UN PEU

    L’humour a tellement évolué ces derniers temps que je ne sais plus très bien quand il faut s’esclaffer et quand il faut se prendre la tête dans les mains. Alphonse Allais, Jonathan Swift, Pierre Desproges, grands satiristes des mœurs et des dérives de leur époque, seraient estomaqués de découvrir ce qui fait rire certains beaux esprits ces jours-ci. 

 Ainsi de cette affiche éditée par les Insoumis en France pour éreinter Cyril Hanouna. On peut   détester le bateleur préféré des chaînes de Vincent Bolloré. De là à le caricaturer en juif maléfique, on se frotte les yeux. La plupart des observateurs et des responsables politiques ont dénoncé ce montage et accusé ses auteurs d’avoir repris l’iconographie des caricatures antisémites des années 1930 et des journaux de l’Allemagne nazie. La France Insoumise vient d’être condamnée par le tribunal de Nanterre. 

  Mais pas par Jean-Luc Mélenchon, leur leader, qui répond à ces critiques en se demandant s’il va falloir « vérifier tout le temps la religion des gens qu’on caricature »…

  Son partenaire, le député Insoumis Paul Vannier, lui, a reconnu « une erreur » qui résulte de ce que ce dessin a été fabriqué par l’IA. Plus précisément par la plateforme Grok, appartenant à Elon Musk. De là, à laisser entendre que le responsable de cette épouvantable caricature produite par son parti est Elon Musk, il n’y a qu’un pas ! 

   Faut-il interdire à l’IA de faire de l’humour ? Comme le disait Raymond Devos, « l’humour est une chose très sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter ». C’est comme un revolver, il vaut mieux ne pas le laisser entre les mains de n’importe qui.   

   Si la classe politique belge échappe jusqu’ici à ces dérapages, ce n’est plus le cas de certains intellectuels du cru. Herman Brusselmans, romancier renommé en Flandre, a souvent pris comme thèmes de ses livres, l’alcool, le sexe et l’ennui. Ce cocktail explique-t-il le dérapage d’une de ses chroniques dans Humo ? A propos de la guerre à Gaza, il a écrit qu’il se sent « tellement enragé que je veux enfoncer un couteau pointu dans la gorge de chaque juif que je rencontre ». 

  Scandale. Polémique. Dont il s’est défendu ainsi que son rédacteur en chef en évoquant sa fonction de satiriste.

   Pardon, mais on ne voit pas très bien où exactement on doit rire en lisant cette phrase glaçante. Ou alors, on s’est complètement trompé à propos de « Mein Kampf ». Hitler l’a écrit pour amuser les foules…  

 Or voilà que le tribunal correctionnel de Gand vient d’acquitter Brusselmans des poursuites pour racisme et négationnisme. Les juges gantois n’ont pas vu dans ses propos d’incitation à la haine ni à la violence contre la communauté juive. 

 Vaut-il mieux en rire ? 

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ORWELL, BACK TO THE FUTURE

    Je croyais à un poisson d’avril avancé de quelques jours. Mais non, l’histoire est vraie. Les marchands de tabac vont être équipés de caméras dites intelligentes qui indiqueront aux buralistes l’âge de leur client.  

Comme ce sont souvent des magasins de journaux, je suppose qu’elles ne seront pas réservées à contrôler la vente des cigarettes. On les programmera également de façon à sélectionner les gazettes en fonction de la personnalité des acheteurs. Un paquet de Marlboro pour Georges-Louis Bouchez, pourquoi pas ? Mais pas question de lui vendre « Libération », trop gaucho, ni le « Matricule des Anges », trop culturel et surtout subventionné par le ministère de la culture. Bart De Wever voudrait acheter « Le Soir ». Horreur ! La caméra affichera un feu rouge. Pour éviter au pauvre homme d’emporter un quotidien qui risque de lui faire beaucoup de mal. Ce n’est pas le moment de le déprimer davantage. 

   Mais pourquoi se limiter aux buralistes ? L’entrée de tous les magasins pourra désormais être contrôlée. Si une dame a été condamnée quelques années plus tôt pour grivèlerie, l’accès lui sera refusé. De même pour un consommateur vegan qui tenterait en cachette de se faufiler dans une boucherie. L’avis qu’affichaient parfois certains établissements « La direction se réserve le droit d’entrée » sera remplacé par « La caméra décide qui a le droit d’entrer ».  

   Il faut voir plus grand encore. Grâce aux caméras intelligentes, le patron saura exactement ce que pense chaque employé de son boulot et de sa gestion. On prétendra évidemment que c’est tout bénéfice pour l’avenir de l’entreprise qui se débarrassera ainsi des mauvais éléments et qui améliorera ses performances avec les travailleurs les plus dévoués. 

  Les dirigeants politiques n’auront plus besoin de longs tête-à-tête pour tâter leurs collègues, adversaires et rivaux. La super-caméra lui soufflera à l’oreille qui sont les bons et qui sont les mauvais. 

Prenez l’exemple de la région de Bruxelles, on n’aura pas perdu neuf mois à tourner en rond en se tirant la barbichette. En quelques minutes, dès le 9 juin dernier, les résultats électoraux à peine connus, la caméra intelligente aura fait le constat que personne ne parviendra jamais à constituer un gouvernement avec la bande d’hurluberlus censés se mettre autour de la table. D’ailleurs, la caméra intelligente rend inutile le processus électoral lui-même. Elle sait d’avance ce que chaque citoyen va voter. Donc, inutile de lui gâcher son dimanche à faire la file. Elle affichera le résultat des élections sans perdre de temps et beaucoup d’argent à les organiser. 

    Ne relisez pas « 1984 », le génial roman de George Orwell. Vous en êtes devenu le héros…

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ABRACADABRA

   Pour sceller le sort des universités, le président Trump a été aussi vite et presqu’aussi fort qu’à l’égard de l’Ukraine en suspendant l’attribution d’une grande partie des fonds fédéraux aux plus prestigieux établissements du pays sous des prétextes tout aussi fumeux que ses discours.

Sont visées d’abord les études sur la santé, le climat ou des projets associés aux programmes de diversité, d’équité et d’inclusion. Mais le reste suivra : le président signera par décret la suppression de l’enseignement du droit si les tribunaux fédéraux s’obstinent à déclarer ses ukases illégaux. Pourquoi encore fabriquer des juges et des avocats qui ne comprennent rien à la geste trumpienne ? Laissons l’intelligence artificielle mitonnée par son bouffon, Elon Musk, pondre désormais les jugements. 

Puis il effacera l’histoire car les profs ne parlent que du passé au lieu d’expliquer que le pays vit le moment le plus important de son histoire sous la direction du plus génial dirigeant que le monde a jamais connu. De plus, les historiens ne racontent que des craques : les nazis auraient attaqué les démocraties occidentales, l’Italie aurait été dirigé par une clique de fascistes, le président Poutine aurait dévitalisé toutes les institutions démocratiques mises en place à la chute de l’URSS et fait tuer ses opposants, les Amérindiens auraient été massacrés par des bandes d’immigrés venus peupler les Etats-Unis… Que des bobards débités par des nullards gauchistes. A la porte, bande de provocateurs ! Avec tous les fonctionnaires fédéraux ! Eux aussi remplacés par l’IA. Dieu, que c’est reposant de ne plus croiser un seul être humain dans les couloirs des bâtiments de l’administration ! Tout sera automatique de la naissance à la mort. D’ailleurs, pourquoi encore des êtres humains, je veux dire d’autres êtres vivants que Trump et son fidèle entourage ? 

  L’explosion régulière des fusées de l’entreprise Musk devrait pourtant emmener ce brave homme à s’interroger sur la qualité de ses dispositifs. Il devrait s’empresser d’engager quelques spécialistes pour sauver son business spatial avant qu’ils ne disparaissent dans la nature, licenciés faute de budget. Le départ programmé des Terriens vers Mars est mal parti…  

En cas de nouvelle pandémie aux Etats-Unis, on ne sait trop ce qui va se passer. Près de 10% des agents de la NIH, la principale agence américaine chargée de la recherche biomédicale et de la santé publique, ont déjà été licenciés. Et le ministre de la santé, Robert Kennedy Jr, est connu pour ses informations mensongères sur les vaccins, le covid, etc. Qui pourra encore soigner les Américains ? Reste peut-être quelques sorciers guérisseurs dans les tribus indiennes. On espère qu’ils réussissent à retrouver les remèdes traditionnels qui permettaient de combattre la sorcellerie puisqu’elle a l’air de frapper la classe dirigeante du pays…

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ÊTRE HUMAIN, ÊTRE OTAGE

Avec le temps de la guerre, vient le temps des otages. Des civils, des quidams, vous et moi, peuvent brusquement, brutalement devenir otages par le caprice de ces dictateurs qui se sont multipliés tout autour de la planète. Et qui prennent les êtres humains pour de simples pions dans leurs parties d’échecs. Comme au moyen âge. L’Histoire patine méchamment…

  Il y a Poutine s’emparant d’enfants ukrainiens, ce qui lui vaut un mandat d’arrêt international par la CPI depuis mars 2023. Est-ce cela empêchera Trump de lui serrer la pince et plus car affinités ?

Il y a le gouvernement iranien emprisonnant les Occidentaux qui passent à sa portée comme Olivier Vandecasteele condamné à quarante ans de prison pour servir de monnaie d’échange afin de récupérer un criminel que les Iraniens avaient envoyé dans nos contrées. Il reste encore à Téhéran notamment trois Français, Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau (accusés évidemment d’espionnage) et tant d’otages iraniens qui ont le tort d’être des hommes et des femmes libres, telle l’avocate Nasrin Sotoudeh condamnée à 38 ans de prison et 148 coups de fouet. Rien de tel que le fouet pour mater une femme qui agite des idées sous son foulard. 

Non loin de là, les terroristes du Hamas se sont emparés lors du raid du 7 octobre 2023 de deux cent cinquante Israéliens dont beaucoup de civils, enfants, femmes, vieillards. Tous ces êtres vivants à l’époque sont devenus de simples objets entre leurs mains pour monnayer leurs revendications. Même le corps des s otages morts depuis leur enlèvement ne sont restitués que moyennant une contrepartie. Glaçant.

Dans un pays qui n’est pas en guerre, l’Algérie, on se lance aussi dans ce marché odieux pour tenter de maintenir l’ordre imposé à la population qui avait tenté dans un grand mouvement populaire, l’Hirak, en 2019, de se débarrasser du régime autoritaire et militaire qui enserre le pays depuis son indépendance. Depuis, les manifestants civils ont été matés par les militaires éternellement au pouvoir et leurs affidés. Voilà que le régime s’est lancé à son tour dans la politique de la prise d’otage. En arrêtant et en emprisonnant l’une de ses plus belles plumes, Boualem Samsal. Pour faire taire la voix de ce grand écrivain à la fois poétique et engagé. 

  Dans son roman « Dis-moi le paradis », il dresse un portrait au picrate de l’Algérie post-coloniale, de la corruption et du danger de l’islamisme qui menace l’âme de son pays. Dans « le Village de l’Allemand », à travers le portrait d’un SS qui s’est mis après la guerre au service de l’Armée de Libération algérienne, il fait un parallèle entre islamisme et nazisme. 

Comme il l’écrit dans « La Fin du Monde »: « La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n’est plus fort qu’elle pour faire détester l’homme et haïr l’humanité. » Honte à ses geôliers.

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LE CHOC DES TITANS 2.0

   L’Union a vaincu Anderlecht. Il y a peu d’années encore, on se serait frotté les yeux. Mais à présent, le choc des titans c’est ça : l’Union contre Anderlecht, rappelant l’époque mythique où les Saint Gillois se battaient contre le Daring. Combat au sommet immortalisé peu avant la guerre dans « Bossemans et Coppenolle », la pièce de Paul Van Stalle et Joris d’Hanswyck, immortalisée à l’écran par Gaston Schoukens. Amaï !! 

   L’Union a battu Anderlecht. Il y a donc moyen de régler ses comptes à Bruxelles, de se mettre d’accord puis de faire la fête. Plutôt que de jeter l’éponge comme l’éternel formateur David Leisterh en disant discrètement, sans même s’expliquer devant les citoyens, qu’il se retire sur ses terres boitsfortoises, à un jet de pierre de la forest de Soignes, dans laquelle il peut s’empresser de disparaître si les socialistes viennent rugir sous ses fenêtres… Och’erme !

   L’Union s’est joué d’Anderlecht. Comme devraient le faire les informateurs succédant au formateur disparu en espérant qu’on puisse éviter la vieille panoplie d’intermédiaires, conciliateur, médiateur, raccommodeur, chiropracteur et autre chipoteur. Leisterh, vainqueur des élections mais incapable de transformer l’essai, Laaouej seul rescapé socialiste francophone mais paralysé à l’idée de gouverner en coalition sans être le leader màximo. Les écologistes boudent d’être mal aimés, Défi recompte désespérément ses électeurs. Comme le dit avec sagesse Pitje Schramouille dans une de ses fables : « Quansqu’on veuïe   yet’ trop malin et mett’ les autt’ dedans hein, ha bien on est soi même souvent vu ». 

   A l’Union comme à Anderlecht, on est bilingue, monsieur, et même plus, on cause ossi brusseleir. On n’a pas besoin d’établir des quotas entre francophones et flamands ni chez les joueurs ni chez les supporters. On forme une seule équipe et on chante les mêmes chansons même quand on perd ! 

Pardon, chers amis francophones, mais les flamands de Bruxelles vous ont donné un bel exemple. Une chef de file Ecolo a pu assez rapidement se mettre d’accord avec des forces tout aussi antagonistes que chez les francophones, socialistes, libéraux et conservateurs, parce qu’il s’agit de sauver cette pauvre ville du désastre, de la mal-gouvernance, des dettes et de la tentation des deux autres régions de la gérer selon leurs intérêts. Tout en écartant ces poisons, l’extrême droite du Vlaams Belang et le communautarisme démagogique de la liste Fouad Ahidar. Bande de snotneus ! Ravalez votre morgue une fois, les franskiljlons ! Pitje Schramouille nous donne une ôt’ leçon de sagesse : « Te faut pas fair’ trop d’l’embarras/car on a très souvent/In plis petit que swai/Busoin ». 

. Allez, bande de zievereirs !  

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BRUXELLES, MA BELLE ?

  C’est à se demander s’il n’y a plus que les dealers qui aiment Bruxelles au point de se battre à coup de kalachnikov pour y rester ! Il faut leur reconnaître beaucoup plus d’attachement à notre ville que les politiciens du cru qui sont cuits, brûlés même après avoir déposé les armes. 

N’y a-t-il donc personne pour gouverner la capitale de l‘Europe, accessoirement de notre charmant royaume ? En politique, il y a toujours une solution. Plus elle est absurde, mieux elle fonctionne. Il n’est que d’admirer la construction du gouvernement Arizona qui allie la droite séparatiste flamande aux unitaristes belgicains wallons sous le regard des socialistes de Flandre. 

Voici quelques suggestions pour que ces pauvres David Leisterh et Ahmed Laaouej cessent d’errer comme des poules sans tête. 

Pourquoi ne pas tenter la jachère ? Un procédé classique en agriculture, qui consiste à laisser la terre se reposer pendant quelques années. Après, les plantes repoussent plus vivaces que jamais. 

Appliqué à la région, ce procédé aura pour conséquence d’arrêter tout, projets d’infrastructure, subventions, transports, engagements de personnel, etc. Le temps de laisser la nature reprendre possession de la ville, des rues, des maisons. Dans quatre ans, vous verrez avec quelle énergie, les citoyens se précipiteront aux urnes pour choisir enfin des dirigeants responsables. 

Actons la démission des politiciens bruxellois, plus prêts à cultiver leur ego que notre capitale. Laissons-les se retirer sur leurs terres. Et confions l’exécutif bruxellois à l’Union européenne. L’Europe a intérêt à sauver sa capitale. 

Les vingt-sept chefs d’état se partageront les portefeuilles. Le chancelier allemand au bien-être animal, Macron à l’environnement, Orban à la protection du patrimoine. Problème : la Région n’a droit qu’à cinq ministres. Mais on peut y ajouter des secrétaires d’état. Cependant, cette suggestion se heurte un gros obstacle. Sur cinq excellences, deux doivent être flamandes. Sauf à pousser Orban et Macron à se mettre au néerlandais, voilà un vrai casse-tête.   

Pourquoi ne pas alors faire appel à Trump ? Les gouvernements danois, groenlandais, canadiens, panaméens s’opposent à ses rêves d’étendre son empire. Mais le gouvernement bruxellois étant aux abonnés absents, personne ne l’empêchera de faire de Bruxelles sa seconde capitale. District of Brussels. Lui qui a qualifié notre ville de « trous à rats » voudra investir massivement pour en faire sa vitrine. Peut-être aussi qu’il l’offrira comme jouet à Elon Musk. 

On voit d’ici comme Elon va s’amuser. Après l’envoi de tous les parlementaires et fonctionnaires sur Mars, il expérimentera sur le reste de la population ses procédés d’implants dans le cerveau. De quoi s’assurer qu’aux prochaines élections régionales, il n’y aura plus qu’un seul gagnant, le Vlaams Belang. 

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SECRET D’ALCÔVE

   J’ai commencé l’écriture de mon nouveau roman en juin dernier, sacrée coïncidence le jour où Bart De Wever a lui aussi ouvert son cahier Atoma pour entamer l’écriture du récit de la législature qui va le faire entrer dans l’Histoire. 

  Il a terminé son travail bien avant moi, le dernier jour de janvier alors que moi, je n’en vois pas encore l’issue. Bravo ! Ce qui me rend très indulgent sur la qualité finale de son œuvre. Mais je reconnais aux derniers rebondissements, aux coups de gueule des ultimes nuits fiévreuses où l’on avait du mal à inscrire le mot « fin », la main d’un véritable auteur de fiction. Son texte offre un fil rouge apparent mais aussi plusieurs intrigues entremêlées, des sous-intrigues secrètes, des rebondissements inattendus qui ne demandent qu’à exploser à la face du lecteur. 

On ne pourra apprécier la qualité de l’ouvrage qu’en découvrant le dénouement. C’est la règle d’un vrai thriller. Or, on ne le connaîtra que dans cinq ans. En attendant, le lecteur ne peut que spéculer sur les différentes voies qui vont y mener au climax libérateur. 

On le sait, le diable est dans les détails. Or, en 236 jours, il n’y a que Simenon qui pouvait boucler une affaire parfaite. Mais il était seul maître à bord et avait déjà une liste de repères et d’automatismes. Alors que Bart De Wever s’est cru malin de faire intervenir des co-auteurs. Et de laisser, comme Alexandre Dumas, à cette équipe de « ghost writers » le soin de peaufiner des intrigues parallèles, des développements secondaires et quelques figurants. Qu’il ne s’étonne pas alors que son bazar ne tienne pas tout à fait ensemble. 

Sans doute Bart a-t-il mal distribué le rôle de ses co-auteurs. Ainsi, le chapitre Plus-value, quelle idée lui a pris de le confier à Conner Rousseau ! Il fallait le laisser à Maxime Prévôt. Formé par l’Institut Saint Berthuin de Malonne (porté sur les fonds baptismaux par les évêques de Namur et de Liège) frère Maxime aurait réussi à faire passer tout et son contraire sans vagues selon une vieille tradition social-chrétienne. Tandis que Conner Rousseau, avec ses manières brutales et son langage de charretier, il aurait dû écrire le chapitre Immigration où il se serait montré encore plus efficace que Donald Trump.

Puisqu’il a choisi comme maître Alexandre Dumas et son team (il n’y a pas mieux quand on veut produire du feuilleton), qu’il fasse attention où il met les pieds. Au train où ça va, Bart n’est pas encore prêt à écrire « Vingt ans après ». Quinze jours après serait un titre plus approprié pour décrire les dernières péripéties de ses héros. 

Et surtout qu’il se garde d’utiliser la devise des mousquetaires « un pour tous, tous pour un ». « Sauve qui peut et chacun pour soi » paraît plus approprié…

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